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Série : le pouvoir occulte et les Supérieurs Inconnus

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Message par Ligeia Mer 1 Juil - 10:46

Reprise d'une "série" publiée sur Acta.

On pourrait présenter les choses ainsi : il y a l'oligarchie actuelle, visible et qui semble contrôler le monde aux yeux des profanes.
Mais derrière elle et n'apparaissant que peu aux yeux du public, se trouve l'élite occulte, celle qui dirige réellement les pantins de ce monde et qui prépare le règne de l'Antéchrist.
Quant aux Supérieurs Inconnus, ils peuvent aussi de deux "sortes" : véritablement traditionnelle ou relevant de leur sinistre parodie.

La contre-initiation est à l'oeuvre depuis fort longtemps ; si nous nous référons aux temps les plus proches de nous, on en voit la trace dans la chute des Templiers et à la Révolution française. Et si nous prenons en compte notre cycle (Manvantara) c'est en Genèse VI que Guénon semble en faire remonter les origines :

  • "Le chapitre VI de la Genèse pourrait peut-être fournir, sous une forme symbolique, quelques indications se rapportant à ces origines lointaines de la « contre-initiation »."


Mais pour comprendre ce dont il est question il ne s'agit pas de lire un article.

En préparation, je ne peux que vous conseiller de lire au moins les derniers chapitres du "Règne de la quantité" :

Chap. XXIV : Vers la dissolution
Chap. XXV : Les fissures de la Grande Muraille
Chap. XXVI : Chamanisme et sorcellerie
Chap. XXVII : Résidus psychiques
Chap. XXVIII : Les étapes de l’action anti-traditionnelle
Chap. XXIX : Déviation et subversion
Chap. XXX : Le renversement des symboles
Chap. XXXI : Tradition et traditionalisme
Chap. XXXII : Le néo-spiritualisme
Chap. XXXIII : L’intuitionnisme contemporain
Chap. XXXIV : Les méfaits de la psychanalyse
Chap. XXXV : La confusion du psychique et du spirituel
Chap. XXXVI : La pseudo-initiation
Chap. XXXVII : La duperie des « prophéties »
Chap. XXXVIII : De l’anti-tradition à la contre-tradition
Chap. XXXIX :    La grande parodie ou la spiritualité à rebours
Chap. XL : La fin d’un monde

Ils sont tous accessibles sur ce lien :
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Quant à l'ouvrage en entier, il est disponible ici en pdf :
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Le pouvoir occulte suit des étapes bien définies et programmées dans la réalisation de son but. Rien n’est laissé au hasard et toutes les "réactions" humaines sont anticipées par avance.
Nous sommes actuellement bien plus "avancés" dans leur plan qu'au temps du communiste matérialiste et ils ont amorcé une nouvelle phase. La forme change, s’adapte et génère de nouvelles "mentalités", mais ce sont toujours les mêmes puissances infernales à l’œuvre.

Telles des "poupées gigognes maléfiques", les étapes se déroulent sous nos yeux...

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Série : le pouvoir occulte et les Supérieurs Inconnus Empty René Guénon - Le pouvoir occulte : les "épouvantails" juif et maçonnique.

Message par Ligeia Mer 1 Juil - 11:00

Un bon exemple de manipulations et de conditionnement : les "épouvantails" juif et maçonnique que l'on nous agite perpétuellement sous le nez. A l'heure actuelle, nous pourrions rajouter l'amalgame entretenu entre l'islam véritable et les "terroristes islamiques"...

Ce texte met en lumière les manipulations dont nous sommes, pour la plupart, les victimes, et aide à comprendre le seul cheminement valable pour nous sortir du conditionnement mental dans lequel ils voudraient nous enfermer, tout en évitant les "fausses solutions", véritables "chausses-trappes" qu'ils nous ont concoctées.


