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A.A. - Les dix mille êtres

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Message par Ligeia Ven 24 Juil - 18:11

Rappel :
J'ignore l'identité de cet auteur "A. A." qui est lié à Turba Philosophorum et est souvent mis en lien chez Al Simsimah.
Il semble, pour ce que je peux en dire, conforme à ce qu'enseigne la Tradition et ses textes sont fort intéressants. Mais ce n'est pas Guénon donc prudence...

Le texte étant relativement important, il sera découpé en plusieurs parties.

Source : https://drive.google.com/file/d/1r3BT2trFB6PfqD0YNDjT8O7-cspgLaXF/view


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Les dix mille êtres


(Partie 1)


Cherche la science jusqu’en Chine
(Hadith)


Dans la tradition extrême-orientale, les « dix mille êtres » sont une expression qui désigne la totalité des êtres manifestés. Cette expression est utilisée à maintes reprises dans les textes taoïstes, et au premier chef bien entendu dans le Tao-te-king de Lao-Tseu (1). Cette particularité n’est malheureusement pas toujours évidente pour le lecteur occidental, car de nombreuses traductions modernes croient bien faire en rendant (selon le « sens ») les « dix mille êtres » par « tous les êtres » ou quelque autre expression plus ou moins équivalente. Il s’agit là selon nous d’un choix très regrettable, car si la signification de l’expression est bien celle-là, le symbolisme qui lui est lié dans la langue chinoise est de la sorte complètement perdu. Nous ne parlons même pas ici du symbolisme lié à la forme graphique des idéogrammes, mais à celui qui se rapporte au nombre « dix mille », et sur lequel, précisément, les lignes qui suivent se proposent de se pencher un peu plus avant.

Rappelons tout d’abord l’importante indication donnée à ce sujet par René Guénon :


  • ... on pourrait se demander pourquoi la langue chinoise représente symboliquement l'indéfini par le nombre dix mille; l'expression « les dix mille êtres », par exemple, signifie tous les êtres, qui sont réellement en multitude indéfinie ou « innombrable ». Ce qui est très remarquable, c'est que la même chose précisément se produit aussi en grec, où un seul mot, avec une simple différence d'accentuation qui n'est évidemment qu'un détail tout à fait accessoire, et qui n'est due sans doute qu'au besoin de distinguer dans l'usage les deux significations, sert également à exprimer à la fois l'une et l'autre de ces deux idées : μύριοι, dix mille ; μυρίοι, une indéfinité. La véritable raison de ce fait est celle-ci : ce nombre dix mille est la quatrième puissance de dix ; or, suivant la formule du Tao-te-king, « un a produit deux, deux a produit trois, trois a produit tous les nombres », ce qui implique que quatre, produit immédiatement par trois, équivaut d'une certaine façon à tout l'ensemble des nombres, et cela parce que, dès qu'on a le quaternaire, on a aussi, par l'addition des quatre premiers nombres, le dénaire, qui représente un cycle numérique complet : 1 + 2 + 3 + 4 = 10 , ce qui est, comme nous l'avons déjà dit en d'autres occasions, la formule numérique de la Tétraktys pythagoricienne. (2)


1 Le lecteur voudra bien nous excuser de ne pas utiliser le nouveau mode de transcription du chinois ; nous nous en tiendrons à l’ancienne manière, et écrirons donc Tao et non Dao, etc.
2 René Guénon : Les principes du calcul infinitésimal, ch. IX.; cf. aussi « L’Epître des Frères de la Pureté sur les Nombres », Le Miroir d’Isis n° 10.


En d’autres termes : 10 000 = 104 = (1+2+3+4)4. C’est en outre le carré de 100, particularité sur laquelle nous aurons à revenir longuement plus loin.


  • La somme des termes du sacré quaternaire 1, 2, 3, 4, étant égale à 10, ce nombre devint le plus parfait de tous. La centaine, carré de 10, était une harmonie parfaite ; et la myriade, ou 10 000, carré de 100, était une harmonie supérieure. On lit dans le commentaire de Proclus sur le langage des muses : « La myriade [i.e. 10 000] qui est une harmonie supérieure, produite par la centaine multipliée par elle-même, marque le retour de l’âme qui a achevé son œuvre et qui revient au point de départ, comme le dit Socrate dans Phèdre ». (3)


Selon Platon, ce nombre, l’ « harmonie supérieure », est en effet la période du cycle des âmes au bout de laquelle celles-ci peuvent retourner à leur origine (« aucune âme ne peut revenir au lieu d'où elle est partie avant dix mille ans », Phèdre, 248e). Retenons donc qu’outre l’idée d’harmonie, le nombre 10 000 est associé à celle de cycle.

Notons aussi la mise en évidence du nombre 4, qui est celui de la manifestation universelle (4).
En exposant de 10, le 4 génère la totalité des êtres ; additionné à 10, le total est de 14, soit le double de 7, ce qui renvoie aux 7 cieux et aux 7 terres, ou sur le plan temporel aux 7 cycles (Manvantaras) passés et aux 7 cycles à venir du présent Kalpa (5). A strictement parler, il ne s’agit plus alors de l’ensemble de la manifestation universelle, mais d’une particularisation aux êtres régis par ce que l’on peut proprement appeler les « lois » des Manou successifs.

Une note d’un autre ouvrage de Guénon vient expliciter et compléter l’allusion faite ici :


  • ... dans certaines figurations, le livre scellé de sept sceaux, et sur lequel est couché l’agneau, est placé, comme l’« Arbre de Vie », à la source commune des quatre fleuves paradisiaques, et nous avons alors fait allusion à un rapport entre le symbolisme de l’arbre et celui du livre : les feuilles de l’arbre et les caractères du livre représentent pareillement tous les êtres de l’Univers (les « dix mille êtres » de la Tradition extrême-orientale). (6)


Nous ne citerons pas toutes les occurrences de l’expression en question chez les maîtres taoïstes, ce qui nous entraînerait beaucoup trop loin ; quelques extraits du Tao-te-king suffiront à notre propos. Par ailleurs, nous ne connaissons pas le chinois, et sommes donc dépendants des traductions pour retrouver ces occurrences. Nous nous en remettrons pour ce faire à la traduction de Matgioi (7), qui peut paraître un peu datée, mais qui présente l’avantage d’avoir été entreprise avec un souci évident de préserver le sens métaphysique du texte autant que peut le permettre le passage dans une langue occidentale.

3 J. Dupuis : « Le nombre géométrique de Platon », épilogue à : Théon de Smyrne : Exposition des connaissances mathématiques utiles pour la lecture de Platon, Hachette, 1892, p. 373-374.
4 Comme le souligne René Guénon, « ... le quaternaire est partout et toujours considéré comme étant proprement le nombre de la manifestation universelle » (Symboles [fondamentaux] de la Science sacrée, ch. XIV : « La Tétraktys et le carré de quatre »).
5 14 est aussi le nombre d’ « oraisons de la semaine » composées par Ibn Arabî, étant donné qu’il y a une oraison du soir et une oraison du matin pour chaque jour de la semaine (en Islam, la « journée » commence au coucher du soleil).
6 René Guénon : Le symbolisme de la croix, ch. XIV. Voir aussi la note 16 du ch. XXIV.
7 Matgioi : La Voie rationnelle, Éditions traditionnelles, 1941 (rééd. 1984), passim.


Voici donc quelques extraits du Livre de la Voie et de la Vertu (8 ) où sont mentionnés les « dix mille êtres », expression souvent associée comme on va le voir avec la doctrine extrême-orientale du non-agir :


  • La voie, qui est une voie, n’est pas la Voie.
    Le nom, qui a un nom, n’est pas un Nom.
    Sans nom, c’est l’origine du ciel et de la terre ; avec un nom, c’est la mère des Dix mille êtres.
    ...
    C’est la Porte par où passe l’innumérabilité des êtres. (1,1)
    Ainsi voilà que l’homme parfait n’agit pas, n’étant pas inférieur : faire et se taire, telle est sa doctrine. Les dix mille êtres travaillent, et il ne les oublie pas : il les produit et ne les possède pas. Il les développe et n’en tire pas d’avantages ; ils ont des mérites, mais il n’y participe pas. Non, évidemment. Ayant bâti cette maison, il n’y habite pas (9). (1,2)

    La Voie est le terme, mais aussi le moyen. Sans doute, elle est sans fond ; c’est le fleuve où les dix mille êtres ont leur source. (1,4)

    Voici que la Voie va à la fois à droite et à gauche ; elle engendre les dix mille êtres et n’en oublie aucun ; elle a le moyen des mérites, et ne marque pas son nom. Elle aime et nourrit les dix mille êtres ; mais elle ne se veut pas leur maître. D’habitude, les hommes ne veulent pas agir ainsi, et alors il convient que leur nom soit obscur. Les dix mille êtres viennent à la Voie, et elle ne veut pas être leur maître ; il convient donc que son nom soit grand. C’est pourquoi l’homme parfait n’agit pas, et est grand ; c’est pourquoi il peut faire de grandes actions. (1,34)

    La Voie paraît n’agir pas ; cependant jamais elle n’est sans agir. À l’avenir, que les rois la gardent bien rigoureusement, et les dix mille êtres se transformeront d’eux-mêmes. (1,37)

    Qui garde la rectitude gagne l’unité ou perfection. Le ciel, pour perfection, a la pureté.
    La terre, pour perfection, a la paix. L’âme, pour perfection, a la surnaturelle connaissance. Le vide, pour perfection, a la plénitude. Les dix mille êtres, pour perfection, ont la naissance (la vie). Les rois, pour perfection, ont les hommes droits.
    Or, tout ceci est justement l’unité. (2,2)



8 Rappelons que le Tao-te-king est constitué de deux livres réunis en un seul (king), le premier purement métaphysique consacré à la Voie (Tao), le second à la Vertu (Te). Ce dernier mot doit être entendu au sens de « Rectitude », c’est-à-dire de conformité à la Voie droite (en islam, al-çirât al-mustaqîm dont il est question dans la Fâtiha), Le Te est l’application du Tao à l’état humain.
9 Le symbolisme de la « maison » est intéressant : celle-ci est constituée de matériaux qui sont des protections contre l’extérieur mais aussi les limites dans lesquelles s’inscrit l’espace intérieur. Toutefois, la maison en tant que telle n’a évidemment de sens qu’en fonction de ce dernier, qui bien que « vide » en constitue en fait la raison d’être. Voir (1,11) : « Construire, remuer, réparer les matériaux d’une maison, voilà qui est inutilisable ; c’est le vide entre les matériaux, qui fait une maison dont on peut se servir » et le commentaire de Matgioi :
« ...le matériel n’est utilisable que par l’immatériel. La contingence que nous percevons ne nous est perceptible que par l’absolu, que nous ne percevons pas. L’Être que nous comprenons ne nous est intelligible que par le Non-Être, que nous ne comprenons pas ».


