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Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns

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Message par Ligeia Dim 28 Juin - 12:50

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Servitude et désobéissance


Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns, Chapitre X


Toujours à propos du verset : « J’ai créé les jinns et les hommes uniquement pour qu’ils M’adorent », Ibn Arabî écrit (46) :

« Allah a créé les anges et tous les êtres qui font partie du monde uniquement pour qu’ils "célèbrent Sa transcendance par Sa propre louange" (Cor., 77, 44) ; mais II n’a mentionné dans ce verset que les deux catégories d’êtres lourds (thaqalayn). Il n’a expressément assigné la servitude (47) qu’à eux seuls ; Il ne les a pas créés "abaissés". Les hommes ont été créé pour qu’ils "adorent", c’est-à-dire pour qu’ils s’abaissent devant Dieu, à la différence des autres créatures qu’il a créées "abaissées" dès l’origine » (48).
C’est pourquoi les anges déclarent à leur propre sujet : « Il n’est aucun d’entre nous qui ne détienne une station  (49) connue » (Cor., 37, 164).
En effet, « cette déclaration vaut pour tous les êtres existenciés, à la seule exception des hommes et des jinns.  

46 – Futûhât, chap. 47 ; vol. 4, p. 202 de l’éd. O.  Yahya.
47 - Le vocable ‘abd désigne en arabe à la fois l'adorateur et le serviteur.
48 - De sorte qu’elles célèbrent spontanément Sa transcendance.
49 - Maqâm. Le terme désigne un « état » fixe et permanent, par opposition à hâl (état passager et éphémère).


Les "stations" de ceux-ci sont connues par Dieu et déterminées auprès de Lui, mais elles leur demeurent cachées. C’est leur dernier souffle qui fixe leur "station connue". Ils ne la rejoignent qu’au moment de la mort. Ils sont donc appelés à se mouvoir en répondant, soit à l’appel de la loi sacrée, soit à l’ordre divin existenciateur (irâda) qu’ils ne peuvent connaître (pour ce qui les concerne) tant qu’il n’est pas devenu effectif. Tout être d’entre les hommes et les jinns aboutit à la "station connue" pour laquelle il a été créé : certains sont bienheureux et les autres damnés... Aucune autre créature n’est appelée à se mouvoir vers une station, car elle l’occupe dès l’origine : les anges, les animaux, les végétaux, les minéraux sont nécessairement "bienheureux auprès d’Allah", la damnation ne peut les atteindre. » (50)

La distinction entre les hommes, les anges et les jinns se comprend aussi à ce point de vue. Au moment de la création de l’homme, le Très-Haut ordonne aux anges et aux jinns de se prosterner devant celui qu’il a créé selon Sa forme. Les anges à qui ce commandement s’adresse appartiennent à l’ordre « naturel » mais, à la différence des hommes et des jinns, ils ne peuvent désobéir à Dieu et sont « nécessairement bienheureux » ; c’est le verset : « Ils ne désobéissent pas à Allah en ce qu’II leur ordonne et accomplissent ce qui leur a été commandé » (Cor., 66, 6). En revanche, bien que chacun d’eux détienne une « station connue », les anges peuvent s’élever en science.

50 - Ibid., p. 147-148.

S’ils réagissent à l’ordre divin en disant : « Vas-tu établir sur la terre quelqu’un qui va y semer la corruption, alors que nous, nous proclamons Ta sainteté ? », c’est parce qu’ils ignorent l’excellence d’Adam.
Ils ignorent également les noms des êtres, qu’ils sont contraints d’apprendre de lui. Ils ne peuvent s’élever au moyen de leurs œuvres, mais bien croître en science, ce qui est une situation comparable à celle des hommes dans la vie future quand ceux-ci auront atteint leur « station connue ».

Les jinns peuvent désobéir comme les hommes. Quand ils reçoivent l’ordre divin de se prosterner, qui les concernait aussi bien que les anges, ils refusent de s’y conformer. Toutefois, ils s’enorgueillissent uniquement à l'égard des hommes - et cela parce qu’ils sont faits de feu - et non à l’égard d’Allah.
Selon Ibn Arabî : « L’éclat du feu est celui qui se rapproche le plus de celui de la lumière et la Lumière (an-nûr) est un des noms d’Allâh ; en revanche, l’argile (dont l’homme est fait) est pures ténèbres. La parole d’Iblîs : "Je suis meilleur que lui : Tu m’as créé de feu et Tu l’as créé d’argile" signifie en réalité : "Je suis plus près de Toi que celui que Tu as créé d’argile". Iblîs ignorait la nature primordiale (fitrat Allâhî) selon laquelle Allah avait créé Adam en le façonnant de Ses deux mains de manière parfaite, et qu’Adam avait été créé ainsi selon la Forme divine. » (51).

51 - Futûhât, chap. 319.

Sa désobéissance est donc uniquement extérieure et formelle. Intérieurement, Iblîs demeure soumis et dans la crainte d’Allâh, car Il dit à l’homme : sois mécréant ! Mais quand l’homme le devient, il ajoute ; quant à moi, je crains Allah, le Seigneur des mondes ». (Cor., 59, 16) (52).
Dans notre état d’existence, l’homme est la seule créature créée selon la Forme divine. Placé à l’extrémité la plus inférieure de la manifestation, c’est lui qui reflète directement le point le plus élevé. C’est dans son abaissement que réside son excellence.
La réalisation métaphysique en islâm repose tout entière sur cette vérité essentielle (haqîqa). L’homme peut désobéir comme les jinns, mais, du fait de son excellence, il est seul à s’enorgueillir contre Dieu. C’est la parole de Pharaon : « Je suis votre seigneur suprême » (Cor., 79, 24) que le Cheikh al-Akbar commente en disant : « Il a prétendu ainsi à la divinité, ce qu’aucun jinn n’a jamais fait ». (53) II est significatif que cette prétention extrême ait été émise par le Maître de l’Egypte où les sciences relatives au monde intermédiaire, y compris la magie, étaient prépondérantes.

52 Sur tout ceci, cf Les sept Etendards du Califat, chap. XXVI et XXXI.
53 Futûhât, ibid.



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Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns Empty L’ignorance d’Iblîs

Message par Ligeia Jeu 2 Juil - 12:44

Ce livre de M. Gilis n'est pas disponible sur Internet ; c'est donc une recopie du chapitre que j'ai faite du chapitre pour le partager ici.

Je ne saurais que trop vous recommander de le lire. Vous pouvez vous procurer l'ouvrage papier ici :
https://www.leturbannoir.com/produit/apercus-sur-la-doctrine-akbarienne-des-jinns-suivi-de-lhomme-fut-serpent-autrefois/

En complément sur la création et l'origine des Jinns :
La chronique de Tabari mentionne également Hâreth (Hârith) comme le nom d'Iblîs avant qu'il ne se révolte. Tout comme Lucifer est devenu Satan...  