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Compte rendu du livre LA GUERRE OCCULTE + Annexes

[Recueil posthume : Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 1, René Guénon, éd. Éditions Traditionnelles, 1971]


« Ici comme dans les précédents ouvrages de M. Léon de Poncins dont nous avons déjà eu l’occasion de parler, il y a, pour tout ce qui se rapporte à la critique du monde moderne, beaucoup de considérations très justes ; les auteurs, qui dénoncent avec raison des erreurs communes comme celle qui consiste à croire que les révolutions sont des « mouvements spontanés », sont de ceux qui pensent que la déviation moderne, dont ils étudient plus spécialement les étapes au cours du XIXe siècle, doit nécessairement répondre à un « plan » bien arrêté, et conscient tout au moins chez ceux qui dirigent cette « guerre occulte » contre tout ce qui présente un caractère traditionnel, intellectuellement ou socialement.
Seulement, quand il s’agit de rechercher des « responsabilités », nous avons bien des réserves à faire ; la chose n’est d’ailleurs pas si simple ni si facile, il faut bien le reconnaître, puisque, par définition même, ce dont il s’agit ne se montre pas au dehors, et que les pseudo-dirigeants apparents n’en sont que des instruments plus ou moins inconscients.

En tout cas, il y a ici une tendance à exagérer considérablement le rôle attribué aux Juifs, jusqu’à supposer que ce sont eux seuls qui en définitive mènent le monde, et sans faire à leur sujet certaines distinctions nécessaires ; comment ne s’aperçoit-on pas, par exemple, que ceux qui prennent une part active à certains événements ne sont que des Juifs entièrement détachés de leur propre tradition, et qui, comme il arrive toujours en pareil cas, n’ont guère gardé que les défauts de leur race et les mauvais côtés de sa mentalité particulière ?
Il y a pourtant des passages (notamment pp. 105-110) qui touchent d’assez près à certaines vérités concernant la « contre-initiation » : il est tout à fait exact qu’il ne s’agit pas là d’« intérêts » quelconques, qui ne peuvent servir qu’à mouvoir de vulgaires instruments, mais d’une « foi » qui constitue « un mystère métapsychique insondable pour l’intelligence même élevée de l’homme ordinaire » ; et il ne l’est pas moins qu’« il y a un courant de satanisme dans l’histoire »… Mais ce courant n’est pas seulement dirigé contre le Christianisme (et c’est peut-être cette façon trop restreinte d’envisager les choses qui est la cause de bien des « erreurs d’optique ») ; il l’est aussi, exactement au même titre, contre toute tradition, qu’elle soit d’Orient ou d’Occident, et sans en excepter le Judaïsme.

Quant à la Maçonnerie, nous étonnerons peut-être beaucoup les auteurs si nous disons que l’infiltration des idées modernes, au détriment de l’esprit initiatique, en a fait, non point un des agents de la « conspiration », mais au contraire une de ses premières victimes ; et cependant, en réfléchissant à certains efforts actuels de « démocratisation » du Catholicisme lui-même, qui ne leur ont certainement pas échappé, ils devraient pouvoir arriver, par analogie, à comprendre ce que nous entendons par là… Et oserons-nous ajouter qu’une certaine volonté d’égarer les recherches, en suscitant et en entretenant diverses « hantises » (peu importe que ce soit celle de la Maçonnerie, des Juifs, des Jésuites, du « péril jaune », ou quelque autre encore), fait précisément aussi partie intégrante du « plan » qu’ils se proposent de dénoncer, et que les « dessous » réels de certaines équipés antimaçonniques sont tout particulièrement instructifs à cet égard ? Nous ne savons que trop bien que, en insistant là-dessus, on risque fort de n’être agréable à personne, de quelque côté que ce soit ; mais est-ce là une raison suffisante pour ne point dire la vérité ? »

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ANNEXES

Quelques comptes rendus complétant le précédent :