Comme l’écrit Matgioi, dans son commentaire du premier verset : « ... la volonté du Ciel et ses effets sont une seule et même chose, et elles nous apparaissent deux choses, parce que nous ne les voyons que par des reflets, qui sont deux reflets visibles et intelligibles d’une Chose unique, invisible et inconcevable... Mais on peut dire que l’origine est la porte par où passe l’Universalité de ce qui Est. » La totalité des êtres manifestés est précisément ce que symbolise l’expression « les dix mille êtres ».

Outre la mention des dix mille êtres, certains versets mettent en évidence le nombre cent, qui en est la racine carrée :


  • Le ciel et la terre sont-ils sans beauté ? alors les dix mille êtres sont vides.
    L’homme parfait est-il sans beauté ? alors les cent familles sont vides. (1,5)


Matgioi commente ce dernier passage comme suit :


  • « Si le ciel et la terre n’étaient pas unis (la beauté étant l’appel à l’union), l’univers n’existerait pas (l’union du Ciel et de la Terre est le produit type de la Volonté). Si l’homme parfait n’existait point, l’humanité n’aurait aucun exemple à suivre, serait inerte, et comme non-existante. Cependant, le ciel et la terre sont unis, et l’homme parfait existe, c’est-à-dire que tout est régulier dans l’univers. » (10)


Et plus loin dans le traité :


  • Les fleuves et les mers font, en coulant, cent abîmes ; de même sont les rois. Les eaux ne savent que descendre ; de même les cent races de rois. (2,29)


Nous avons déjà mentionné que si dix mille est la puissance quatrième de dix, il est aussi le carré de cent : 10 000 = 100 x 100. Nous ne croyons donc pas trop forcer le texte de Lao-Tseu en y voyant une invitation à penser le nombre dix mille sous forme d’un carré comprenant cent lignes et cent colonnes, les lignes (ou les colonnes) pouvant être considérées comme formant une « famille ». Mais puisque « les dix mille êtres sont parfaits » (1,8 ), cette perfection doit se retrouver à un certain égard tout au moins dans un tel carré. En particulier, les cent familles doivent en quelque sorte être « équivalentes », conformément à ce qui est écrit dans la deuxième partie du traité (2,12) : « Le Sage n’a pas d’affections particulières ; les cent familles sont ses affections. » Ce qui précède nous amène tout naturellement à imaginer un carré de cent lignes et de cent colonnes (les unes ou les autres pouvant représenter les « familles »), rempli avec les dix mille premiers nombres, et dont les lignes et colonnes auraient même valeur numérique ; autrement dit, un carré magique de base 100.

On sait que la plus ancienne mention connue d’un carré magique (le Lo-chou, de base 3) se trouve dans la tradition extrême-orientale. Nous n’avons pas de témoignage connu de carrés magiques chinois de grande taille, mais rien n’empêche de supposer qu’il existait à ce sujet des connaissances qui n’étaient pas divulguées.

10 Cf. « Le ciel et la terre unis ensemble, la rosée tombe douce. » (1,32)


Fin partie 1

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Message par Ligeia Sam 25 Juil - 11:10

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Les dix mille êtres


(suite et fin)

On pensera peut-être qu’un carré magique de taille 100 x 100 dépasse les bornes de ce que l’on peut construire par des moyens élémentaires (11), mais ce n’est pas forcément vrai. Les méthodes de construction des carrés magiques d’ordre pair sont certes moins simples que celles des carrés d’ordre impair, pour lesquels des règles de remplissage quasi-automatiques peuvent garantir un résultat. Il existe néanmoins aussi certaines méthodes, moins directes, mais néanmoins efficaces, qui peuvent permettre de construire un carré d’ordre pair, même de grande taille. Les carrés dont l’ordre est divisible par 4 (ce qui est le cas de 100) sont en outre moins difficiles à construire que ceux dont l’ordre est simplement pair (i.e. divisible par 2 mais pas par 4). Quoi qu’il en soit, on verra plus loin qu’un carré magique 100 x 100 est mentionné (mais non donné explicitement) dans un traité du XVe siècle qui lui attribue une grande antiquité.

Les carrés magiques sont souvent classés de nos jours dans la rubrique « jeux » ou « récréations mathématiques ». Il ne faut pas s’en étonner, puisque l’aspect qualitatif et symbolique des nombres est largement perdu de vue (12). Peut-être les aspects symboliques des carrés magiques sont-ils en fait ceux qui retiennent encore un peu l’attention, car il n’est pas possible de comprendre certains textes de la Renaissance, tels ceux d’Agrippa, si l’on refuse de les prendre en considération. Mais d’une manière générale, les mathématiques ont connu depuis l’Antiquité un processus de développement par lequel on a cessé de s’intéresser aux qualités des nombres et des figures géométriques pour se focaliser uniquement sur les aspects quantitatifs et plus récemment sur les structures les plus abstraites possibles ; historiquement, il n’est toutefois pas sans ironie de constater que certains de ces développements prennent en fait leur racine dans des tentatives de déterminer si un nombre est rationnel ou non, ou si une grandeur est constructible à l’aide de la règle et du compas.
On s’est souvent gaussé, bien à tort, des réactions de certains pythagoriciens vis-à-vis du fait que la diagonale du carré de côté unité n’est pas exprimable comme quotient de deux entiers (c’est la définition de l’irrationalité) ; une telle découverte ne pouvait en effet manquer de provoquer une grande perplexité, et il a fallu attendre plus de vingt siècles avant qu’une construction acceptable de l’ensemble des nombres dits « réels » soit proposée par Dedekind ; et en plein milieu du vingtième siècle, la démonstration du fait que la série des inverses des cubes des nombres entiers est irrationnelle a jeté l’étonnement dans le petit monde des mathématiciens pour qui ce problème était considéré comme extrêmement difficile. Cela montre que même si les mathématiques sont devenues complètement profanes, le fait qu’un nombre soit le quotient de deux entiers est encore un sujet de recherches très actif ; et donc, que les mathématiciens n’oublient jamais tout à fait l’origine pythagoricienne de leur science.

11 Dans un carré magique de base 100, la somme de chaque ligne ou de chaque colonne vaut 500 050 !
12 De nombreux jeux, à l’origine desquels il est en général difficile de remonter, comportent un symbolisme qui est la signature de leur origine traditionnelle. Le jeu d’échecs et les jeux de cartes sont souvent les premiers qui viennent à l’esprit, mais il y en a d’autres : le jeu de solitaire, par exemple, où la position de départ consiste en un plateau en forme de croix dont toutes les « cases » sont occupées, sauf la case centrale, et où il faut arriver à une position finale où toutes les cases sont vides sauf la case centrale qui contient l’unité, présente un symbolisme initiatique tout à fait évident. Le mathématicien Édouard Lucas, auteur de Récréations mathématiques bien connues, écrit ceci, qu’il n’est peut-être pas hors de propos de citer dans le présent contexte : « Le Dictionnaire des Origines fait observer, mais sans en dire plus, que le jeu du solitaire dérive du jeu des mages, ou des carrés magiques. Il est fort possible qu’il y ait une relation étroite entre ces deux jeux...
D’autres font naître le solitaire en Chine, à une époque très reculée. »


Dans un ordre d’idées analogue, trois fameux problèmes de constructibilité au moyen de la règle et du compas ont également attendu plus de deux mille ans avant que leur impossibilité ne soit définitivement démontrée : à savoir la quadrature du cercle, la trisection de l’angle et la duplication du cube.

A.A. - Les dix mille êtres Islam_15


En réalité, la véritable signification du problème de la « quadrature du cercle » (qui d’un point de vue purement mathématique fait intervenir le nombre π) est de nature initiatique, puisque ce dont il s’agit est de trouver une commune mesure au Ciel (symbolisé par le cercle) et à la Terre (symbolisée par le carré) ; commune mesure qui n’existe pas si l’on s’en tient à la suite des nombres entiers, et qui nécessite le saut qualitatif d’une « intégration » (13) faisant intervenir un nombre « transcendant » (ce qui montre que même le langage mathématique le plus ordinaire ne peut s’empêcher de faire allusion à ce dont il s’agit). Curieusement, dans la tradition chinoise, c’est la tortue qui symbolise l’union du Ciel et de la Terre ; et c’est précisément une tortue qui, sortant de la rivière Lo, présenta pour la première fois le carré magique de 3 à Yu le Grand. On peut également se souvenir du fait que les anciennes monnaies chinoises étaient formées d’un disque circulaire contenant un carré évidé en son centre ; et comme le note Guénon, « entre le contour circulaire et le vide médian carré, la partie pleine, où s’inscrivent les caractères, correspond évidemment au Cosmos, où se situent les "dix mille êtres" » (14). Ce n’est donc qu’en apparence que nous nous écartions de notre sujet ; c’est d’autant moins le cas que c’est dans un ouvrage consacré cette fois au problème de la duplication du cube que nous avons trouvé, de manière assez inattendue, des indications précises sur la haute antiquité du carré magique 100 x 100, sur son symbolisme et même sur l’usage qui en a été fait.

