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Ibn ‘Arabî - Règles de convenances propres aux Saints et celles propres aux Califes.

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Message par Ligeia Ven 22 Mai - 10:29

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Ibn ‘Arabî - Règles de convenances propres aux Saints et celles propres aux Califes.


Le signe des Saints d'Allâh (awliyâ Allah) est que l'on se souvient d'Allâh par le simple fait de les voir ; c'est là un effet du leur réalisation divine, qui est la pure servitude ('ubûdiyya) qu'aucune seigneurie ne dépare : tel est le comportement qui convient également pour toi (âdâbu-ka) (1). En revanche, tout caractère qui, chez eux, comporte quelque trace de seigneurie relève des règles de convenances du Califat, non de celles qui concernent la Sainteté. Le Saint aide (autrui) mais ne recherche pas la victoire pour lui-même alors que le Calife réunit les deux aspects. Par ailleurs l'ordre temporel entraîne toujours des oppositions (aux règles traditionnelles).
Lorsqu'elles se manifestent, le Saint ne fait preuve d'aucune indulgence car, s'il le faisait, il ne serait plus un Saint ; pour lui, rien ne peut jamais prévaloir sur les exigences divines, car il est tout entier pour Allâh. En revanche, le Calife est « pour Dieu » à certains moments et « pour le monde » à d'autres (2) ; à tel moment, il défend jalousement les prérogatives divines, à tel autre, il se préoccupe avant tout du monde et demande pardon en faveur de ceux qui s'opposent, là où le Saint défendrait jalousement (les droits divins). Les Saints sont les « solitaires » (mufarradûn) chargés (3) par Allâh d'appliquer les règles de convenance qui conviennent à Lui-même.

Quant au Calife, à certains moments il dit : « Je le ferai plus de soixante-dix fois » (4), tandis qu'à d’autres il adresse des demandes (à Dieu) en accusant (les tribus rebelles) ; quelle différence entre les deux états ! Les états sont changeants (5) pour le Calife, non pour le Saint. Le Saint ne lance jamais d'accusations ; le Calife le fait parfois, du fait de ses états changeants : s'il lance une accusation, il la dément ensuite, en dépit de sa sincérité initiale.
Les manières des Saints sont celles des esprits angéliques (6). Considère Jibrîl — sur lui la Paix ! : il prend la forme de la mer et se précipite dans la bouche du Pharaon pour l'empêcher de formuler le Tawhîd ; il cherche à le prendre de vitesse pour défendre jalousement les prérogatives divines bien qu'il sache parfaitement que le Pharaon avait la science qu'il n'y a « d'autre divinité qu'Allâh » (7). Finalement, le Pharaon l’emporta et sa langue prononça la formule du Tawhîd, comme Allâh nous l'apprend dans le Livre incomparable. Le Calife, au contraire, dit à son oncle : « Dis-la moi à l’oreille (8 ) ; grâce à elle, je témoignerai en ta faveur auprès d'Allâh », alors que son oncle refusait (9) ! Quelle différence entre cette situation et cette autre où lu Calife (10) dit : « Mon Seigneur, ne laisse à la surface du la terre pas un seul d'entre les mécréants... » (Cor. 71, 26). Pourtant, si on leur en avait laissé le temps, peut-être su seraient-ils repentis ; peut-être y aurait-il eu parmi leur descendance des croyants en Allâh qui auraient « rafraîchi » par leur Foi « les yeux » des croyants !