"Qui possédait ce monde avant Adam ?"
https://lagrandeparodie.forumactif.com/t1271-chronique-de-tabari-tome-1#7547


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Chapitre XI : L’ignorance d’Iblîs


Lorsque le Très-Haut ordonne à Iblîs de se prosterner devant Adam, il répond : « Je suis meilleur que lui » et s’explique en disant ; « Tu m’as créé de feu et Tu l’as créé d’argile ». Selon le Cheikh al-Akbar (54) « il réunit ainsi l’ignorance et le mensonge (55) car il n’était meilleur que lui, ni auprès d’Allâh, ni dans sa constitution. De plus, il établit une préférence parmi les (quatre) éléments, alors qu’une telle préférence n’existe pas au sein des réalités principielles (haqâ’iq) ».
S’il est vrai que les éléments sont en principe équivalents, tout comme les races humaines qui leur correspondent, il n’en demeure pas moins que des préférences et des excellences existent au sein de la manifestation et qu’elles sont voulues par Dieu ; mais elles ne sont pas nécessaires : leurs statuts peuvent varier selon les perspectives doctrinales et initiatiques, ou encore par l’effet de modifications d’ordre cyclique. Du reste, Ibn Arabi explique également l’ignorance d’Iblîs par le fait que « le secret présent dans la force de l’eau lui était demeuré caché ».

54 Ibid. chap. 198, section 36.
55 Il écrit aussi: "l’ignorance et l’inconvenance (sû’al-adab)" ; ibid, chap. 2, p. 288 de l’éd. O. Yahya.


Voici l’ensemble de son commentaire sur ce sujet :


  • « Lorsque la constitution des jinns fut achevée l’Esprit qui fait partie du monde du Commandement (divin) se tourna vers elle et lui insuffla un esprit (particulier) qui mit la vie en elle. Alors elle commença à parler pour célébrer la louange de Celui qui l’avait existencié, en vertu de cette disposition naturelle. Cependant, il y avait également en elle une disposition hautaine et arrogante dont elle ignorait la cause et qui ne pouvait s’exercer sur personne.
    En effet il n’y avait, à part les jinns, aucune autre créature appartenant au monde élémentaire. Ceux-ci demeuraient donc dans l’adoration de leur Seigneur et, en dépit de leur arrogance, dans l’humilité à l’égard de la seigneurie qui revenait à leur Existenciateur. Il en fut ainsi jusqu’à la création d’Adam. Lorsqu’ils virent sa forme, l’un d’eux, qui se nommait Hârith, fut envahi par la haine et son visage se noircit.
    Les autres s’en rendirent compte et le blâmèrent en voyant la tristesse et l’affliction que la vision d'Adam lui causait. Ensuite, quand son Créateur lui ordonna de se prosterner devant Adam, Hârith fit paraître au dehors sa disposition intérieure et refusa d’obéir. Il le prit de haut à l’égard d’Adam en tirant orgueil de sa constitution et avantage de son origine. Le secret présent dans la force de l’eau lui demeura caché, alors qu’Allah avait fait "à partir de l’eau toute chose vivante" (Cor. 21, 30). C’est d’elle aussi que procédait la vie des jinns, mais ceux-ci ne s’en rendaient pas compte. »



Ce texte confirme que la création des jinns a précédé dans le temps celle des hommes ; mais il montre surtout qu’il faut se garder soigneusement de confondre les jinns avec les démons, car cette appellation s’applique uniquement aux jinns rebelles, c’est-à-dire à Hârith et à sa descendance. Le terme arabe correspondant est shaytân (pluriel : shayâtîn) qu’Ibn Arabî comprend dans le sens de « éloigné de la miséricorde d’Allah ».
Il écrit à ce propos :


  • « Le premier jinn qui fut appelé « shaytân » est Hârith. Allah l’a rejeté (ablasa-hu), c’est-à-dire qu’il l'a exclu de Sa miséricorde et qu’il a exclu la miséricorde de lui. L’ensemble des démons (shayâtîn) est issu de lui ».


On remarque que le verbe ablasa est de la même racine qu’Iblîs. Il s’agit en réalité du même être, car le Cheikh dit d’Iblîs qu’il fut le premier réprouvé (shaqî) d’entre les jinns. Iblîs est le nom qui indique la nature véritable de Hârith.
Tous les jinns ne sont donc pas des shayâtîn ; et tous les shayâtîn ne sont pas non plus des jinns, car ce terme est appliqué, dans un verset coranique, à la fois aux hommes et aux jinns :
« De même, Nous avons fait pour tout prophète des ennemis, shayâtîn hommes et jinns » (Cor., 6, 112).

Dans la dernière sourate, la « prise de refuge » est faite « contre l’insufflateur diabolique, d’entre les jinns et les hommes » (Cor., 1 14, 4 et 6).
Selon Qâchânî, « les insufflateurs sataniques sont de deux espèces : les jinns, qui appartiennent au domaine subtil, et les hommes qui appartiennent au domaine sensible ».
L’Antéchrist ne sera pas un jinn, mais un homme. Inversement, lorsque les shayâtîn sont désignés, comme c’est souvent le cas dans la tradition islamique, au moyen du terme jinn, il convient de garder à l’esprit les limites de cette assimilation ; en particulier dans les contextes où il est question des deux « compagnons » (qarîn) (56) qui entourent tout homme à sa droite et à sa gauche, un qui lui inspire le bien, l’autre qui l’incite au mal. Le premier est considéré comme un ange et le second comme un jinn pour une raison qui a été exposée plus haut, à savoir que les anges appartiennent au domaine de la manifestation supra-individuelle de sorte qu’ils ne peuvent ni désobéir ni inciter à la désobéissance, alors que les jinns peuvent désobéir comme les hommes puisqu’ils font partie du même état individuel.
Toutefois, il faut préciser que les jinns qui induisent les hommes en tentation et qui les poussent à la désobéissance sont uniquement ceux qui ont eux-mêmes désobéi. Les autres sont demeurés croyants et constants dans l’adoration de leur Seigneur.

Enfin on relèvera, dans le texte cité, qu’Ibn Arabi décrit le fait que le visage de Hârith se rembrunit ou se noircit en employant le terme tajahamma , qui est de la même racine que jahannama (la Géhenne).
Il précise à ce propos : « La Géhenne est appelée ainsi à cause de sa hideur (jahâma), car elle est horrible à voir. La miséricorde en a été retirée, tout comme la pluie (ghayth) qui est la miséricorde d’Allâh : lorsqu’elle est tombée, le nuage (sahâb) est appelé jahâm (qui est également de la même racine que jahannama), car il n’y a plus de miséricorde en lui ».
La signification initiatique de ce passage est évidente : l’enfer s’inscrit sur le visage de Hârith parce qu’il refuse de reconnaître la perfection de l’homme créé selon la Forme divine.

56 Cf. Cor., 50, 23 et 27.


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Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns Empty Complément d'information sur les Jinns de la Halte 248 - Émir Abdelkader

Message par Sowl Mar 11 Aoû - 21:00

Salam

Je reproduis ci-dessous le chapitre consacré aux Jinns de la Halte 248 du Kitab al-Mawakif de l’Émir Abdelkader. Cette Halte, qui constitue en elle-même un volume, est intitulée « La quête de celui qui cherche à connaître la hiérarchie de la Théophanie dans l’universalité de Ses degrés ». La section sur les Jinns m’a semblé être d’un certain intérêt pour le forum.
À son habitude, l’Émir reprend et synthétise les enseignements d’Ibn Arabi et y ajoute sa clarté et sa petite touche personnelle habituelles.