Octobre 1930
Léon de Poncins. Les Forces secrètes de la Révolution. Nouvelle édition revue et mise à jour (Éditions Bossard).
« C’est un ouvrage antimaçonnique du type que nous pourrions appeler « raisonnable », en ce sens que, se tenant à peu près exclusivement sur le terrain politique, il nous épargne les diableries à la Léo Taxil. L’auteur est même assez prudent pour ne pas faire état de certains documents suspects ; mais sa thèse de l’unité de la Maçonnerie est bien peu solide, et il exagère beaucoup l’influence juive. En outre, il se fait une idée tout à fait fantaisiste des hauts grades, qu’il lui arrive même parfois de confondre avec certaines organisations non maçonniques. »

Octobre 1936
Léon de Poncins. La mystérieuse Internationale juive. (Gabriel Beauchesne), Paris.
– Ce que nous avons dit ici dernièrement, à propos de La Guerre occulte dont M. Léon de Poncins est aussi l’un des auteurs, quant à certaines exagérations concernant le rôle des Juifs dans le monde, et quant à la nécessité de faire en tout cas certaines distinctions, s’applique encore à ce nouveau volume. Il y a assurément beaucoup de vrai dans ce qui y est exposé au sujet de deux « Internationales », l’une révolutionnaire et l’autre financière, qui sont sans doute beaucoup moins opposées réellement que ne pourrait le croire l’observateur superficiel ; mais tout cela, qui fait d’ailleurs partie d’un ensemble beaucoup plus vaste, est-il vraiment sous la direction des Juifs (il faudrait dire plutôt de certains Juifs), ou n’est-il pas utilisé en réalité par « quelque chose » qui les dépasse ? Il y aurait du reste, pensons-nous, une étude bien curieuse à faire sur les raisons pour lesquelles le Juif, quand il est infidèle à sa tradition, devient plus facilement qu’un autre l’instrument des « influences » qui président à la déviation moderne ; ce serait là, en quelque sorte, l’envers de la « mission des Juifs », et cela pourrait peut-être mener assez loin… L’auteur a tout à fait raison de parler d’une « conspiration de silence » à l’égard de certaines questions ; mais que serait-ce s’il lui arrivait de toucher directement à des choses beaucoup plus vraiment « mystérieuses » encore, et auxquelles, disons-le en passant, les publications « anti-judéomaçonniques » sont les premières à bien se garder de faire jamais la moindre allusion ?

1938 :
I Protocolli dei Savi Anziani di Sion. Versione italiana con appendice e introduzione (La Vita Italiana, Roma).
– La traduction italienne des fameux Protocoles des Sages de Sion, publiée en 1921, par le Dr Giovanni Preziosi, directeur de la Vita Italiana, vient d’être rééditée avec une introduction de M. J. Evola, qui essaie de mettre un peu d’ordre dans les interminables discussions auxquelles ce « texte » a donné et donne encore lieu, en distinguant deux questions différentes et qui ne sont pas nécessairement solidaires, celle de l’ « authenticité » et celle de la « véridicité », dont la seconde serait, selon lui, la plus importante en réalité.
L’authenticité n’est guère soutenable, pour de multiples raisons que nous n’examinerons pas ici ; à cet égard, nous appellerons seulement l’attention sur un point qu’on paraît ne pas prendre suffisamment en considération, et qui pourtant est peut-être le plus décisif : c’est qu’une organisation vraiment et sérieusement secrète, quelle qu’en soit d’ailleurs la nature, ne laisse jamais derrière elle de documents écrits.
D’autre part, on a indiqué les « sources » auxquelles de nombreux passages des Protocoles ont été empruntés à peu près textuellement : le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, de Maurice Joly, pamphlet dirigé contre Napoléon III et publié à Bruxelles, en 1865, et le discours attribué à un rabbin de Prague dans le roman Biarritz, publié en 1868, par l’écrivain allemand Hermann Goedsche sous le pseudonyme de sir John Retcliffe. Il y a encore une autre « source » qui, à notre connaissance, n’a jamais été signalée : c’est un roman intitulé : Le Baron Jéhova, par Sidney Vigneaux, publié à Paris en 1886, et dédié, ce qui est assez curieux, « au très gentilhomme A. de Gobineau, auteur de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, entré au Walhalla le 13 octobre 1882 ». Il est à noter aussi que, d’après une indication donnée dans les Mémoires d’une aliénée, de Mlle Hersilie Rouy, oubliés par E. Le Normant des Varannes (Paris, 1886, pp. 308-309), Sidney Vigneaux était, ainsi que ce dernier, un ami du Dr Henri Favre, dont nous avons parlé plus haut ; il s’agit là d’une étrange histoire où apparaît également le nom de Jules Favre, qu’on retrouve d’ailleurs mêlé à tant de choses du même genre qu’il est difficile de n’y voir qu’une simple coïncidence…