Les convenances propres aux Saints consistent aussi à témoigner à l'égard de « ceux sur lesquels est la Colère divine » (11) une colère sans recours et, à l'égard de ceux qui sont l'objet de la Satisfaction divine, une satisfaction sans repentir : les règles de convenance qu'ils appliquent sont celles qui conviennent à Dieu, et ce que Dieu actualise est absolument nécessaire. En revanche, les convenances propres aux Califes consistent à être satisfait de ceux qui sont l'objet de la Satisfaction divine, à pardonner parfois à ceux sur lesquels est la Colère, et à se mettre en colère d'autres fois (12). Telle est la raison pour laquelle Il a parlé spécifiquement des Saints dans sa Parole : « As-tu connu Mes Saints... (13) ? » En réalité, (les Califes) sont aussi des Saints-protecteurs (14) des Noms divins alors qui les Saints sont uniquement Ses « protecteurs » à Lui : les Saints sont les « protecteurs d'Allâh », les Califes les « protecteurs des Noms divins ». »

(1) La notion de « convenances » domine l'ensemble de ce chapitre qui a pour titre : « Sur la Condescendance : As-tu connu Mes Saints, que J'ai éduqués selon Mes règles de politesse (âdâbî) ? » La seigneurie est opposée ici uniquement à la `ubûdiyya. Les attributs seigneuriaux ne peuvent « déparer » la Servitude absolue ('ubûda) du Calife Suprême qui « possède la mashî'a à son degré parfait » (Cf. supra, chap. III, p. 31-32 ; chap. VI, p. 51 ; et infra, chap. XXXII, p. 245)
(2) D'où sa fonction d'« intermédiaire » et d'« intercesseur ».
(3) Tawallâ, de la même racine que walî. La mention d'une « charge » confiée au walî indique bien qu'il s'agit d'une « descente », tandis que l'état de « solitaire » montre que cette descente est incomplète et inachevée.
(4) Allusion à Cor. 9, 80 : « Que tu demandes pardon pour eux ou que tu ne demandes pas pardon pour eux : même si tu demandais pardon eux soixante-dix fois, Allâh ne leur pardonnera pas... » Lors-ce verset fut révélé, le Prophète — sur lui la Grâce et la Paix ! déclara : « Par Allah! Je demanderai pardon plus de soixante-dix fois ! » C'est cette parole qu'Ibn Arabi cite ici comme exemple des « règles de convenance » propres aux Califes.
(5) Takhtalifu 'alay-hi. Autre explication étymologique de la fonction califale. En effet, la racine verbale dont est issu le terme khalîfa comporte une « huitième forme » qui a le sens de « différer », « être variable ».
(6) Cette précision établit nettement la supériorité du Calife sur le Saint, comparée implicitement à celle d'Adam sur les Anges.
(7) Sur ce point, cf. Le Coran et la fonction d'Hermès, le « douzième Tawhîd ».
(8 ) Il s'agit également de la formule du Tawhîd.
(9) La supériorité du Calife est soulignée ici par son identification au Prophète — sur lui la Grâce et la Paix ! — qui prononça ces paroles, alors que son oncle et protecteur Abû Talib était sur le point de mourir.
(10) Il s'agit cette fois de Noé qui, selon le Coran, adressa à Dieu cette demande dont la formulation est critiquée ici par Ibn Arabi par référence aux règles qui conviennent à la fonction califale. Par rapport au Calife suprême qui est « notre Seigneur Muhammad » — qu'Allah répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix ! les Prophètes antérieurs sont envisagés dans une position analogue à celle des Anges et des Saints.
(11) Allusion à Cor. I, 7.
(12) Cette alternative illustre le lien qui unit le Califat à la mashî’a divine. Rappelons qu'Ibn Arabi considère al-Khalîfa comme un Nom divin au même titre que al-Walî.
(13) Allusion au titre du chapitre.
(14) Le terme walî a également le sens de « protecteur ». Le Cheikh al-Akbar tire parti, dans ce passage, de cette double signification.



[Ibn ‘Arabî, Extrait du chapitre 445 des Futûhât, qui fait partie des « Condescendances divines » (munâzalât). Traduction et annotations de Charles-André Gilis, Les sept étendards du califat, p.118-120. Nous renvoyons au chap. XV : « Califat et réalisation descendante » pour la présentation et les commentaires.]
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