13 Au sujet de l’intégration et de l’aspect de « synthèse » qu’elle représente, on se reportera une nouvelle fois aux Principes du calcul infinitésimal déjà cités.
14 René Guénon : La Grande Triade, ch.III.


L’ouvrage en question est d’un auteur nommé Lutfallâh al-Tâqâtî, lequel vécut au XVe siècle dans l’empire ottoman, et est aussi connu sous le nom de Mollâ Lutfi al-Maqtûl (ce dernier qualificatif étant dû à la fin malheureuse de l’intéressé qui fut décapité sur l’ordre du sultan Mohamed II dont il avait été le bibliothécaire). Il a pour titre La duplication de l’autel (15). Comme on peut s’y attendre, on n’y trouve aucune allusion explicite à la tradition extrême-orientale.
L’auteur écrit toutefois ceci : « La science des carrés magiques est une science initiale que Dieu créa lui-même ; jamais ensuite les prophètes et les saints n’ont cessé de se la transmettre par héritage, de même que les Sages, d’un maître à l’autre ». Et plus précisément encore un peu plus loin : « (Dieu) a initié lui-même Adam à cette science ; puis tour à tour, ses prophètes parmi les prophètes, les saints et les Sages, de maître en maître se la sont transmises en héritage, jusqu’à ce que vint le tour d’Abraham. » Ces passages remarquables appellent tout de suite deux remarques : d’une part, la science des carrés magiques est considérée comme une science adamique, d’origine divine, et ce qui est dit ici de la science des carrés magiques forme comme un écho à ce qui est affirmé par la tradition au sujet de la « science des Lettres ».  Les carrés magiques sont « une disposition harmonieuse des nombres » (16) ; peut-être pourrait-on les comparer dans le domaine des nombres à ce que la langue « syriaque » ou « solaire » est aux lettres. Ils symbolisent à leur manière un état « primordial » où les nombres sont disposés de manière à exprimer l’harmonie du cosmos ; en particulier, le carré de base cent exprime donc l’harmonie des « dix mille êtres » (17).

Une deuxième remarque est que la lignée des prophètes, depuis Adam jusqu’à Abraham, passe nécessairement par sayyidnâ Idrîs, et nous rappellerons que selon certains chroniqueurs musulmans, Idrîs/Énoch/Hermès serait originaire de la Chine ; il n’est donc pas complètement exclu que le rapprochement que nous proposons ici trouve effectivement son origine en Extrême-Orient. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, la rencontre entre la mention des dix mille êtres (ainsi que des cent familles et des cent rois) dans la tradition chinoise et les indications que nous allons reproduire ci-après nous paraît suffisamment significative en soi.

15 Mollâ Lutfi’l Maqtûl : La duplication de l’autel. Platon et le problème de Délos. Texte arabe publié par Serefettin Yaltkaya. Traduction française et introduction par Abdulhak Adnan et Henry Corbin. Éditions De Boccard, Paris, 1940.
16 L’Arrangement harmonieux des nombres et L’Abrégé enseignant la disposition harmonieuse des nombres sont les titres de deux traités arabes anonymes du XIe siècle consacrés aux méthodes de construction des carrés magiques. Cf. Jacques Sesiano : Les Carrés magiques dans les pays islamiques, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2004.
17 Le nombre dix mille est aussi, on l’a vu chez Proclus, un symbole du cycle de la descente et de la remontée de l’âme, ce qui peut aussi s’entendre de l’Âme universelle, et donc du caractère cyclique de la manifestation.


Le traité commence par exposer ce qu’est le problème de la duplication du cube. Rappelons que selon Plutarque et Théon de Smyrne, la peste ayant frappé l’île de Délos, les habitants consultèrent l’oracle d’Apollon afin de savoir ce qu’il fallait faire pour arrêter l’épidémie. L’oracle répondit qu’il fallait doubler l’autel. Celui-ci ayant une forme cubique, toutes les tentatives naïves de résoudre le problème en conservant la forme de l’autel se soldèrent par un échec. Doubler toutes les arêtes multiplie le volume par 8 ; doubler une seule arête fait de l’autel un parallélépipède, et non plus un cube (18 ). Dans la version grecque de l’histoire, les Déliens vont consulter Platon, qui leur fait comprendre que l’oracle les incite à l’étude de la géométrie. L’opuscule de notre auteur présente toutefois de curieuses variantes : il s’agit à présent d’un « certain temple des Grecs » qui était « dit-on, le temple de David le prophète ». « Un prophète d’Israël fut consulté sur le moyen de mettre fin à ce fléau. Dieu leur révéla que dès qu’ils auraient doublé l’autel, qui était dans leur temple et qui avait la forme d’un cube, la peste s’éloignerait d’eux. » Ne pouvant résoudre le problème, et la peste ne cessant pas, les habitants de Délos, dans un curieux va-et-vient entre tradition prophétique et philosophie grecque, vont alors trouver (comme dans la version classique) Platon (19) qui leur tient le discours suivant :

Dès qu’il vous sera possible de tirer deux lignes entre deux lignes selon une progression continue [c’est-à-dire de construire deux moyennes proportionnelles], vous parviendrez à la duplication de l’autel. Aucun stratagème ne peut vous y conduire, en dehors de la construction de ces deux lignes. Efforcez-vous donc de les produire, jusqu’à ce que vous couronniez le travail de cette construction par la duplication de l’autel. Puis, déposez un carré de dix mille cases renfermant dix mille nombres dans leur suite naturelle.

Voici donc, de la manière la plus inattendue qui soit, notre carré de base cent contenant les dix mille premiers nombres entiers. L’auteur, ensuite, se propose « d’expliquer tout ce qui figure dans cette histoire ». Nous ne nous attarderons pas sur les premiers éléments de celle-ci, et passerons directement à la huitième question : « Le rapport entre la duplication de l’autel et le carré magique de 100 x 100 ».

Les Sages ont coutume, lorsqu’ils fondent des temples ou d’autres édifices, de déposer dans les fondations ou dans les murs, dans la toiture ou dans la terrasse, ou dans quelque autre lieu encore, un carré magique correspondant à leurs buts et à leurs besoins. Dans le livre intitulé Shams al-Afâq fî ma`rifat al-Awfâq (20), il est déclaré qu’Abraham fut le premier à parler de la science du carré magique (Wafq) ; il déposa un carré de 100 x 100 dans les fondations de la Mekke (21). De son côté, le philosophe Thalès en déposa un dans le Temple de Mercure ; on raconte même qu’il avait construit ce carré sous l’inspiration divine.

Le texte continue en évoquant le carré de 6 x 6 contenant les 36 premiers nombres, qui est comme on le sait le carré du Soleil, et dont chaque ligne ou colonne a pour total le nombre polaire 111. Nous avons déjà évoqué les relations de ce carré avec Hermès/Idrîs (22) ; il est intéressant de noter à ce sujet que, selon le traité que nous citons, « lorsque l’on construisit les Pyramides d’Egypte, on déposa à la base une brique cuite au soleil sur laquelle était établi un carré 6 x 6 » ; ceci n’est peut-être pas sans relation avec la tradition qui fait de la Grande Pyramide le « tombeau d’Hermès ».

18 D’un point de vue mathématique, il s’agit de trouver deux moyennes proportionnelles entre 1 et 2 ; la solution est la racine cubique de 2, qui est un nombre irrationnel. (De a/x = x/y = y/2a, on tire facilement x3 = 2a3.) De nombreuses solutions géométriques existent depuis l’antiquité, mais aucune n’est applicable à l’aide seulement de la ligne droite et du compas.
19 On pourra se rappeler que Platon est souvent qualifié de « divin » (Aflâtûn al-ilâhî) par nombre d’auteurs musulmans (al-Fârâbî, par exemple).
20 Selon les traducteurs, référence probable au traité d’al-Bûnî : Shams al-maʿarif al-kubra.
21 On sait que selon la tradition islamique Abraham et son fils Ismâʿîl édifièrent la Kaaba.
22 Le Miroir d’Isis, n°20.


Le texte continue en étudiant la question de savoir pourquoi la duplication du cube est associée au carré de base 100, et ensuite celle de déterminer pourquoi ce carré permit de mettre fin à l’épidémie de peste. La première question nous ramène au fait que 10 000 est la quatrième puissance de 10 :

... de même que dans la duplication, s’agissant de lignes en progression continue, chacune des lignes de cette progression est multipliée par elle-même ; de même, dans le carré magique de 100, s’agissant de nombres en progression continue, chacun des nombres de cette progression est multiplié par lui-même, c’est-à-dire 10, 100, 1 000 et 10 000, car le rapport de 10 à 100 est comme le rapport de 100 à 1 000, et le rapport de 100 à 1 000 est comme le rapport de 1 000 à 10 000... Le carré magique de 100 x 100 répond donc à la duplication du cube.

Traduisons : de même que la solution du problème de la duplication du cube nécessite de trouver quatre nombres en progression géométrique dont la raison est la racine cubique de 2, de même les quatre nombres 10, 100, 1 000 et 10 000 forment-ils une progression géométrique de raison 10. Mais il y a plus. Voici la suite du texte :

C’est pourquoi l’indication invitant à la duplication, impliquait du même coup une indication de ce carré magique, deux choses étant considérées, à savoir : la coutume de déposer ces carrés dans les édifices, et d’autre part le fait que certaines des causes de la peste étant des causes célestes, seules des choses divines pouvaient faire cesser ces causes.