Traduction et annotation par Jean-François Houberdon

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Les Jinns (1)

Après les animaux, Allâh créa les jinns à partir d’une matière faite « d’un mélange de feu » (Cor. 55, 14). Le terme mârij signifie ici mélange ou entrelacement. Par exemple, en arabe, le pré se dit marj, parce qu’il est formé d’un mélange d’herbes entremêlées. On dit aussi : « Il a emmêlé telle affaire des hommes », pour dire qu’il l’a embrouillée ou rendue confuse (2). Les jinns sont donc créés d’un feu composé avec l’humidité de l’air, dont les flammes sont dues à sa combustion (3). C’est de cette constitution complexe qu’Allâh a créé le jinn, qui est un être de qualité élémentaire composée des quatre Éléments de la Nature, mais en qui prédominent le feu et l’air, d’où sa relation particulière avec le feu. De même, Adam, le père de l’humanité, est lui aussi composé de tous les Éléments, mais c’est de la terre mélangée à l’eau qui est prédominante chez lui, d’où sa relation naturelle avec la terre (4).

(1) La majeure partie des données de ce chapitre provient des chapitres 9 et 198 des Futûhât. Le premier est intitulé « De la connaissance de l’existence des esprits faits de feu mélangé », le second est la 36e section consacré au degré des jinns. Les Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns de C.-A. Gilis (Albouraq, 2005) contiennent également d’autres références d’Ibn ‘Arabi sur le sujet. À part le mot génie, qui n’a pas de rapport direct avec l’arabe, il n’existe pas de traduction précise du mot jinn, qui vient de la racine j.n.n. signifiant « être caché aux regards ».

(2) Dans toutes ces expressions, le mot arabe vient de la même racine m.r.j., dont le sens principal est celui de désordre, confusion et tumulte.

(3) Conformément à un autre sens de m.r.j., il est aussi précisé qu’il s’agit d’un feu pur et sans fumée

(4) Ibn ‘Arabi précise, conformément au Coran (55, 14-15), que la nature des jinns est le feu, et celle de l’homme, l’argile tîn.


Par son côté élémentaire, le jinn a une face tournée vers l’homme, et par son côté subtil, une autre tournée vers l’ange (5), ce qui le voile à nos regards et lui permet de revêtir diverses constitutions formelles. C’est aussi pour cela qu’il peut circuler réellement à l’intérieur du fils d’Adam comme le sang. Il pénètre en lui jusqu’à atteindre le cœur, comme il est mentionné dans les traditions authentiques, et ceci même s’il n’en a pas conscience (6). Mais sans les données de la Révélation relatives aux suggestions de jinns dans le cœur des hommes (7), seuls les gens de dévoilement spirituel pourraient le savoir.

(5) Comme R. Guénon, le Cheikh al-Akbar insiste à diverses reprises sur cette nature intermédiaire des êtres du monde subtil. Il indique aussi qu’elle peut signifier « l’intérieur caché de l’homme », autrement dit sa modalité subtile, par opposition à sa modalité corporelle.

(6) Allusion aux hadiths : « En vérité les anges forment une troupe, et les démons eux aussi forment une troupe dans le cœur » et « le shaytan circule parmi les fils d’Adam comme le sang [dans les veines] ». La relation entre le monde subtil, le feu et le sang a aussi été indiquée par R. Guénon à plusieurs reprises (notamment dans l’Homme et son devenir, ch. 13).

(7) Allusion au Coran, 114, 5.


Leur mode de reproduction, qui chez l’homme s’effectue par l’accouplement physique, se fait par insufflation de l’air du mâle dans la femelle, et leur descendance appartient au genre des jinns. Cet accouplement se réalise par l’ « enroulement » mutuel des deux partenaires, comme les volutes de fumée qui s’interpénètrent dans le four du potier. C’est ainsi que le mâle et la femelle prennent leur plaisir, et leur éjaculation produit un souffle dont l’odeur est semblable à celle de la semence du palmier.

Ils se nourrissent uniquement des odeurs qu’ils respirent. Un des hommes de dévoilement spirituel a dit avoir vu un jinn se diriger vers un os pour le sentir. C’est ainsi qu’ils se nourrissent, conformément à ce qui est mentionné dans la tradition prophétique selon laquelle Dieu a fait de l’os une nourriture pour les jinns [Note de Sowl : ces remarques, qui semblent anodines, sont d’un grand intérêt lorsque l’on considère l’importance qu’ont les os et aussi le sang dans plusieurs pratiques « contre-initiatiques ». J’espère pouvoir revenir sur ce point dans un post ultérieur.] Et effectivement, selon ce témoin, la substance de l’os ne diminuait pas. Le jinn, qui comme l’ange est une entité spirituelle, se distingue de lui par son besoin de nourriture. Par contre, Allâh n’a pas créé pour le premier jinn une femelle tirée de lui, comme Ève pour Adam, mais le dota seulement d’un organe féminin, si bien qu’une partie de lui-même s’accoupla avec l’autre. Mais, comme Adam, il engendra des mâles et des femelles.

Pour notre maître Muhy-d-Dîn, la création des jinns précède de soixante mille ans celle de l’homme, selon notre comput terrestre. Ils sont répartis en douze tribus, elles-mêmes subdivisées en sections, factions et détachements, qui se livrent des guerres au cours desquelles ils s’entretuent.

Al-Harîth qu’Allâh appela aussi Iblîs, n’est pas le père originel des jinns, comme Adam pour les hommes, ainsi que beaucoup se l’imaginent à tort, mais seulement l’un d’entre eux. Le Très-Haut a dit : « …ils se prosternèrent à l’exception d’Iblîs qui faisait partie des jinns » (Cor. 18, 50), c’est-à-dire de l’espèce des jinns. Al-Harîth fut, à l’instar de Caïn chez les hommes, le premier jinn réprouvé.

Comme chez les hommes, certains jinns sont obéissants, d’autres désobéissants ; les premiers sont bienheureux, les autres malheureux. Allâh les a fait parler en ces termes dans le Livre : « Certains d’entre nous sont vertueux, mais d’autres ne le sont pas », et : « Il y a parmi nous des soumis et des rebelles » ( Cor. 72, 11 et 14). Les démons (shayatîn) sont les réprouvés, le terme de jinns étant réservé en général aux bienheureux. Le premier jinn qui appelé « shaytân » fut Harîth, qu’Allâh rejeta et rendit désespéré (8 ) en l’excluant de Sa Miséricorde et en rejetant la miséricorde de lui (9). C’est de lui qu’est issu l’ensemble des démons (10).

(8 ) Ablasa-hu, d’où est tiré le nom d’Iblîs.

(9) Ces divers noms sont des désignations d’entités qui indiquent la nature véritable des fonctions de l’adversaire de l’Unité principielle à ce degré de l’Existence. Ils se ramènent à des aspects du principe d’individuation négative de l’être, et représentent la puissance d’illusion conduisant l’être individuel à affirmer sa propre autonomie et à se rebeller contre son Principe. Al-Harîth, littéralement « celui qui excite au feu », fut appelé Iblîs, « celui qui est banni et désespère » après sa révolte. Ash-Shaytân, Satan, le « révolté qui empêche d’aller dans la bonne direction » parce qu’il est « éloigné de la Miséricorde divine » est l’ « Adversaire » de l’unité. Il est le Diable (dia-bolos, de dia-bolon), « celui qui divise » cette conscience unitive en la rejetant, l’antithèse du sum-bolon, ce qui au contraire cherche à la réunifier en reconstituant l’unité ou la totalité originelle.