Il se trouve dans Le Baron Jéhova (pp. 59 à 87) un soi-disant « Testament d’Ybarzabal » qui présente des similitudes tout à fait frappantes avec les Protocoles, mais avec cette particularité remarquable que les Juifs y apparaissent seulement comme l’instrument d’exécution d’un plan qui n’a été ni conçu, ni voulu par eux. On a noté encore des traits de ressemblance avec l’introduction du Joseph Balsamo, d’Alexandre Dumas, bien qu’ici il ne soit aucunement question des Juifs, mais d’une assemblée maçonnique imaginaire ; nous ajouterons que cette assemblée n’est pas sans rapport avec le « Parlement » peudo-rosicrucien décrit, à peu près exactement à la même date, par l’écrivain américain George Lippard dans Paul Ardenheim, the monk of the Wissahickon, dont cette partie a été reproduite par le Dr Swinburn Clymer dans The Rosicrucian Fraternity in America.

Il n’est pas douteux que tous ces écrits, sous leur forme plus ou moins « romancée », tirent en somme leur inspiration générale d’un même « courant » d’idées, que d’ailleurs leurs auteurs approuvent ou désapprouvent ces idées, et qu’en outre, suivant leurs tendances ou leurs préventions particulières, ils en attribuent à tort et à travers l’origine aux Juifs, aux Maçons ou à d’autres encore ; l’essentiel dans tout cela, en définitive, et ce qui, peut-on dire, en constitue l’élément de « véridicité », c’est l’affirmation que toute l’orientation du monde moderne répond à un « plan » établi et imposé par quelque organisation mystérieuse ; on sait ce que nous pensons nous-mêmes à cet égard, et nous nous sommes déjà assez souvent expliqué sur le rôle de la « contre-initiation» et de ses agents conscients ou inconscients pour n’avoir pas besoin d’y insister davantage. A vrai dire, il n’était aucunement nécessaire d’être « prophète » pour s’apercevoir de ces choses à l’époque où les Protocoles furent rédigés, probablement en 1901, ni même à celle où remontent la plupart des autres ouvrages que nous venons de mentionner, c’est-à-dire vers le milieu du XIXème siècle ; alors déjà, bien qu’elles fussent moins apparentes qu’aujourd’hui, une observation quelque peu perspicace y suffisait ; mais ici nous devons faire une remarque qui n’est pas à l’honneur de l’intelligence de nos contemporains :
si quelqu’un se contente d’exposer « honnêtement » ce qu’il constate et ce qui s’en déduit logiquement, personne n’y croit ou même n’y prête attention ; si, au contraire, il présente les mêmes choses comme émanant d’une organisation fantaisiste, cela prend aussitôt figure de « document » et, à ce titre, met tout le monde en mouvement : étrange effet des superstitions inculquées aux modernes par la trop fameuse « méthode historique » et qui font bien partie, elles  aussi, des suggestions indispensables à l’accomplissement du « plan » en question !
Il est encore à remarquer que, d’après l’ « affabulation » des Protocoles eux-mêmes, l’organisation qui invente et propage les idées modernes, pour en arriver à ses fins de domination mondiale, est parfaitement consciente de la fausseté de ces idées ; il est bien évident qu’en effet, il doit en être réellement ainsi, car elle ne sait que trop bien à quoi s’en tenir là-dessus ; mais alors il semble qu’une telle entreprise de mensonge ne puisse pas être, en elle-même, le véritable et unique but qu’elle se propose, et ceci nous amène à considérer un autre point qui, indiqué par M. Evola dans son introduction, a été repris et développé, dans le numéro de novembre de la Vita Italiana, dans un article signé « Arthos » et intitulétransformazioni del « Regnum ».
En effet, il n’y a pas seulement, dans les Protocoles, l’exposé d’une « tactique » destinée à la destruction du monde traditionnel, ce qui en est l’aspect purement négatif et correspondant à la phase actuelle des événements ; il y a aussi l’idée du caractère simplement transitoire de cette phase, et celle de l’établissement ultérieur d’un Regnum supra-national, idée qui peut être regardée comme une déformation de celle du « Saint Empire » et des autres conceptions traditionnelles analogues qui, comme le rappelle l’auteur de l’article, ont été exposées par nous dans Le Roi du Monde. Pour expliquer ce fait, « Arthos » fait appel aux déviations, allant même jusqu’à une véritable « subversion », que peuvent subir certains éléments, authentiquement traditionnels à l’origine, qui se survivent en quelque sorte à eux-mêmes, lorsque l’ « esprit » s’en est retiré ; et il cite, à l’appui de cette thèse, ce que nous avons dit récemment ici au sujet des « résidus psychiques » ; les considérations qu’on trouvera d’autre part, sur les phases successives de la déviation moderne et sur la constitution possible, comme dernier terme de celle-ci, d’une véritable « contre-tradition », dont le Regnum dénaturé serait précisément l’expression dans l’ordre social, pourront peut-être contribuer encore à élucider plus complètement ce côté de la question qui, même tout à fait en dehors du cas spécial des Protocoles, n’est certes pas dépourvu d’un certain intérêt.