C’est donc l’origine divine du carré magique qui explique son efficacité, en l’occurrence le fait de mettre fin à l’épidémie qui touchait l’île de Délos. Examinant alors plus en détail la question suivante, à savoir : « Pourquoi la peste s’éteignit grâce à la construction du carré magique de 100 x 100 », l’auteur donne une série de précisions très dignes d’intérêt (le paragraphe ci-dessous fait immédiatement suite au passage déjà cité évoquant la transmission de la science des carrés magiques depuis Adam jusqu’à Abraham) :

Abraham l’a analysée, il l’a divulguée, il en a fait apparaître en pleine lumière les mystères, et il a expliqué les propriétés des carrés ; il fut vraiment le premier à traiter de l’analyse de cette science... Puis vint le tour de Moïse. Moïse également mit en lumière quelques-uns des secrets et des propriétés de cette science ; il établit même le carré de 6 x 6 sur un feuillet d’or, et grâce à lui fit émerger des profondeurs du Nil le cercueil de Joseph (23)... Puis le tour échut à Salomon. Salomon donna ses soins à la science des Nombres et des carrés magiques, et il y initia ses disciples...

23 Selon la tradition juive (Rachi, commentaire à Exode, 32, 4), Moïse jeta dans le Nil un plateau d’or sur lequel était écrit « Monte, ö Taureau », ce qui eut pour effet de faire remonter à la surface le cercueil de Joseph après plusieurs siècles d’immersion dans le fleuve. Cette histoire est liée à une autre beaucoup plus connue, le plateau en question ayant été ensuite jeté dans un creuset pour façonner le Veau d’Or. Il est à peine besoin de faire remarquer que le veau est un jeune taureau. Pour le rapport du taureau avec Joseph, voir Deut. 33,17 : « De ton taureau premier-né il a la majesté ». Dans le texte de Molla Lutfi, le carré magique du Soleil joue le rôle de l’invocation au taureau ; il serait intéressant d’en chercher la raison.

Pythagore, ce sage qui était le fils d’une vierge de même que Jésus le prophète, et dont la naissance avait été annoncée par des oracles, acquit des disciples de Salomon l’expérience dans les sciences physiques et théologiques. Ensuite il travailla d’accord avec eux à la Science des Nombres et des carrés magiques, ... il put extraire... les propriétés des nombres, et organisa le corpus de la science arithmétique... Il assura que l’éclat de sa doctrine, il l’avait emprunté à la lumière qui brille dans la Niche de la Prophétie (24), et il ordonna à ses élèves d’avoir un culte pour le Nombre, de s’enfoncer dans la révélation de ses secrets. Il déclara enfin : « La science du Nombre est une clarté qui vient du monde spirituel, un tison ardent de la grâce divine. »

Nous avons tenu à citer tout ce passage qui montre combien la figure de Pythagore est vénérée en terre d’Islam, mais atteste également que la doctrine pythagoricienne se rattache de manière effective à la lignée prophétique qui, ayant abouti à Abraham à partir d’Adam et d’Idrîs, continue à travers Moïse et Salomon à assurer la transmission des secrets de la science sacrée. De Pythagore, cette science, ou plus exactement sans doute un certain aspect de cette science seulement, va se transmettre à d’autres philosophes et savants grecs et donner lieu à la naissance des mathématiques telles que nous les connaissons, tout en s’éloignant de plus en plus des principes jusqu’à devenir une science profane ; mais il nous paraît néanmoins significatif que la tradition pythagoricienne soit ici explicitement rattachée à la chaîne prophétique. Sans en être bien sûr exclusif, il s’agit tout de même d’autre chose que de simples voyages en Egypte ou en Orient.

24 Allusion probable au « verset de la Lumière » (Cor. 24, 36)

On pensera peut-être que nous nous sommes une nouvelle fois laissé entraîner loin de notre carré de base cent ; il n’en est rien, comme le montre la suite du texte :

Ensuite, le tour échut à Thalès, le Sage de Milet. Thalès déposa un carré 100 x 100 au temple de Mercure sur une tablette carrée, et affirma qu’il l’avait découvert sous une inspiration divine. Tous les Grecs en tirèrent bon augure et lui rendirent les plus grands honneurs... Cette tablette subsista parmi eux pendant de longues années, jusqu’à ce que parût le Sage Archimède. Celui-ci l’observa et en mit au jour les propriétés ; il expliqua en quoi consistait la connaissance de ce mystère et révéla le procédé pour composer un tel carré. L’une de ses propriétés bien établie par l’expérience et sur lesquelles tout le monde est d’accord, est la suivante : lorsqu’il se trouve dans une maison, ni la peste, ni les épidémies, ni les autres maladies graves n’y pénètrent...
Dorothéos le Sage (25) l’a mentionné de son côté, et en lui était le secret du Nom Sublime de Dieu. (26)

25 Vraisemblablement Dorothée de Gaza (fl. ca. 600), dont les œuvres furent traduites en syriaque et en arabe, à moins qu’il ne s’agisse de Dorothée de Sidon, astrologue grec du 1er siècle, auteur d’un Carmen astrologicum également traduit en arabe. La première hypothèse nous paraît toutefois de loin préférable, car on sait l’importance accordée par le christianisme oriental à la doctrine (et à l’invocation) du Nom.
26 Le texte est ambigu : on peut comprendre que le secret était en Dorothéos, ou dans le carré.


Ce qui doit retenir l’attention ici est la mention du « Nom Sublime » de Dieu. On connaît en effet le hadith célèbre : « Dieu a 99 noms, cent moins un ; celui qui les retiendra entrera au Paradis » (27), le centième nom étant le « Nom Suprême », al-ism al-aʿzam, dont la connaissance équivaut à l’état de « l’Homme Universel » ; raison pour laquelle le tasbih ou rosaire des musulmans comprend 99 grains. Par son côté égal à cent, le carré magique contenant les dix mille premiers nombres est donc une allusion à un cosmos, symbolisé par les dix mille êtres, réintégré au sein du divin. Ce que Platon et Proclus disaient de l’âme, en utilisant un symbolisme temporel, en apparaît comme une sorte d’écho affaibli. D’une certaine manière, on pourrait dès lors considérer que le carré de 100 symbolise non seulement la duplication du cube, mais aussi la quadrature du cercle. Certes, « le nombre 100, comme 10 dont il est le carré, ne peut normalement se référer qu’à une mesure rectiligne et non à une mesure circulaire », mais « dans la tradition islamique, le nombre des grains (du rosaire) est de 99, nombre qui est aussi "circulaire" par son facteur 9, et qui ici se réfère en outre aux noms divins... il est dit qu’il manque un grain pour compléter la centaine (ce qui équivaut à ramener la multiplicité à l’unité), puisque 99 = 100 – 1, et que ce grain, qui est celui qui se rapporte au "Nom de l’Essence" (Ismudh-Dhât), ne peut être trouvé que dans le Paradis. » (28 )

Le rapprochement avec les Noms divins est bien entendu explicité par Lutfî. Après un passage où il est question de l’usage de placer ce carré sur les étendards pendant les guerres, l’auteur conclut en effet :

Ainsi, se trouve fondée par l’expérience et par la tradition émanant de témoins dignes de foi, l’efficacité de ce carré qui est le produit de la multiplication du nombre 100 par lui-même ; nombre qui est en même temps le nombre des « plus beaux noms de Dieu », Un Seul excepté, qui est le nom le plus caché aux créatures, car ce Seul est le Nom Sublime, celui qui suffit pour l’existence de toutes choses, et qui rassemble en lui-même l’ensemble des Noms divins. D’où, celui qui comptera le nombre 100, aura compté l’ensemble des Noms divins par degré, synthétiquement et analytiquement. Lorsqu’il aura multiplié ce nombre par lui-même, c’est comme s’il avait énuméré deux fois les noms divins : une première fois un à un, une seconde fois, chacun respectivement avec le nombre de l’ensemble des noms. D’autre part, le nombre 100 est le produit de la multiplication de 10 x 10. Or, dix est le nombre des Intelligences qui sont les principes de l’Être ; dans la multiplication de 10 par 10 on considère donc respectivement chacune de ces Intelligences avec leur nombre total. Et ce carré en qui sont considérés les Noms divins de cette façon, représente aussi la multiplicité, la composition et la division qui sont les sources des manifestations descendantes de l’existence et des degrés de l’Être.

27 Rapporté notamment par al-Bukharî (Kitâb al-Tawḥîd, 12 ; trad. Houdas, IV, p. 585).
28 René Guénon : Symboles [fondamentaux] de la Science sacrée, ch. LXI : « La chaîne des mondes ». Afin de clarifier si nécessaire, rappelons que du point de vue de l’être non encore réalisé, l’état d’ « homme primordial » n’est pas discernable de celui d’ « Homme Universel », l’accès à ce dernier ne pouvant se faire autrement que par le premier, qui s’identifie avec le centre de l’état humain. Par conséquent, même si selon certaine expression parfois citée « le Paradis est la prison du Connaissant », cela ne change rien au fait qu’il n’est pas concevable de parvenir au « Nom de l’Essence » sans passer par l’état « paradisiaque ». Voir notamment La Grande Triade, passim, pour toutes précisions utiles.


La dernière partie du texte cité, en mettant en évidence le produit de 10 par 10, et cela dans un contexte explicitement en relation avec les noms divins, fait écho à un carré de base 10 donné dans un traité attribué à Ahmad al-Bûnî et publié sous son nom (29), carré qui contient 99 noms divins, la centième case contenant le nom du prophète Muhammad. On se souviendra du hadith dans lequel ce dernier dit de lui-même qu’il a reçu « les sommes des Paroles » (jawâmiʿ al-kalim). Le point tout à fait extraordinaire dans ce carré (30) (qui se lit de droite à gauche et de haut en bas) est que si l’on calcule le nombre associé à chaque nom divin selon l’abjad (oriental) et que l’on considère le carré comme rempli avec les nombres en question, les totaux de presque toutes les lignes, de toutes les colonnes et des deux diagonales donnent le même résultat, qui est 3 394 (31) ; autrement dit, il s’agit d’un carré (presque) magique formé non pas avec les cent premiers nombres entiers, mais avec les nombres des 99 noms divins auquel vient s’ajouter le nombre 92, qui est celui du nom Muhammad. Bien qu’il existe des variantes assez nombreuses dans la liste des 99 « beaux noms de Dieu » ainsi que dans l’ordre dans lequel ils sont énoncés, il est néanmoins étonnant, pour dire le moins, qu’il soit possible d’arranger ces noms dans un carré 10 x 10 de manière à obtenir un carré quasi-magique avec leurs nombres.