(10) À partir de l’exégèse des versets coraniques relatifs à l’évènement de la révolte d’Iblîs conséquente à son refus de reconnaître la supériorité d’Adam, le Cheikh al-Akbar développe des considérations concernant la constitution de l’être adamique ; basées sur une doctrine hermétique des Éléments, elles mettent en application les données précédentes sur ce thème. Dans cette perspective du plan divin ignoré d’Iblîs, le Feu et l’Air sont envisagés sous leur aspect négatif (orgueil, domination et désobéissance pour le premier, instabilité et confusion intellectuelle pour le second), l’Eau et la Terre, sous leur aspect positif (force et réceptivité pour le premier, stabilité et humilité pour le second). C’est l’ignorance de la nature de cette constitution et du pouvoir de ces Éléments qui a conduit Iblîs à penser qu’il était « meilleur que lui. Tu m’as créé de feu et Tu l’as créé d’argile » (Cor. 38, 76), son attitude ne manifestant en fait qu’ignorance et inconvenance, cause de sa déchéance.


Parmi ses descendants, ceux qui ont la foi rejoignent les jinns croyants, comme Hâmmat ibn al-Hâmm ibn Lâqîs ibn Iblîs, alors que celui qui persiste dans son infidélité reste un démon. En suivant la double interprétation possible d’un hadîth, certains savants éxotéristes ont dit que le shaytân ne peut pas se soumettre à la Volonté divine (11), alors que d’autres, conformément au point de vue d’hommes de réalisation initiatique, affirment le contraire (12). Les jinns croyants ont une très grande affinité avec le monde invisible, aussi ont-ils le pouvoir de changer de forme. C’est également pour cela qu’ils peuvent avoir une meilleure connaissance que les hommes de la Parole de Dieu. Dans le Çahîh, il est rapporté que « les jinns de Nisibe passant près de Nakhlat (13) trouvèrent l’Envoyé d’Allâh en train de réciter le Coran à la prière de l’aube. Quand ils l’entendirent, ils l’écoutèrent attentivement ». S’ils n’avaient pas reconnu l’éminence du degré et de la valeur du Coran, ils n’auraient pu le comprendre. Ils retournèrent vers leur peuple en disant : « Nous avons entendu un Coran merveilleux ! » (Cor. 72, 11) Il est également rapporté dans le Çahîh que l’Envoyé d’Allâh leur récita la sourate du Tout-Miséricordieux (Sourate 55, Ar-Rahmân). Et chaque fois qu’il disait : « Lequel des bienfaits de votre Seigneur que, tous deux, vous nierez ? » (14), ils répondaient : « Ô notre Seigneur, nous ne renions aucun de Tes bienfaits ! » Puis il récita la sourate à ses compagnons, et ils ne répondirent pas comme l’avaient fait les jinns. Alors il leur dit : « Je l’ai récitée à vos frères les jinns, et ils l’ont écoutée plus attentivement que vous ! »

(11) Ou : se convertir à l’Islam, devenir musulman, aslama.

(12) La fonction d’Iblîs fait partie du processus de la manifestation et de la réalisation intégrale de l’Homme universel, mais elle n’a d’effectivité que dans ce domaine de l’Existence. Elle cesse d’emblée au-delà de ce degré, comme elle n’existait pas auparavant, lorsqu’il était un ange soumis et le plus grand des jinns, puisque le « Démiurge et son domaine n’existent pas au point de vue universel, pas plus que la distinction du bien et du mal » ( « Le Démiurge », Mélanges, p. 17). La « conversion » d’Iblîs a son principe dans la reconnaissance de la limite de son pouvoir que lui confère Allâh « jusqu’à un terme fixé » (Cor. 38, 81) dans le présent cycle, car, intérieurement, il demeure dans la crainte d’Allâh et soumis à Sa Volonté : « Il dit à l’homme : « sois mécréant ! », mais quand l’homme le devient, il ajoute : « quant à moi, je crains Allâh, le Seigneur des mondes ! » (Cor. 59, 16).

(13) Nisibe (Nicîbîn) est une ville de Mésopotamie aujourd’hui en Turquie, et Nakhlat, le nom d’une vallée entre La Mekke et Tâ’if.

(14) Coran, 55, 30. Les « deux » font référence aux hommes et aux jinns. La sourate 72, qui est consacrée à ces derniers, porte leur nom.

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Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns Empty Re: Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns

Message par Ligeia Mer 12 Aoû - 11:18

Merci beaucoup pour cet apport Sowl !

Je rajoute un complément sur le passage de « l’écoute du Coran », extrait du chapitre du même nom dans l’ouvrage de M. Gilis « La doctrine akbarienne des Jinns » :


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« Ces considérations relèvent de la doctrine du « barzakh suprême », c’est-à-dire de la vérité métaphysique que les jinns représentent plus spécialement au sein de l’existence cosmique.

Ceux-ci sont régis par le nom divin al-Latîf, alors que l’excellence de l’homme est exprimée par le nom al-Jâmi’. L’homme réunit en lui tous les noms et toutes les vérités principielles dont le monde procède. L’excellence des jinns est plus « unilatérale », en ce sens qu’ils sont plus proches du monde du Commandement divin. C’est uniquement à ce point de vue qu’ils sont supérieurs aux hommes. Leur subtilité et leur mobilité les rend plus aptes à accueillir la succession et les modifications incessantes des épiphanies et des Paroles divines.

C’est pourquoi leur écoute du Discours divin était meilleure que celle des hommes :
« Lorsque l’Envoyé d’Allâh - sur lui la Grâce et la Paix ! — leur récita la sourate ar-Rahmân (le Tout-Miséricordieux), à chaque fois qu’il répétait le verset récurrent : "(O vous les hommes et les jinns) lequel d’entre les bienfaits de votre Seigneur (à tous deux) déclarerez-vous mensonger ?", les jinns disaient : "Il n’est rien d’entre les bienfaits de notre Seigneur que nous déclarons mensonger !"

Ensuite, l’Envoyé d’Allâh récita la même sourate à ses Compagnons, mais ils ne dirent pas un mot de ce qu’avaient dit les jinns. L’Envoyé leur dit alors : "Vraiment, je l’ai récitée à vos frères d’entre les jinns et leur manière de l’écouter était plus excellente (ahsan) que la vôtre, car à chaque fois qu’il leur était dit : « Lequel d'entre les bienfaits de votre Seigneur déclarerez- vous mensonger ? » ils répondaient : « Il n’est rien d’entre les bienfaits de notre Seigneur que nous déclarons mensonger!’" »
En cela les jinns se sont conformés à la recommandation traditionnelle de réagir en accord avec le sens des versets récités ; par exemple, en remerciant Dieu pour Ses bienfaits, ou en exprimant de l’espoir lorsqu’il s’agit d’un verset de bon augure et de la crainte lorsqu’il s’agit d’un verset de menace.
Toutefois, le Cheikh donne un enseignement plus complet et plus nuancé dans sa réponse à la 111ème question du Questionnaire de Tirmidhî qui traite du « Royaume des Bienfaits » :
« Le silence des Compagnons ne signifiait pas qu’ils ignoraient que les bienfaits (proclamés) venaient d’Allâh, ni que les jinns en avaient une connaissance meilleure. L’excellence des jinns résidait dans la perfection de leur attitude extérieure eu égard aux circonstances, car ils avaient dit : "Il n’est rien d’entre les Bienfaits de notre Seigneur que nous déclarons mensonger".