H. de Vries de Heekelingen. L’Orgueil juif. (Revue Internationale des Sociétés Secrètes, Paris).
– Ce livre est d’un caractère trop « politique » pour qu’il soit possible d’en parler longuement, et nous devons nous borner à formuler, à son propos, une remarque d’une portée beaucoup plus générale : c’est que ce qu’on appelle ici l’« orgueil juif » ne nous paraît pas représenter quelque chose d’aussi exceptionnel qu’on veut bien le dire ; au fond, l’attitude des Juifs vis-à-vis des Goyim est-elle bien différente de ce qu’était, par exemple, celle des Grecs vis-à-vis des « Barbares » ?
En principe, d’ailleurs, tous les cas de ce genre peuvent très bien s’expliquer par la nécessité, pour éviter tout mélange illégitime entre des formes traditionnelles diverses, de donner fortement aux adhérents de chacune d’elles le sentiment d’une différence entre eux et les autres hommes ; la nature humaine étant ce qu’elle est, cette différence n’est que trop facilement prise pour une supériorité, du moins par le vulgaire qui ne peut en connaître la véritable raison profonde, ce qui amène forcément, chez celui-ci, la dégénérescence de ce sentiment en une sorte d’orgueil et il est même compréhensible que cela se produise surtout quand il s’agit d’une collectivité rigoureusement « fermée », comme celle à laquelle est destinée la tradition judaïque… Mais, au fait, pourquoi ne parle-t-on pas de l’« orgueil européen », qui est bien certainement le plus insolent de tous, et qui, lui, ne saurait trouver l’ombre d’une justification ou d’une excuse dans des considérations d’ordre traditionnel ?
Nous ajouterons seulement une observation sur un point de détail : l’auteur croit à tort (et il n’est certes pas le seul !) que le « sceau de Salomon » (appelé aussi « bouclier de David », mais non « sceau de David » comme il le dit) est un symbole spécifiquement juif, alors que, en réalité, il appartient tout autant à l’Islamisme et même à l’hermétisme chrétien qu’au Judaïsme. Il signale, à ce sujet, que, dans les armes de la ville de Privas, trois fleurs de lys auraient été remplacées récemment par « trois étoiles juives (sic) à six branches » ; nous ne savons si le fait est exact, mais, en tout cas, ce dont il est assurément bien loin de se douter et qui rend la chose vraiment amusante, c’est que les deux symboles sont fort près d’être équivalents, étant construits l’un et l’autre, de même encore que le Chrisme, sur un seul et même schéma géométrique, celui de la roue à six rayons ; et cela montre une fois de plus qu’on ferait bien de s’abstenir de toucher à certaines questions quand on ne possède pas tout au moins quelques notions élémentaires de symbolisme !