29 Manbaʿ uçûl al-hikma (Les sources des fondements de la sagesse), Casablanca, sd., p. 208. Dans sa thèse de doctorat (Paris IV – Sorbonne, 2013) intitulée La magie islamique et le « corpus bunianum » au Moyen Âge, Jean-Charles Coulon estime qu’aucune des quatre épîtres qui constituent ce recueil n’est d’al-Bûnî lui-même.
30 M. Abd-el-Bâqî Meftah a fait état de ce carré dans la revue Vers la Tradition, n° 133. Malheureusement, le carré donné par M. Meftah est un carré déjà corrigé par ses soins comme expliqué à la note suivante, et non le carré original, ce qui, ajouté à l’une ou l’autre inexactitude dans l’article en question, rend le tout difficilement compréhensible. Nous reproduisons à la figure 2 le carré tel que publié dans l’édition déjà mentionnée. Les chiffres sont ceux en usage dans les pays arabes. A noter que le zéro est représenté par un point, à ne pas confondre avec le petit cercle représentant le chiffre 5.
31 Les cinquième et sixième lignes donnent respectivement pour total 3 395 et 3 393. Ces totaux ne diffèrent que d’une unité de 3 394, et l’ensemble des deux lignes vaut 2 x 3 394. Dans l’article mentionné à la note précédente, M. Meftah propose de modifier le carré de manière à le rendre complètement magique. A cette fin, il remplace le nom wâjid (de nombre 14) par ahad (de nombre 13) ; jusque-là nous pourrions encore le suivre. Mais comme il faut aussi modifier la ligne suivante, il remplace wâlî par huwa awwal, ce qui semble beaucoup plus sujet à caution. En effet, pourquoi mettre le pronom huwa (Lui) devant ce nom awwal uniquement, si ce n’est de manière totalement artificielle pour arriver au total voulu ? Par ailleurs, si on voulait vraiment lier le pronom au Nom divin, il nous paraît qu’il y faudrait l’article défini, conformément à Coran (57, 3) : « Huwa al-Awwal wa al-Akhir...». Le plus sage nous paraît donc de laisser le carré comme il est, en l’absence d’indice nous permettant de savoir si cette légère différence est voulue ou non (et si oui quelle est la « juste » correction à apporter). Il est à noter que de nombreux carrés, dans l’œuvre (manuscrite et imprimée)
d’al-Bûnî, présentent des « erreurs » qui procèdent probablement de la volonté de ne pas permettre à ceux qui n’en sont pas jugés dignes de confectionner des talismans en recopiant purement et simplement dans le traité le tableau ou le carré y figurant ; voire d’éviter que ce dernier produise supposément des effets ex opere operato.


A.A. - Les dix mille êtres Islam_16


Résumons. Il existe dans un traité attribué à al-Bûnî un carré quasi-magique de base 10 contenant 99 noms, tandis que par ailleurs le carré numérique de base 100 est lui aussi mis en relation avec les noms divins, de manière moins directe mais appelant à considérer ces noms comme les générateurs de l’ensemble de la manifestation. Est-il besoin de rappeler que dans le Coran, il est explicitement dit : « Et Il enseigna à Adam tous les noms » (2, 31). De même dans le taoïsme, la multitude innombrable symbolisée par les dix mille êtres est-elle en quelque sorte concentrée et résumée dans la personne du "Fils du Ciel et de la Terre" : le jen (Homme) qui est aussi wang (Roi-Pontife), Homme Universel et Médiateur (32).

32 René Guénon : La Grande Triade, ch. XVII.

Cette totalité est mise en relation par Lutfi avec le carré 100 x 100 et donc avec le nombre dix mille, lequel représente, aussi bien dans la tradition extrême-orientale que chez les Grecs, la multitude indéfinie des êtres manifestés. Le carré magique 100 x 100 fait toutefois allusion en outre au fait que ces êtres, et donc aussi ces nombres, sont disposés d’une manière harmonieuse et qui garantit l’équilibre du cosmos. On peut y voir certes, et à bon droit, comme nous l’avons dit plus haut, une allusion à l’état adamique précédant la chute ; mais en réalité, et malgré toutes les apparences, le cosmos reste en un certain sens toujours équilibré, faute de quoi il ne pourrait subsister ; car « la somme des déséquilibres partiels par lesquels est réalisé toute manifestation constitue toujours et invariablement l’équilibre total » (33), de sorte que, comme l’écrivait Matgioi, « tout est régulier dans l’univers ».

Ainsi, la doctrine des carrés magiques telle que nous l’avons vue exposée dans le traité sur la duplication de l’autel fait-elle écho à la doctrine taoïste des dix mille êtres. Le carré magique de base 100 (34), même s’il n’est pas attesté en Chine, symbolise excellemment cette doctrine, qui, comme il est dit des carrés magiques eux-mêmes, est d’origine divine et s’est transmise par la lignée des prophètes jusqu’à Pythagore et ses disciples d’un côté, et à la tradition islamique de l’autre. Le fond de l’enseignement est toujours le même, qui constitue, tout au moins dans l’un de ses aspects, la signification profonde de la Tétraktys pythagoricienne.

33 René Guénon : Le Symbolisme de la Croix, ch. VI.
34 Lutfî parle bien, rapportant les dires de Platon au sujet de la duplication de l’autel, de déposer sous celui-ci « un carré de dix mille cases renfermant dix mille nombres dans leur suite naturelle ». Il s’agit donc bien d’un authentique carré magique. A côté des carrés véritablement magiques, on peut mentionner qu’il existe aussi des carrés dits latins. Chez al-Bûnî, par exemple, on trouve des vrais carrés magiques, mais aussi de nombreux carrés latins, dont les lignes sont simplement formées par la répétition, dans un ordre différent, des éléments figurant sur la première ligne, et arrangés de telle sorte qu’un même élément se retrouve une fois et une seule dans chaque colonne. Un tel carré, s’il est composé de nombres voire de lettres dont on considère les valeurs numériques, est automatiquement « magique », en ce sens que le total de toutes les lignes et de toutes les colonnes est par construction identique. Il va de soi qu’il est beaucoup plus facile de construire un carré latin qu’un carré véritablement magique. Les carrés latins peuvent d’ailleurs servir de base pour la construction des carrés magiques, notamment d’ordre pair, selon des procédés qu’il n’est pas possible d’expliquer ici. Cela étant dit, il nous semble que même dans l’éventualité où l’on rencontrerait un carré latin de base 100, le symbolisme qui se dégage de tout ce qui précède n’en serait pas fondamentalement altéré : le Tao-te-king lui-même parle des « cent rois » et des « cent familles », ce qui est tout à fait compatible avec un arrangement en carré latin (cent symboles différents étant alors permutés sur cent lignes).



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Message par Alfihar Sam 25 Juil - 12:50

À la lecture de ce texte sur les 10 000, cette référence aux myriades a inspiré à Ligeia et moi un lien potentiel au texte de l'Apocalypse sur les sauterelles et Gog et Magog

  • « De la fumée sortirent des sauterelles, qui se répandirent sur la terre; et il leur fut donné un pouvoir comme le pouvoir qu'ont les scorpions de la terre. 4 Il leur fut dit de ne point faire de mal à l'herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n'avaient pas le sceau de Dieu sur le front. » (chap 9)


Ces sauterelles ont quelques particularités curieuses. Elles sont l'une des catastrophes finales et en lien avec cette fameuse fumée déjà évoquée à d'autres occasions. Elles sont également couronnées d'or, ont des têtes humaines et ressemblent à des chevaux. Cela fait donc penser au déferlement d'un peuple qui ravagerait la Terre comme les peuples asiatiques du Nord (Huns Turco-mongols) l'on fait plusieurs fois. Or c'est un des liens que nous avons établi avec les GM. Cette référence au cheval n'est d'ailleurs pas innocente.
On sait que Aliskandar a contenu ces peuples derrière le fameux mur et que cela était localisé au NE.

L'autre référence intéressante est celle à l'or car ce métal représente le soleil mais a une origine souterraine et donc ténébreuse.
On sait que traditionnellement le travail des métaux et leur recherche est qqch d'exécrable à l'exception des Kabires qui sont des initiés liés au Mahdi et à la science des maîtres de l'or. R. Guénon a évoqué la métallurgie dans le règne de la quantité :


  • "À ce propos, nous ajouterons incidemment une autre remarque qui ne semblera peut-être que singulière ou curieuse, mais que nous aurons l’occasion de retrouver par la suite : les « gardiens des trésors cachés », qui sont en même temps les forgerons travaillant dans le « feu souterrain », sont, dans les « légendes », représentés à la fois, et suivant les cas, comme des géants et comme des nains"

Or ces sauterelles humaines sortant des entrailles de la terre peuvent représenter des nains, c'est à dire ces peuples souterrains issus de la terre creuse, libérés comme châtiments à la fin du cycle.
R. Guénon précise que cela a aussi un lien avec des influences d'ordre inférieur:


  • "On comprendra peut-être mieux ce que nous venons de dire si l’on remarque que les métaux, suivant le symbolisme traditionnel, sont en relation non seulement avec le « feu souterrain » comme nous l’avons indiqué, mais encore avec les « trésors cachés », tout cela étant d’ailleurs assez étroitement connexe, pour des raisons que nous ne pouvons songer à développer davantage en ce moment, mais qui peuvent notamment aider à l’explication de la façon dont des interventions humaines sont susceptibles de provoquer ou plus exactement de « déclencher » certains cataclysmes naturels. Quoi qu’il en soit, toutes les « légendes » (pour parler le langage actuel) qui se rapportent à ces « trésors » montrent clairement que leurs « gardiens », c’est-à-dire précisément les influences subtiles qui y sont attachées, sont des « entités » psychiques qu’il est fort dangereux d’approcher sans posséder les « qualifications » requises et sans prendre les précautions voulues ; mais en fait, quelles précautions des modernes, qui sont complètement ignorants de ces choses, pourraient-ils bien prendre à cet égard ? "


Nous avons toujours considéré GM plutôt comme un déchaînement de ce genre de force.
Dans la plupart des légendes, les trésors sont gardés par des dragons qui doivent forcément représenter ces forces psychiques protectrices devenues malveillantes avec l'avancement du cycle et l'état d'ignorance des humains.