Les Compagnons ne dirent rien de semblable à cause de leur préoccupation d’acquérir une science qu’ils ne possédaient pas et que l’Envoyé d’Allâh leur communiquait. Leur désir intense d’en tirer profit les empêchèrent de dire ce qu’avaient dit les jinns. Le désir d’acquérir la science était plus fort chez eux que chez les jinns, mais ceux-ci se montrèrent plus capables de respecter de façon parfaite les convenances exigées par les circonstances en répondant comme ils le firent.
L’Envoyé d’Allâh les félicita de ce qu’ils avaient fait mieux que les hommes, mais il ne félicita pas les hommes de ce qu’ils avaient fait mieux que les jinns : d’une part, leur désir ardent de recevoir un supplément de science, ce qui les avait amenés à se taire durant la proclamation des versets ; et d’autre part ce silence même, puisque Dieu leur avait dit : "Lorsque le Coran est récité sur vous, écoutez-le attentivement et en silence" (Cor., 7, 204) et qu’en outre il s’agissait d’une seule et même sourate. Il était donc normal qu’ils se taisent tant que la récitation (du Prophète) n’était pas terminée.

« Les Compagnons d’entre les hommes réunirent ainsi deux excellences que l’Envoyé d Allah s’abstint de mentionner. Il mentionna seulement celle des jinns dans les paroles qu’ils avaient prononcées et qui exprimaient leur servitude dans un langage extérieur. Toutefois, ils étaient aussi des serviteurs dans leur langage intérieur : leurs paroles et leurs réponses (à la question posée par le même verset maintes fois répété) impliquaient l’union de ces deux langages. Les Compagnons d’entre les hommes n’ayant pas agi de même au moment de la récitation coranique, un de ces langages leur fit défaut. Le reproche que l’Envoyé d’Allâh leur adressa était une manière de leur enseigner ce qu’exigeaient les circonstances et les paroles qu’il convenait de prononcer ; et aussi de les mettre en garde, afin qu’ils ne négligent pas le bien à accomplir dans le domaine des œuvres en se contentant du bien à acquérir dans le domaine de la science. Ce sont les circonstances qui déterminent le statut applicable (hukm) : s’agit-il d’un statut qui concerne les œuvres, la science ne peut suffire ; s’agit-il d’un statut concernant la science, les œuvres ne peuvent convenir.

« Les jinns sont des étrangers dans le domaine de l’extériorité ; ils s’empressèrent de réagir extérieurement pour bien faire savoir qu’ils en faisaient partie et qu’ils y étaient présents d’une manière cachée, même s’ils appartenaient avant tout au domaine de l’intériorité. Cette réaction s’imposait d’autant plus que la récitation coranique était elle-même accomplie en mode extérieur. Au contraire, c’est l’appartenance des hommes au domaine de l’extériorité qui les empêcha de voir, comme les jinns, ce qu’il convenait de répondre. C’est leur modalité d’existence qui entraîna leur négligence. S’ils avaient répondu, cela leur aurait conféré une excellence. L’Envoyé d’Allâh leur fit comprendre où résidait la perfection. C’est lui qui enseigne. Quel maître incomparable en matière de convenances ! ».
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Message par Sowl Mer 12 Aoû - 15:21

Salam

De rien Ligeia et merci pour cet apport également qui indique bien l'excellence propre au jinn ! Voici la suite du texte de L'Émir qui, je crois, démontre l'excellence de l'homme associé au nom al-Jâmi' :

« Comme nous l'avons précédemment expliqué, les esprits de lumière et de feu doivent nécessairement se revêtir de formes [pour se manifester en ce monde], cette forme s'identifiant alors fondamentalement à leur réalité spirituelle. Aussi, quand cette forme disparaît, l'esprit meurt également, exactement comme cela se passe dans le monde visible. Nous avons déjà montré à cette occasion comment il fallait comprendre la mort d'un esprit [Note de Sowl : il s'agit du passage d'un état à un autre ou, autrement dit, l'esprit se revêt alors d'une autre forme]. Le Cheikh al-Akbar cite à ce sujet une anecdote que lui avait rapportée l'aveugle Ibrahîm b. Suleymân à propos d'un homme de confiance, un bûcheron, qui avait tué un serpent (15). Les jinns s'emparèrent de lui et le présentèrent à un grand maître qui était leur chef, en l'accusant d'avoir tué le fils de leur oncle. L'homme répondit qu'il ne comprenait pas la situation, qu'il n'était qu'un bûcheron, et qu'il n'avait fait que tuer un serpent qui le menaçait. L'assemblée des jinns reprit : « C'était le fils de notre oncle ! » Alors leur maître ordonna : « Relachez cette homme et laissez le repartir chez lui, vous ne pouvez rien contre lui. J'ai en effet entendu l'Envoyé d'Allâh nous dire : ''Celui qui prend une forme autre que la sienne et est tué, personne ne pourra exiger pour lui le prix du sang ni le talion.'' Or, le fils de votre oncle s'est changé en serpent, l'ennemi des hommes ! » Au bûcheron qui s'étonna que ce jinn connaissait l'Envoyé d'Allâh, celui-ci répondit : « Je suis le dernier représentant des jinns de Nisibe qui rencontrèrent le Prophète et l'ont entendu [réciter le Coran]. C'est donc moi qui, de ce fait, ai autorité sur mes compagnons ». Dans le Çahîh, il est aussi mentionné que l'Envoyé d'Allâh a dit : « La nuit dernière, un jinn (16) fondit sur moi pour interrompre ma prière, mais Dieu me permit de le maîtriser. Je lui fis peur et l'attachai à une colonne de la mosquée pour que les enfants de Médine puissent le voir.


(15) Ce passage est rapporté de Fut. 312, III, 49.

(16) Plus exactement, un 'ifrît, terme distinct de celui de jinn, mais qui désigne aussi un esprit subtil, comme dans la sourate des Fourmis (Cor. 27, 39).



J'invoquai les paroles de mon frère Sulaymân : '' Accorde-moi un royaume que nul autre après moi ne puisse avoir ! '' (Cor. 38, 35), et Allâh le renvoya en le chassant ». Une autre version précise même que « sa salive coula sur ma main » ; si la forme n'avait pas eu d'emprise sur l''ifrît, il est évident qu'il n'aurait pu faire cela à l'Envoyé d'Allâh. Au contraire, lorsque l'homme se spiritualise, il peut prendre [lui aussi] diverses formes, mais lorsque l'une d'entre elles disparaît en mode sensible, il n'en est pas affecté, parce que ces transformations formelles ne lui sont pas essentielles, si bien que ces formes n'ont pas réellement d'emprise sur lui. D'autre part, lorsque l'homme se revêt d'une forme en mode imaginaire [ou subtil], il est supérieur à l'ange et au jinn, parce que de par sa constitution, il participe aussi bien au monde de l'imagination par son esprit raisonnable (Rûh nâtiqah), qu'au monde visible par son corps. Or, un pur esprit n'est pas constitué de la sorte, car il ne peut pénétrer directement dans le monde visible, si ce n'est en revêtant une forme subtile dans le monde imaginal. Si l'homme veut se spiritualiser en son corps et apparaître ainsi dans le monde de l'invisible, il passe par l'intermédiaire de son esprit, qui fait partie intégrante de sa constitution, pour s'identifier à sa modalité purement spirituelle. Cette station s'acquiert et s'obtient. Celui qui la maîtrise peut se manifester dans toute forme de son choix parmi les modalités humaines, végétales, minérales et angéliques. Zayd peut se manifester sous la forme de 'Amr, mais l'ange ne peut pas se manifester sous la forme d'un autre ange. »

Sowl

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Message par Ligeia Dim 13 Sep - 11:27

On pourra aussi se reporter à ces autres articles :

Ibn Arabî : "Ne recherche pas la compagnie des jinns..."
https://lagrandeparodie.forumactif.com/t1095-ibn-arabi-ne-recherche-pas-la-compagnie-des-jinns

Les sept Étendards du Califat : Opposition des anges et chute de l’homme
https://lagrandeparodie.forumactif.com/t1136-les-sept-etendards-du-califat-opposition-des-anges-et-chute-de-lhomme


Quelques informations générales au sujet des Jinns extraites du même ouvrage :


***********

1. Présentation



Pourquoi une étude sur les jinns ? Ils n’ont pas bonne réputation et sont habituellement assimilés aux démons. Ils apparaissent comme des obstacles sur la voie spirituelle et symbolisent l’éloignement plutôt que la proximité divine.
Selon Ibn Arabî, « parmi les êtres qui appartiennent au domaine de la nature, les jinns sont les plus ignorants au sujet d’Allâh ». (4)
Néanmoins, l’intérêt qu’ils présentent pour les sciences ésotériques est considérable. Ils constituent un des degrés fondamentaux de la manifestation universelle, entre les anges et les hommes. Ils sont régis par des noms divins et reflètent, comme tous les êtres, des vérités principielles. Par là, ils sont des supports et des « signes » pour ceux qui recherchent la Connaissance d’Allâh.