Dans la Vita Italiana (n° de février), à propos de ce que certains appellent Bolscevismo culturale, réunissant sous ce vocable toutes les formes « décadentes » de l’art contemporain, M. J. Evola insiste sur l’insignifiance de toute tentative de « réaction » qui ne serait en réalité qu’un retour à quelque stade moins avancé de la même déviation ; la seule solution valable serait celle qui consisterait au contraire à revenir aux principes véritables, « à ce qui est vraiment original sur le plan de l’esprit, et qui s’identifie avec la Tradition », entendue non comme le font les simples « traditionalistes » et les « conservateurs », mais « au sens supérieur, universel, métaphysique et transcendant du mot ».

1939 :
– Dans Contre-Révolution (n° de décembre), M. J. Evola, dans un article intitulé Technique de la Subversion, étudie les diverses « suggestions » mises en œuvre pour provoquer et entretenir la déviation du monde moderne : suggestion « positiviste », faisant croire que l’histoire est « déterminée exclusivement par les facteurs économiques, politiques et sociaux », de telle façon que les hommes ne voient plus rien d’autre ; falsifications et contrefaçons destinées à détourner et à neutraliser les tendances « traditionalistes », et y réussissant trop souvent quand celles-ci se réduisent à de vagues aspirations ; « renversement » substituant un élément « sub-naturel » au « supra-naturel », comme dans le cas des divers variétés du « néo-spiritualisme » ; attaque indirecte par laquelle « les forces secrètes de la subversion mondiale conduisent souvent les représentants d’une tradition à se persuader que la meilleure manière de défendre la leur est de discréditer celle des autres » ; tactique consistant « à diriger et à concentrer toute l’attention des adversaires sur des éléments qui ne peuvent qu’en partie ou d’une manière subordonnée être considérés comme responsables des méfaits » de ces forces occultes ; limitation de la « réaction » à un simple retour à telle ou telle phase moins avancée de la subversion ; substitution du principe à la personne, tendant à imputer au principe même les fautes et les insuffisances de ses représentants historiques. Une bonne partie de ces remarques s’inspire, comme l’auteur le déclare d’ailleurs expressément, de ce que nous avons dit nous-mêmes en diverses occasions sur l’action de la « contre-initiation » ; peut-être eut-il été souhaitable que celle-ci y fût désignée d’une façon plus explicite que par l’expression assez vague de « forces de la subversion » ; mais, en tout cas, il est certainement très utile que ces choses soient exposées ainsi dans un organe s’adressant à des lecteurs bien différents des nôtres.