Cela m'évoque instantanément deux références à Tolkien dans le seigneur des anneaux et dans Bilbo.

Dans le seigneur des anneaux les héros sont contraints de traverser l'ancien royaume souterrain des nains, la Moria (sorte de Méru inversé), or celui-ci y est infesté d'orques mais pire de monstres qui ont été réveillés par les nains lorsqu'ils ont trop avidement creusé la montagne pour y chercher les métaux. La pire créature est un Balrog, sorte de géant monstrueux doté d'un fouet de feu. Il est combattu par Gandalf le magicien qui le replonge dans les ténèbres et chute avec lui pour sauver ses compagnons. Ce qui est décrit ici est un véritable combat initiatique contre ce genre d'entité maléfique qui protège ces trésors souterrains et Gandalf ressort vivant du combat et transformé, de Gandalf le gris il est devenu Gandalf le blanc et a acquis un niveau spirituel supérieur.

Dans Bilbo, les nains tentent de dérober à un dragon son fabuleux trésor ; ils finissent par le vaincre mais sont corrompus à leur tour par le trésor remplaçant ainsi le dragon.

Cela évoque bien ces entités et les qualifications nécessaires pour les vaincre.

On retrouve aussi cette double référence aux nains et aux géants.
Les juifs d'après la Bible décrivent d'ailleurs GM comme des géants.

Dans la mythologie grecque les divinités primordiales, les Titans, sont des géants comme Chronos, Atlas et comme le dit R. Guénon dans son chapitre sur les cornes:


  • "Dans le sens d’« élévation », le nom de Kronos convient parfaitement à Saturne, qui correspond en effet à la plus élevée des sphères planétaires, le « septième ciel » ou le Satya-Loka de la tradition hindoue (2). On ne doit d’ailleurs pas regarder Saturne comme étant uniquement, ni même en premier lieu, une puissance maléfique, comme on semble avoir tendance à le faire parfois, car il ne faut pas oublier qu’il est avant tout le régent de l’« âge d’or », c’est-à-dire du Satya-Yuga ou de la première phase du Manvantara, qui coïncide précisément avec la période hyperboréenne, ce qui montre bien que ce n’est pas sans raison que Kronos est identifié au dieu des hyperboréens (3). Il est d’ailleurs vraisemblable que l’aspect maléfique résulte ici de la disparition même de ce monde hyperboréen ; c’est en vertu d’un « retournement » analogue que toute « Terre des Dieux », siège d’un centre spirituel, devient une « Terre des Morts » lorsque ce centre a disparu"
    [2] Pour les pythagoriciens, Kronos et Rhéa représentaient respectivement le Ciel et la Terre : l’idée d’élévation se retrouve donc aussi dans cette correspondance. Ce n’est que par une assimilation phonétique plus ou moins tardive que les Grecs ont identifié Kronos ou Saturne à Chronos, le Temps, alors que les racines de ces deux mots sont en réalité différentes ; il semble que le symbole de la faux ait été aussi transféré alors de l’un à l’autre, mais ceci ne rentre pas dans notre sujet actuel.
    [3] La mer qui entourait l’île d’Ogygie, consacrée à Karneios ou à Kronos, était appelée mer Kronienne (Plutarque, De facie in orbe Lunœ) ; Ogygie qu’Homère appelle le « nombril du Monde » (représenté plus tard par l’Omphalos de Delphes) n’était d’ailleurs qu’un centre secondaire ayant remplacé la Thulé ou Syrie primitive à une époque beaucoup plus proche de nous que la période hyperboréenne.




Ces terres des morts sont des lieux de concentration de ces entités et forces psychiques devenues inférieures et qui sont appelées à être libérées pendant l'Apocalypse et à être manipulées par la contre initiation et notamment le dajjal. Ceci a été évoqué dans le texte de Douguine sur la Terre verte.
Elles doivent de toute façon être libérées afin d'épuiser toutes les possibilités du cycle y compris inférieures.

Pour finir sur ces influences psychiques protectrices et redoutables dont parle R. Guénon ce sont les mêmes que celles évoquées pour les zones pétrolières. On a vu qu'elles correspondent à la fois aux 7 tours du diable et à d'anciens centres secondaires fermés et devenus des lieux manipulables par la contre initiation.

Toute cette œuvre de recherche de richesses souterraines n'a donc pas qu'un but matériel mais vise bien à libérer ces forces infernales.
Le pétrole et le gaz de schiste sont l'acte final de la libération de ces forces or vu leur déploiement aux USA ce pays entier est devenu "une terre des morts". On comprend mieux pourquoi il est le guide final de la fin du cycle vu les influences maléfiques qu'il concentre. On comprend aussi pourquoi les Indiens n'exploitaient rien ni du sol ni du sous sol respectant ainsi des interdits traditionnels et empêchant ainsi la libération de ces forces.
On comprend également le paradoxe que vit l'Arabie puisqu'elle est le lieu où réside la partie visible du centre suprême de ce monde point de contact avec le monde supérieur mais ce lieu est entouré par des forages pétroliers qui doivent faire remonter les influences démoniaques. La Kaaba est littéralement cernée. Il est donc peu étonnant que l'exploitation du pétrole et la naissance de cet état moderne et dévié qu'est l'Arabie Saoudite correspondent.
On comprend alors aussi le sens du projet de NEOM qui cristallise ces remontées d'influences et concentre aussi des forces liées aux épisodes bibliques de l'exode et de la remise des tables de la loi.

Cela éclaire mieux le tableau de Poussin sur l'Arcadie où il indique "ceci est un lieu terrible" c'est clairement une manière de désigner un lieu où sont présentes ces forces pour avertir les non initiés d'éviter ces lieux dangereux. Or il a toujours été dit qu'il y avait un trésor caché dans cette région du Razès autour de Rennes le château et que l'abbé Saunière avait mis en partie la main dessus libérant certainement une partie de ces forces (le bénitier tenu par un diable à l'entrée de l'église est déjà tout un programme et une signature).

Toutes ces pièces permettent peut être de se faire une idée de ce que sont réellement Gog et Magog.
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Message par Sowl Sam 25 Juil - 14:04

Salam

Tes remarques sont très intéressantes alfihar. Je repartage ce texte de Jean Robin sur les sauterelles de l'Apocalypse au cas ou tu ne l'aurais pas lu.

Malgré les réserves qu'il faut habituellement avoir avec cet auteur il semble avoir vu juste... notamment le lien qu'a tout ceci avec les "extraterrestres".

http://textesjeanrobin.blogspot.com/p/ou-les-masques-tombent-et-ou-les.html?m=1

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Message par Alfihar Sam 25 Juil - 18:18

Je fais plus que me méfier de J. Robin qui est un personnage très sulfureux, déséquilibré et dont M. Valsan se méfiait beaucoup. On le dit même lié à la contre initiation et cette affaire de Rennes le château ne semble pas l'avoir arrangé, elle l'a même menée dans de plus grandes profondeurs. Voilà ce que M. Gilis en dit d'ailleurs :

  • "Que reste-t-il de M. Jean Robin et de sa prétention autoritaire initiale pour tout ce qui concerne René Guénon ? Dans sa rage anti-islamique, il alla jusqu’à parler de l’« audace sacrilège » (?) de Michel Vâlsan ; puis il se détruisit lui-même avec une belle constance, obnubilé par des contrefaçons comme celle de Rennes-le-Château. » (L’héritage doctrinal de Michel Vâlsan).


Cette affaire de Rennes le château est très obscure et a été créée par des personnages peu recommandables, quoi qu'est trouvé Saunière, elle permet d'abuser un certain nombre de personnes qui attendent le grand monarque et parlent de la lignée perdue des mérovingiens. Si on y ajoute cette histoire de prieuré de Sion et le best seller de Dan Brown on a à peu près un tableau complet à la fois d'une supercherie, d'une tromperie et de qqch en effet de satanique.