4 Futûhât, chap. 51, vol. 4, p. 233 de l’éd. O. Yahya.

Leur situation intermédiaire (barzakhî) permet de mieux comprendre les domaines qui les entourent immédiatement: spirituel d’un côté, corporel de l’autre : « La perfection est plus évidente chez les êtres qui occupent une position intermédiaire, car ils confèrent non seulement la science qui les concerne en propre, mais aussi celle des deux termes au milieu desquels ils se trouvent ; ils les reflètent l’un et l’autre à la manière d’un miroir ». (5)
De nombreux passages coraniques sont consacrés aux jinns et ils ont donné leur nom à la 72ème sourate. Enfin, il y a les jinns croyants, qui ont foi dans la révélation faite au Prophète et qui présentent certaines excellences par rapport aux hommes.

En tant qu’ils sont un règne de la nature, les jinns relèvent de la cosmologie ; en tant qu’ils manifestent théophaniquement des aspects divins, ils relèvent de la métaphysique.
Tout comme les hommes, les jinns sont appelés à la réalisation initiatique par la Connaissance, car le Très- Haut a dit : « j’ai créé les hommes et les jinns uniquement pour qu’ils M’adorent » (Cor., 51, 56), c’est-à-dire pour qu’ils Me connaissent.

La doctrine akbarienne des jinns se prête mal à une division par chapitres car ses multiples aspects sont indissolublement liés les uns aux autres. La solution retenue pour sa présentation est celle d’une succession d’aperçus, chaque section figurant sous un titre qui indique, soit un élément caractéristique, soit l’idée principale.

5. Ibid,, chap, 336.


2.  Signification du terme « Jinn »


La terminologie proposée par René Guénon, principalement tirée de l’hindouisme, contient plusieurs repères utiles à la compréhension de l’enseignement islamique. Nous commencerons par la constitution de l’être humain, compose d’un esprit ( rûh ), d’une âme (nafi) et d’un corps (jism).

Le premier appartient à la manifestation informelle, représentée par les anges au sein de l’existence universelle, tandis que l’âme et le corps constituent la forme de l’être humain, autrement dit son individualité ; ils correspondent respectivement à ce que notre maître appelle l’« état subtil » et « l’état grossier ».
A ce point de vue, les jinns sont une désignation de la modalité subtile ou « intermédiaire » de l’homme, par opposition à sa modalité grossière, c’est-à-dire corporelle et sensible:
« Ils circulent à l’intérieur des Fils d’Adam de manière insensible, comme le sang (majrâ ad-dam) » (6).

6. Ibid., chap. 198, 36ème section. C'est un de nos textes de référence. L’indication donnée reprend les termes d un hadîth.

Ceci amène à un premier rapprochement, car le nom divin qu’Ibn Arabî met spécialement en relation avec les jinns est le nom al-Latîf qui signifie précisément « le subtil ».
Un second rapprochement résulte du terme « jinn », tiré d'une racine qui signifie essentiellement « caché aux regards ». Ce qui est subtil est à la fois « intérieur » et « caché aux regards sensibles ». Les jinns ne peuvent être vus par les hommes, sauf lorsqu'ils revêtent des formes corporelles, celle d’un serpent par exemple. Ce qui est cache est également protégé des regards.
Le terme junna (bouclier), qui est une des définitions du jeûne (as-sawm junna ) (7), est de la même racine que «jinn». L’idée de protection se retrouve dans le nom divin al-Latîf, ce qui explique l’importance de l’invocation pratiquée au moyen de ce nom dans certaines organisations initiatiques relevant du tasawwuf Al-Latîf protège en troublant les regards « au moyen d’un brouillard léger » (enseignement de Michel Vâlsan).

L’aspect subtil des êtres manifestés dans l’ordre corporel est souvent rendu en français par le terme « génie », qui n’a pas de parenté linguistique apparente avec le jinn arabe.
La similitude des significations retient pourtant l’attention. Comme les jinns, les génies peuvent être bons ou mauvais.
Selon René Guénon : « tout ce qui se rapporte à l’état subtil touche de très près à la nature même de la vie. » (8 ) ; or, le latin « genius » désigne la divinité qui préside à la génération. La racine indo-européenne correspondante évoque aussi bien la génération dans l’ordre corporel que la génération spirituelle et initiatique (9) : elle est à l’origine des termes « gnose » et « connaissance » (gi-gnô-skô).

7. Cf. Textes sur le Jeûne, p. 56.
8 L ’Homme et son devenir, chap. XIII.
9. Pour la génération corporelle, signalons la parenté avec gunê (femme) ; pour la génération initiatique avec genu (genou).



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Message par Ligeia Sam 2 Jan - 12:39

Rappel :

Ce livre de M. Gilis n'est pas disponible sur Internet ; c'est donc une recopie du chapitre que j'ai faite du chapitre pour le partager ici.

Je ne saurais que trop vous recommander de le lire. Vous pouvez vous procurer l'ouvrage papier ici :
https://www.leturbannoir.com/produit/apercus-sur-la-doctrine-akbarienne-des-jinns-suivi-de-lhomme-fut-serpent-autrefois/


***********


Chapitre VII :  Domination du feu, subtilité de l’air


Nous avons vu qu’au sein du monde élémentaire les hommes se distinguent des jinns par une différence essentielle : chez les premiers, les deux éléments qui prédominent sont l’eau et la terre ; chez les seconds, il s’agit du feu et de l’air.
Le terme «prédominent» indique que les quatre éléments sont constitués uniquement par des « tendances » différenciées à partir d’un élément central, de telle manière que chacun contient en lui une certaine modalité des trois autres.
C’est ce qu’attestent notamment les doctrines alchimiques où il est question d’un « feu liquide » ou d’une « eau ignée », ainsi que le verset coranique où le Très Haut ordonne au feu d’être « froid et sûr pour Ibrâhîm » (Cor., 20, 69) lorsqu’il fut jeté dans la fournaise.

Voici comment Ibn Arabî considère cette différence (34) :

34 – ibid., chap. 9.


  • « Le jinn a été fait à partir de deux éléments qui sont l’air et le feu, tout comme Adam (en tant que « père des hommes ») a été fait à partir de deux éléments qui sont l’eau et la terre. Ceux-ci furent pétris ensemble de manière à former l’argile (tîn). De même, le terme "mârij » désigne un feu mélangé avec de l’air ; la forme des jinns a été faite à partir de ce mélange. La présence de l’air fait que les jinns peuvent prendre toutes les formes qu’ils veulent, tandis que le feu dont ils sont issus les rend à la fois faibles d’esprit et d’une très grande subtilité (35).
    C’est le feu qui engendre la recherche du pouvoir contraignant, de la domination et de la puissance, car c’est l’élément qui occupe la place la plus élevée : il possède le pouvoir immense de transformer les choses qui sont comprises dans la Nature universelle. C’est à cause de lui qu’(Iblîs) (36) a refusé, par orgueil, de se prosterner devant Adam lorsqu’Allâh lui en eût donné l’ordre. Sa manière (erronée) de comprendre les choses l’amena à déclarer : "Je suis meilleur que lui" (Cor., 38, 76) ; c’est-à-dire : à cause de l’excellence, parmi les quatre éléments, de celui dont je tire mon origine... ».



C’est effectivement ce qu’indique la suite du discours d’Iblîs : « Tu m’as créé de feu et Tu l’as créé d’argile ». Par ailleurs, ce texte confirme ce qu’écrit René Guenon à propos des « conditions de l’existence corporelle » lorsqu’il met l’élément « air » en correspondance avec la condition formelle qui est à l’origine de l’individualité.

35 - Ce terme doit être compris ici dans le sens d’« instabilité ».
36 - Qui « faisait partie des jinns » ; cf. Cor., 18, 50.


La constitution de l’homme est décrite dans la suite du commentaire par contraste avec celle des jinns :


  • « ...(Iblîs) ignorait que le pouvoir de l’eau dont Adam avait été créé était plus fort que celui du feu puisque (selon les termes d’un hadîth) elle "fait disparaître" celui-ci ; et que la terre était plus stable parce qu’elle est "froide et sèche".
    Adam détenait donc à la fois la force et la stabilité grâce à la prédominance en lui des deux éléments à partir desquels Allah F avait existencié, et en dépit de la présence des autres éléments...
    C’était sa nature même qui conférait à Adam l’humilité propre à la terre. (37) S’il lui arrivait de s’enorgueillir, c’était à cause de circonstances accidentelles qui éveillaient en lui l’élément igné, de même que l’élément "air" était à l’origine des changements de formes qui survenaient dans son imagination et dans ses états changeants.
    Pour les jinns, c’est l’inverse : ils sont orgueilleux par nature du fait que le feu prédomine chez eux. S’il leur arrive d’être humbles, c’est à cause de circonstances accidentelles qui éveillent l’élément "terre" présent en eux. Celui-ci est également à l’origine de leur constance : dans le fait de tromper les hommes, s’il s’agit de démons ; dans les actes d’obéissance à Dieu dans le cas contraire. »



37 - Sur ce point, cf. Les sept Etendards, chap. XVII.


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Message par Ligeia Lun 4 Jan - 10:03

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Chapitre XII : Le secret présent dans la force de l’eau


Sur le secret présent dans la force de beau, le Cheikh al-Akbar écrit (57) :


  • « Si tu fais partie de l’élite des êtres de compréhension (ahl al-fahm), médite la parole du Très-Haut :
    "Et Son Trône était dans (58 ) l’eau" (Cor., 11,7). L’eau est la vie du Trône divin et de toutes les créatures qu’il contient. D’autre part, il n est aucune chose ( shay’in ) qui ne célèbre Sa transcendance par Sa propre louange" (Cor., 17, 44).
    Dans ce verset, Il a employé l’indéfini (pour indiquer I’universalité, car il s agit de toutes les choses possibles) ; or, cette célébration ne peut être accomplie que par ce qui est vivant... ».

La célébration de la transcendance divine (tasbîh) est accomplie par tout ce qui est vivant, c’est-à-dire par tout ce qui est considéré comme « autre qu’Allah » et qui est régi par le Trône, tout comme le Royaume (mulk) est régi par le Roi (Mâlik).

57 Ibid,, chap. 9, vol. 2, p. 286 de l'éd. O. Yahya.
58 ‘Alâ. Sur le sens de ce verset, cf. Les sept Etendards du Califat, chap. VIII.


Cette célébration s’opère par Sa louange, c’est-à-dire par Sa manifestation théophanique au sein de Son Royaume.
Là réside le secret de la force de l’eau, confirmé par un hadîth prophétique où les anges demandent :


  • « Ô Seigneur, as-tu créé une chose plus forte (ashadd) que le feu ? » et où le Très-Haut répond : «Oui, l’eau. »

Selon le Cheikh (59) :


  • « ...Dieu a fait l’eau plus forte (aqwâ) que le feu. L’eau est l’élément qui domine chez l’être humain, tandis que le feu est l’élément qui domine chez le jinn. C’est pour cela que le Très-Haut a dit au sujet du démon : "En vérité les stratagèmes du démon sont faibles" (Cor., 4, 76) : Il ne leur a pas attribué la moindre force. En revanche, Il n’a apporté aucun correctif à la parole (du maître de l’Egypte) : "En vérité, vos stratagèmes de femmes sont redoutables" (Cor., 12, 28) ; Il ne l’a pas non plus démenti, bien que l’intellect des femmes soit plus faible que celui des hommes. » (60)


A plusieurs reprises, nous avons évoqué l’intérêt que revêtent pour notre sujet les doctrines hindoues telles qu’elles ont été présentées en Occident par René Guénon. A cet égard, les indications données par le texte cité ici appellent une mise au point, car elles font apparaître une divergence entre l’enseignement de l’hindouisme et celui de l’islam, qui s’explique par les positions cycliques extrêmes de ces deux traditions : l’hindouisme est la forme traditionnelle qui représente de la façon la plus directe la tradition adamique primordiale, tandis que l’islam clôture le cycle de la prophétie légiférante et des révélations faites à l’homme.

59 Ibid., p. 287. C'est la suite du texte cité plus haut.
60 Cette question fera l’objet de la section 13.


Dans l’hindouisme tel qu’il est généralement connu, le feu correspond au pôle « actif » et l’eau au pôle « passif » de la manifestation universelle. La vie est considérée comme un élément « igné » car elle procède du feu et non de l’eau comme c’est le cas dans la doctrine islamique où il est dit : « Nous avons fait à partir de l’eau toute chose vivante ».
La puissance purificatrice et transformatrice du feu fait de lui un symbole de la réalisation initiatique, qui est essentiellement « active » : et ceci n’est pas étranger au fait que les morts sont brûlés en
Inde et enterrés en Occident. (61) Le feu étant considéré comme masculin et l’eau comme féminine, la subordination de la femme à l’homme apparaît comme l’image de la passivité de l’eau.
Rappelons enfin que, dans le symbolisme géométrique, le feu est représenté par le triangle droit et l’eau par le triangle inversé, ce qui est illustré notamment par la figure du Triangle de l’Androgyne (62) où le petit triangle inversé, qui correspond à Eve, est entièrement compris dans le grand triangle droit qui est celui d’Adam.

61 La terre représente la limite inférieure et « passive » de la manifestation cosmique. L’incinération des morts dans les pays occidentaux est typique d'un mélange inconscient de données traditionnelles incompatibles, révélateur de l’ignorance et de l’indifférence du monde moderne.
62 Cette figure, publiée pour la première fois dans le numéro 382 des Etudes Traditionnelles, a été reprise dans le volume L’Islam et la fonction de René Guénon, p. 113 ainsi que dans nos études sur La doctrine initiatique du Pèlerinage (p. 50) et Les sept Etendards du Califat (p. 176).