Si on vient en plus y mêler ces obscures histoires d'extraterrestres qui même si elles sont dénoncées par Robin ne font que rajouter à la confusion.
Robin a tellement écrit tout et n'importe quoi que je préfère ne même pas le lire...
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Message par Ligeia Sam 25 Juil - 19:26

Merci beaucoup Alfihar pour cette synthèse.  Very Happy

Je donne quelques liens utiles :

Alexandre Douguine – La terre verte / l’Amérique
https://lagrandeparodie.forumactif.com/t758-alexandre-douguine-la-terre-verte-l-amerique

Le document sur les Gog et Magog pour l’analyse des « sauterelles » :
https://lagrandeparodie.forumactif.com/t1012-les-hordes-de-gog-et-magog#4831

Sur les mystères kabiriques et leur lien avec le « feu souterrain » :
https://lagrandeparodie.forumactif.com/t1109-les-mysteres-kabiriques-les-sept-dormants-la-sourate-al-kahf-le-mahdi-et-ses-vizirs#5485

Les sept tours du diable :
https://lapieceestjouee.blogspot.com/2018/05/rene-guenon-les-sept-tours-du-diable.html

Concernant le tableau de Poussin :
https://lagrandeparodie.forumactif.com/t703-sur-la-mythique-serie-albator#5383


*******

Dans le texte de Douguine sur l’Amérique, il dit :

  • « En accord avec cette géographie sacrée, à l’Occident se trouve la « Terre Verte », la « Terre des morts », une sorte de monde semi-matériel, qui rappelle l’Hadès ou le Shéol. C’est le pays du Crépuscule et du Coucher, d’où la sortie est impossible pour les simples mortels et auquel peut accéder seulement un prédestiné. »


Et dans le doc sur les GM, Tabari fait peut-être allusion à la même chose dans cet extrait (Chroniques, partie I, chap. CXII) :


  • « Chaque jour, quand le soleil de lève, un million d’entre eux se placent à un endroit devant le mur et le lèchent avec leur langue ; lorsque le soleil se couche, il est aussi mince que la coquille d’un œuf. Alors ils disent, « demain matin nous le briserons et nous sortirons ; mais ils n’ajoutent pas : s’il plaît à Dieu. (...)Mais, quand l’arrêt de leur délivrance sera arrivé, il naîtra parmi eux un enfant qui sera croyant et qui deviendra grand. Lorsqu’il s’approchera de ce mur qu’ils lèchent, et qu’ils diront, le soir, « nous l’avons amoindri, demain nous le briserons », ce croyant ajoutera : s’il plaît à Dieu.  »

Peut-être y a t'il là une corrélation entre les deux.... study

A un degré moindre, je me souviens d’au moins un quatrain de Nostradamus qui évoque des trésors enfouis qui réapparaîtraient à la fin des temps... dont un dans les Pyrénées il me semble. Évoqué comme un « passage »....
Je vais essayer de retrouver ce quatrain.

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Message par Sowl Sam 25 Juil - 21:21

Salam

Merci Ligeia pour les liens!

Alfihar, effectivement, beaucoup de ce que J.Robin a écrit doit être considéré avec méfiance et je n'adhère guère à ses nombreuses histoires ayant trait à Rennes le château... Je ne connais d'ailleurs de lui que certains textes qui ont été partagé par des tiers-personnes (notamment dinul-qayyim, al-simsimah et dans ce cas, christianismeeteschatologie). Cela dit, dans le texte en question, je crois qu'il démontre clairement que les Gog et Magog ou les entités du domaine psychique inférieur dont Guénon a parlé ont un lien évident avec ces fameuses histoires d'extraterrestres qui refont surface en ce moment.

Ror en a d'ailleurs parlé et le fait qu'il est souvent question de "grands blonds" et de "petits gris" (correspondant respectivement aux géants et aux nains) confirment la chose. Du reste, Robin relate un témoignage d'un soi-disant ufologue qui aurait été "enlevé" par les aliens et la description qu'il donne de ces derniers correspond de manière remarquables aux sauterelles de l'Apocalypse. Les methodes de "possession psychique" dont il est question sont aussi dignes de remarque.

Dans le fil sur les OVNI, Ligeia a également partagé un texte de Jacques Vallée, ex-ufologue, qui décrit les extraterrestres comme de véritables entités démoniaques... Pour ma part je crois simplement que ces soi-disants "extraterrestres" serviront de "couverture" à la vrai affaire qui n'est autre que l'intrusion dans la "grande muraille" des forces infernales.

En tout cas quel est ton avis sur tout cela?

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Message par Alfihar Dim 26 Juil - 21:10

Je ne sais quoi penser de ces histoires d'extraterrestres qui sont évidemment une parodie et une subversion de la verticalité, une manière de contester le ciel et de remettre en cause Dieu en créant des entités supérieures.
Ces géants qui viendraient sur Terre ont des chances d'être des djinns et ces nains des entités souterraines.
Est ce que l'un correspond à Gog et l'autre à Magog ?
Ce qui est certain c'est que les ET font partie des élucubrations du courant New âge et de la scientologie.
Selon les films Hollywoodiens on parle de héros voire de fondateurs ET (ET, Superman, Prometheus) ou plus souterrains (Matrix).
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Message par Sowl Dim 26 Juil - 21:29

Salam

Précisément, ces histoires d'extraterrestres ne sont bien évidemment que des fantaisies mais elles servent ainsi d'autant mieux la contre-initiation. Ceux qui propagent ces histoires savent bien qu'en vérité ces entités ne sont autres que des djinns du psychisme cosmique inférieur.

Les méchants « Petits gris » sont d'ailleurs décrit comme menant une existence souterraine et il est dit que les gentils « Grands blonds », qui ne sont autres en réalité que des anges déchus (ou les « Supérieurs Inconnus » dans leur version subversive), vont nous sauver de ceux-là. On peut ainsi entrevoir le piège redoutable qui se prépare...

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Message par Ligeia Lun 27 Juil - 12:02

Je remets le lien vers le texte sur cette "grande imposture" :

http://christianismeeteschatologie.blogspot.com/p/la-grande-imposture.html?m=0

Ces "extra-terrestres" je les appréhende bien comme des Jinns. Mais pas comme les Gog et Magog annoncés... Je pensais plutôt aux « saints de Satan » (awliyâ esh-Shaytân) dont Guénon a dit qu'ils manifesteraient à la fin du cycle "l'expression la plus complète possible de la « spiritualité à rebours »". (Le Règne)

Il ajoute cette remarque dans le Symbolisme de la Croix :

  • "Cette descente directe de l’être suivant l’axe vertical est représentée notamment par la « chute des anges » ; ceci, quand il s’agit des êtres humains, ne peut évidemment correspondre qu’à un cas exceptionnel, et un tel être est dit Waliyush-Shaytân, parce qu’il est en quelque sorte l’inverse du « saint » ou Waliyur-Rahman."


Dans cette "théorie des aliens" particulièrement sur le côté "grands blonds" je voyais donc une parodie de la descente de l'Avatara annoncée.

Un autre texte du site "Christianisme et eschatologie" irait, je crois, dans ce sens.
Je cite :


  • "Nous en tirerons deux conclusions, l’une « maléfique », l’autre « bénéfique ». La première concerne les « saints de Satan », ces « magiciens noirs » qui cherchent à détruire toutes les traditions vivantes, afin de s’emparer de leurs « cadavres psychiques » abandonnés par l’esprit, comme ils s’emparent déjà de ceux des traditions mortes : après avoir travaillé constamment dans l’ombre pour inspirer et diriger invisiblement tous les mouvements modernes, ils en arriveront en dernier lieu à « s’extérioriser » au sommet de la « contre-tradition » ou « règne de l’Antéchrist », où ils apparaitront comme la manifestation d’une sorte de série de « hauts-grades » à rebours, jusque-là cachée. Quant au point de vue « bénéfique », il s’agit bien entendu du « retour glorieux », où apparaitront à nouveau les véritables hiérarchies spirituelles, l’arc en ciel, signe d’union du ciel et de la terre, couronnant l’arche symbolique contenant les germes du cycle futur"


http://christianismeeteschatologie.blogspot.com/p/0-false-21-18-pt-18-pt-0-0-false-false_16.html

Parce qu'il semble que ces entités auront des "pouvoirs" (psychiques bien entendu) et se serviront d'anciennes traditions (notamment celle égyptienne) pour justifier de leur "origine".
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Message par Alfihar Lun 27 Juil - 13:07

Les saints de Satan sont la contre initiation. Je crois qu'il faut aussi les distinguer de GM.
C'est ce qu'il faut déduire du chapitre de R. Guénon dans le règne de la quantité intitulé "de l'antitradition à la contre tradition":

"Pour cela, nous devons nous reporter encore au rôle de la « contre-initiation » : en effet, c’est évidemment celle-ci qui, après avoir travaillé constamment dans l’ombre pour inspirer et diriger invisiblement tous les « mouvements » modernes, en arrivera en dernier lieu à « extérioriser », si l’on peut s’exprimer ainsi, quelque chose qui sera comme la contrepartie d’une véritable tradition, du moins aussi complètement et aussi exactement que le permettent les limites qui s’imposent nécessairement à toute contrefaçon possible. Comme l’initiation est, ainsi que nous l’avons dit, ce qui représente effectivement l’esprit d’une tradition, la « contre-initiation » jouera elle-même un rôle semblable à l’égard de la « contre-tradition »; mais, bien entendu, il serait tout à fait impropre et erroné de parler ici d’esprit, puisqu’il s’agit précisément de ce dont l’esprit est le plus totalement absent, de ce qui en serait même l’opposé si l’esprit n’était essentiellement au delà de toute opposition, et qui, en tout cas, a bien la prétention de s’y opposer, tout en l’imitant à la façon de cette ombre inversée dont nous avons parlé déjà à diverses reprises; c’est pourquoi, si loin que soit poussée cette imitation, la « contre-tradition » ne pourra jamais être autre chose qu’une parodie et elle sera seulement la plus extrême et la plus immense de toutes les parodies dont nous n’avons encore vu jusqu’ici, avec toute la falsification du monde moderne, que des « essais » bien partiels et des « préfigurations » bien pâles en comparaison de ce qui se prépare pour un avenir que certains estiment prochain, en quoi la rapidité croissante des événements actuels tendrait assez à leur donner raison. Il va de soi, d’ailleurs, que nous n’avons nullement l’intention de chercher à fixer ici des dates plus ou moins précises, à la façon des amateurs de prétendues « prophéties »; même si la chose était rendue possible par une connaissance de la durée exacte des périodes cycliques (bien que la principale difficulté réside toujours, en pareil cas, dans la détermination du point de départ réel qu’il faut prendre pour en effectuer le calcul), il n’en conviendrait pas moins de garder la plus grande réserve à cet égard, et cela pour des raisons précisément contraires à celles qui meuvent les propagateurs conscients ou inconscients de prédictions dénaturées, c’est-à-dire pour ne pas risquer de contribuer à augmenter encore l’inquiétude et le désordre qui règnent présentement dans notre monde.