La différence fondamentale des perspectives formelles dans ces deux traditions explique, selon nous (63), la raison pour laquelle l’étude de René Guénon sur Les conditions de l’existence corporelle n’a pas été achevée. Les deux parties publiées de ce texte annonçaient qu’il devait aborder ensuite la question de la « condition vitale » en la mettant en correspondance avec l’élément « feu », ce qui aurait pu paraître contradictoire aussi bien avec les données de la révélation islamique qu’avec celles qui prévalent dans certaine branches de l’hindouisme.
Il n’est pas possible d’examiner ici tous les aspects de cette question complexe, et nous nous bornerons à souligner l’essentiel, à savoir la façon remarquable dont l’enseignement cosmologique est utilisé dans cette étude pour servir de support à une présentation originale de l’enseignement métaphysique, car c’est lui seul qui permet de résoudre les contradictions apparentes. Le point de vue cosmologique est insuffisant, car ce qui est en cause est principalement d’ordre spirituel et initiatique.
Les indications en ce sens abondent dans ce que le Cheikh al-Akbar enseigne à propos des jinns. Nous avons vu que l’eau représente la force et la terre l’abaissement et l’humilité, qualités qui conditionnent dès son point de départ une voie initiatique fondée sur l’idée de servitude (‘ubûda) ; que le feu représente l’orgueil, la volonté de dominer et la désobéissance ; que l’air symbolise une extrême mobilité envisagée de manière négative comme une cause d’instabilité et une marque de légèreté intellectuelle.

63 Cf. Introduction à l'enseignement et au mystère de René Guénon, chap. VIII.

Toutefois, ce ne sont la que des enseignements fragmentaires, car chaque élément, ainsi que nous l’avons dit également, contient en réalité tous les autres. L’aboutissement de la voie implique l’« union des complémentaires » et la synthèse de toutes les qualités divines manifestées par les êtres. Chacun des éléments contribue, par sa signification et son essence principielle, à l’acquisition de la connaissance véritable. Par exemple, la fonction transformatrice du feu est évoquée dans le hadîth où il est dit qu’Allâh possède des voiles de lumière et de ténèbres tels que, s’ils étaient ôtés, la gloire de Sa face brûlerait tout ce que peut atteindre le regard des créatures. La mobilité de l’air présente, quant à elle, une affinité avec la manifestation théophanique de la Parole divine, ainsi que nous le verrons plus loin. (64)

La nécessaire intégration de tous les éléments qui constituent la Forme divine se reflète dans la diversité des enseignements et des voies initiatiques. Dans l’hindouisme, cette diversité s’exprime par des changements dans l’ordre de la manifestation des tattwas ou degrés de l’existence cosmique ; tantôt, c’est le feu qui occupe la place prépondérante, et tantôt c’est l’eau, comme c’est le cas dans certaines écoles tantriques qui considèrent que cette seconde perspective est plus essentielle et primordiale que la première, et qui rejoignent ainsi les données de la révélation coranique ; mais, là encore, c’est la synthèse qu’il importe de réaliser, d’où la signification initiatique que revêtent dans l’alchimie traditionnelle des expressions telles que « eau de vie », « eau de feu », « feu liquide », etc.

64 Cf. infra, p. 82-83.


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Message par Alfihar Lun 4 Jan - 18:37

Pour poursuivre sur l'eau et la constitution humaine primordiale, dans ce même ouvrage M. Gilis a intégré son chapître "l'homme était serpent autrefois" qui fait référence à R. Guénon dans son chapître sur Seth dans les symboles fondamentaux.

L'homme primordial est décrit comme fluide, sans articulation comme le serpent et comme l'eau qui est sa nature. M. Gilis cite Marcel Griaule grand connaisseur des traditions noires parlant des deux premiers êtres créés, les jumeaux Nommo:

"Dieu les a créés comme de l'eau. Ils étaient de couleur verte, en forme de personne et de serpent. De la tête aux reins, ils étaient humains ; le bas était serpent... Leur bras, souples, n'avaient pas d'articulations. Tout leur corps était vert et lisse, glissant comme une surface d'eau..."
Il est dit que lorsque Nommo descendit sur Terre il amena un vêtement primordial rappelant notre nature originelle :
" Les fibres tombaient en torsades, symboles des tornades, des méandres, des torrents, des tourbillons des eaux et des vents, de la marche ondulante des reptiles".

Dans la cosmologie hindoue il est dit que les devas ont créé l'homme fluide et ce sont les asuras qui l'ont solidifié.
C'est le fameux épisode du barattement de la mer avec les devas qui tirent d'un côté et les asuras de l'autre le serpent enroulé autour de la montagne symbolisant l'axe du monde

Aperçus sur la doctrine akbarienne des jinns Baratt10

Le nouveau corps solide devient conforme aux nouvelles conditions où l'homme déchu doit travailler la Terre. Ce serait les devas qui auraient doté l'homme d'articulations pour compenser la solidification que les asuras nous aurait fait subir.
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Message par Ligeia Mar 5 Jan - 7:50

Merci pour les précisions Alfihar !

Au sujet de la constitution primordiale j'avais noté dans la chronique de Tabari ce passage :

  • « la peau qu'Adam avait dans le paradis tomba de son corps ; celle d’Eve tomba de même, et la chair de tout leur corps fut à découvert comme nous l’avons maintenant. Cette peau qu’Adam avait dans le paradis était semblable à nos ongles ; lorsqu’elle fut détachée, il leur en resta au bout des doigts la quantité que nous avons maintenant. Or, toutes les fois qu'Adam regardait les ongles de ses doigts, et Eve également, ils se rappelaient le paradis et tous ses délices. »


Adam au Paradis est donc bien "revêtu d'une forme" comme l'annonçait M. Gilis dans "La doctrine initiatique du pèlerinage" : « en effet Adam dans le Paradis est déjà revêtu d'une forme terrestre »
Phrase je rapproche de Genèse 3 : « L'Eternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit. »

Tout cela, avec vos indications, implique que cette forme primordiale (dans le paradis terrestre) n'est pas identique à celle que nous avons désormais.
Qu'en pensez-vous ? Smile



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Message par Alfihar Mar 5 Jan - 17:28

Ce qui est intéressant avec ce passage de Tabari c'est que le constituant de nos ongles et cheveux c'est la kératine (qui vient de keras en grec qui veut dire corne). Or cette kératine est toujours présente mais dans les couches profondes de notre épiderme ce qui garantit le caractère imperméable de notre peau.

Donc ce qui était apparent et nous recouvrait comme la peau d'un serpent, est devenu intérieur. Nous avons subi une sorte de mue pour nous adapter aux nouvelles conditions terrestres. De plus cette kératine absorbe la mélanine qui donne la couleur de la peau, or la différenciation en races est bien une des nouvelles conditions lorsque l'homme est sorti de son état primordial.
Nous avons beaucoup parlé des cornes comme marquant chez certains hommes le contact étroit avec Dieu (Moïse, Dhu al Qarnayn...), cela pourrait être lié à notre constitution primordiale également.

Si l'homme primordial est fluide, sans articulation et en plus recouvert de kératine il est vraiment un serpent.
Sur le vêtement primordial ramené par Nommo rappelant notre nature originelle : " Les fibres tombaient en torsades, symboles des tornades, des méandres, des torrents, des tourbillons des eaux et des vents, de la marche ondulante des reptiles" il est dit que la structure de la kératine est hélicoïdale et fibreuse !!!

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