Quoi qu’il en soit, ce qui permet que les choses puissent aller jusqu’à un tel point, c’est que la « contre-initiation », il faut bien le dire, ne peut pas être assimilée à une invention purement humaine qui ne se distinguerait en rien, par sa nature, de la « pseudo-initiation » pure et simple; à la vérité, elle est bien plus que cela, et pour l’être effectivement il faut nécessairement que, d’une certaine façon, et quant à son origine même, elle procède de la source unique à laquelle se rattache toute initiation, et aussi, plus généralement, tout ce qui manifeste dans notre monde un élément « non-humain »; mais elle en procède par une dégénérescence allant jusqu’à son degré le plus extrême, c’est-à-dire jusqu’à ce « renversement » qui constitue le « satanisme » proprement dit. Une telle dégénérescence est évidemment beaucoup plus profonde que celle d’une tradition simplement déviée dans une certaine mesure, ou même tronquée et réduite à sa partie inférieure ; il y a même là quelque chose de plus que dans le cas de ces traditions véritablement mortes et entièrement abandonnées par l’esprit, dont la « contre-initiation » elle-même peut utiliser les « résidus » à ses fins ainsi que nous l’avons expliqué. Cela conduit logiquement à penser que cette dégénérescence doit remonter beaucoup plus loin dans le passé ; et si obscure que soit cette question des origines, on peut admettre comme vraisemblable qu’elle se rattache à la perversion de quelqu’une des anciennes civilisations ayant appartenu à l’un ou à l’autre des continents disparus dans les cataclysmes qui se sont produits au cours du présent Manvantara (2). En tout cas, il est à peine besoin de dire que, dès que l’esprit s’est retiré, on ne peut plus aucunement parler d’initiation ; en fait, les représentants de la « contre-initiation » sont, aussi totalement et plus irrémédiablement que de simples profanes, ignorants de l’essentiel, c’est-à-dire de toute vérité d’ordre spirituel et métaphysique qui, jusque dans ses principes les plus élémentaires, leur est devenue absolument étrangère depuis que « le ciel a été fermé » pour eux (3). Ne pouvant conduire les êtres aux états « supra-humains » comme l’initiation, ni d’ailleurs se limiter au seul domaine humain, la « contre-initiation » les mène inévitablement vers l’« infrahumain », et c’est justement en cela que réside ce qui lui demeure de pouvoir effectif; il n’est que trop facile de comprendre que c’est là tout autre chose que la comédie de la « pseudo-initiation ». Dans l’ésotérisme islamique, il est dit que celui qui se présente à une certaine « porte » sans y être parvenu par une voie normale et légitime, voit cette porte se fermer devant lui et est obligé de retourner en arrière, non pas cependant comme un simple profane, ce qui est désormais impossible, mais comme sâher (sorcier ou magicien opérant dans le domaine des possibilités subtiles d’ordre inférieur) (4) ; nous ne saurions donner une expression plus nette de ce dont il s’agit: c’est là la voie « infernale » qui prétend s’opposer à la voie « céleste » et qui présente en effet les apparences extérieures d’une telle opposition, bien qu’en définitive celle-ci ne puisse être qu’illusoire; et comme nous l’avons déjà dit plus haut à propos de la fausse spiritualité où vont se perdre certains êtres engagés dans une sorte de « réalisation à rebours », cette voie ne peut aboutir finalement qu’à la « désintégration » totale de l’être conscient et à sa dissolution sans retour (5).

(2)  Le chapitre VI de la Genèse pourrait peut-être fournir, sous une forme symbolique, quelques indications se rapportant à ces origines lointaines de la « contre-initiation ».

(3)  On peut appliquer ici analogiquement le symbolisme de la « chute des anges » puisque ce dont il s'agit est ce qui y correspond effectivement dans l'ordre humain ; c'est d'ailleurs pourquoi on peut parler à cet égard de «satanisme» au sens le plus propre et le plus littéral du mot.

(4) Le dernier degré de la hiérarchie « contre-initiatique » est occupé par ce qu'on appelle les « saints de Satan » (awliyâ esh-Shaytân), qui sont en quelque sorte l'inverse des véritables saints (awliyâ er-Rahman), et qui manifestent ainsi l'expression la plus complète possible de la « spiritualité à rebours » (cf. Le Symbolisme de la Croix, p. 186).

(5) Cet aboutissement extrême, bien entendu, ne constitue en fait qu'un cas exceptionnel, qui est précisément celui des awliyâ esh-Shaytân ; pour ceux qui sont allés moins loin dans ce sens, il s'agit seulement d'une voie sans issue où ils peuvent demeurer enfermés pour une indéfinité « éonienne » ou cyclique.



Naturellement, pour que l’imitation par reflet inverse soit aussi complète que possible, il peut se constituer des centres auxquels se rattacheront les organisations qui relèvent de la « contre-initiation », centres uniquement « psychiques », bien entendu, comme les influences qu’ils utilisent et qu’ils transmettent, et non point spirituels comme dans le cas de l’initiation et de la tradition véritable, mais qui peuvent cependant, en raison de ce que nous venons de dire, en prendre jusqu’à un certain point les apparences extérieures, ce qui donne l’illusion de la « spiritualité à rebours ». Il n’y aura d’ailleurs pas lieu de s’étonner si ces centres eux-mêmes, et non pas seulement certaines des organisations qui leur sont subordonnées plus ou moins directement, peuvent se trouver, dans bien des cas, en lutte les uns avec les autres car le domaine où ils se situent étant celui qui est le plus proche de la dissolution « chaotique », est par là même celui où toutes les oppositions se donnent libre cours, lorsqu’elles ne sont pas harmonisées et conciliées par l’action directe d’un principe supérieur, qui ici fait nécessairement défaut. De là résulte souvent, en ce qui concerne les manifestations de ces centres ou de ce qui en émane, une impression de confusion et d’incohérence qui, elle, n’est certes pas illusoire et qui est même encore une « marque » caractéristique de ces choses; ils ne s’accordent que négativement, pourrait-on dire, pour la lutte contre les véritables centres spirituels, dans la mesure où ceux-ci se tiennent à un niveau qui permet à une telle lutte de s’engager, c’est-à-dire seulement pour ce qui se rapporte à un domaine ne dépassant pas les limites de notre état individuel (6).

Mais c’est ici qu’apparaît ce qu’on pourrait véritablement appeler la « sottise du diable » : les représentants de la « contre-initiation », en agissant ainsi, ont l’illusion de s’opposer à l’esprit même auquel rien ne peut s’opposer en réalité ; mais en même temps, malgré eux et à leur insu, ils lui sont pourtant subordonnés en fait et ne peuvent jamais cesser de l’être, de même que tout ce qui existe est, fût-ce inconsciemment et involontairement, soumis à la volonté divine à laquelle rien ne saurait se soustraire. Ils sont donc, eux aussi, utilisés en définitive, quoique contre leur gré, et bien qu’ils puissent même penser tout le contraire, à la réalisation du « plan divin dans le domaine humain » (7) ; ils y jouent, comme tous les autres êtres, le rôle qui convient à leur propre nature, mais au lieu d’être effectivement conscients de ce rôle comme le sont les véritables initiés, ils ne sont conscients que de son côté négatif et inversé; ainsi, ils en sont dupes eux-mêmes, et d’une façon qui est bien pire pour eux que la pure et simple ignorance des profanes puisque, au lieu de les laisser en quelque sorte au même point, elle a pour résultat de les rejeter toujours plus loin du centre principiel, jusqu’à ce qu’ils tombent finalement dans les « ténèbres extérieures ». Mais si l’on envisage les choses non plus par rapport à ces êtres eux-mêmes, mais par rapport à l’ensemble du monde, on doit dire que, aussi bien que tous les autres, ils sont nécessaires à la place qu’ils occupent en tant qu’éléments de cet ensemble et comme instruments « providentiels », dirait-on en langage théologique, de la marche de ce monde dans son cycle de manifestation, car c’est ainsi que tous les désordres partiels, même quand ils apparaissent en quelque sorte comme le désordre par excellence, n’en doivent pas moins nécessairement concourir à l’ordre total.

6 Ce domaine est, au point de vue initiatique, celui de ce qui est désigné comme les « petits Mystères » ; par
contre, tout ce qui se rapporte aux « grands Mystères », étant d’ordre essentiellement « supra-humain », est par là même
exempt d’une telle opposition, puisque c’est là le domaine qui, par sa nature propre, est absolument fermé et
inaccessible à la « contre-initiation » et à ses représentants à tous les degrés.
7 Et-tadâbîrul-ilâhiyah fî’l-mamlakatil-insâniyah, titre d’un traité de Mohyiddin ibn Arabi."
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Message par Alfihar Lun 27 Juil - 14:22

Chap 6 Genèse où il est encore question de géants qui ont certainement corrompus les hommes :


"Lorsque les hommes eurent commencé à être nombreux sur la surface de la terre, et qu'il leur fut né des filles,
2 les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qui leur plurent.
3 Et YHW dit: " Mon esprit ne demeurera pas toujours dans l'homme, car l'homme n'est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans. "
4 Or, les géants étaient sur la terre en ces jours-là, et cela après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont là les héros renommés dès les temps anciens.
5 YHW vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur coeur se portaient chaque jour uniquement vers le mal.
6 Et YHW se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il fut affligé dans son coeur,
7 et il dit: " J'exterminerai de dessus la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'aux animaux domestiques, aux reptiles et aux oiseaux du ciel, car je me repens de les avoir faits. "
8 Mais Noé trouva grâce aux yeux de YHW."
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