Extrait d'une lettre de René Guénon à A. K. Coomaraswamy (28 mars 1937) :
« Je suis bien de votre avis au sujet du Fascisme et des autres régimes similaires actuels, qui semblent vouloir s’opposer à la «démocratie», mais qui, au fond, sont tout aussi dépourvus de véritable principes. »
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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« Un autre point qui est à retenir, c’est que les Supérieurs Inconnus,(*) de quelque ordre qu’ils soient, et quel que soit le domaine dans lequel ils veulent agir, ne cherchent jamais à créer des « mouvements », suivant une expression qui est fort à la mode aujourd’hui ; ils créent seulement des « états d’esprit », ce qui est beaucoup plus efficace, mais peut-être un peu moins à la portée de tout le monde. Il est incontestable, encore que certains se déclarent incapables de le comprendre, que la mentalité des individus et des collectivités peut être modifiée par un ensemble systématisé de suggestions appropriées ; au fond, l’éducation elle-même n’est guère autre chose que cela, et il n’y a là-dedans aucun « occultisme ». Du reste, on ne saurait douter que cette faculté de suggestion puisse être exercée, à tous les degrés et dans tous les domaines, par des hommes « en chair et en os », lorsqu’on voit, par exemple, une foule entière illusionnée par un simple fakir, qui n’est cependant qu’un initié de l’ordre le plus inférieur, et dont les pouvoirs sont assez comparables à ceux que pouvait posséder un Gugomos ou un Schroepfer.
Ce pouvoir de suggestion n’est dû, somme toute, qu’au développement de certaines facultés spéciales ; quand il s’applique seulement au domaine social et s’exerce sur l’« opinion », il est surtout affaire de psychologie : un « état d’esprit » déterminé requiert des conditions favorables pour s’établir, et il faut savoir, ou profiter de ces conditions si elles existent déjà, ou en provoquer soi-même la réalisation. Le socialisme répond à certaines conditions actuelles, et c’est là ce qui fait toutes ses chances de succès ; que les conditions viennent à changer pour une raison ou pour une autre, et le socialisme, qui ne pourra jamais être qu’un simple moyen d’action pour des Supérieurs Inconnus, aura vite fait de se transformer en autre chose dont nous ne pouvons même pas prévoir le caractère. C’est peut-être là qu’est le danger le plus grave, surtout si les Supérieurs Inconnus savent, comme il y a tout lieu de l’admettre, modifier cette mentalité collective qu’on appelle l’« opinion » ; c’est un travail de ce genre qui s’effectua au cours du XVIIIe siècle et qui aboutit à la Révolution, et, quand celle-ci éclata, les Supérieurs Inconnus n’avaient plus besoin d’intervenir, l’action de leurs agents subalternes était pleinement suffisante. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, empêcher que des pareils événements se renouvellent, et c’est pourquoi, dirons-nous avec M. Copin-Albancelli, « il est fort important d’éclairer le peuple sur la question maçonnique et ce qui se cache derrière ».»
[Réflexions à propos du « pouvoir occulte », article signé « Le Sphinx », publié dans la France Antimaçonnique, les 11 et 18 juin 1914.]

(*) Note du blog : Au départ, René Guénon a utilisé des mots qui étaient communs à l’époque mais étaient déformés par les écoles occultistes ou autres comme « pouvoir occulte », « supérieurs inconnus », et « religions ». Au lieu de « pouvoir occulte », René Guénon préférera par la suite les concepts de « contre-inititation ». Au lieu de « religions », il utilisera le terme plus universel de « traditions » (L’Hindouisme ou le Taoïsme ne sont pas des religions, par exemple). Même le terme « Supérieur inconnus » qui avait été déformé par Mme Blavatsky (les mahâtmas) ne sera plus utilisé par la suite, il utilisera plutôt le terme de membres d’organisations initiatiques ayant la conscience de la liaison avec le Centre Suprême, ou à contrario d’agents de la contre-initiation.


NB :  « Chaque fois que je me suis servi ainsi d’autres signatures, il y a eu des raisons spéciales, et cela ne doit pas être attribué à R.G., ces signatures n’étant pas simplement des pseudonymes à la manière littéraire, mais représentant, si l’on peut dire, des entités réellement distinctes. » - Lettre du 17 juin 1934 de René Guénon à Luc Benoist, qui fut en charge de ses publications aux éditions Gallimard. C’est René Guénon qui souligne dans le texte.


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Message par Ligeia Mer 1 Juil - 11:13

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Extraits :

"On a pu lire ici, la semaine dernière, le remarquable article de M. Copin-Albancelli intitulé « Les Yeux qui s’ouvrent » ; on y a vu que notre confrère ne craint pas, à propos du socialisme, d’envisager nettement une action des Supérieurs Inconnus « dont la Franc-Maçonnerie n’est que l’instrument », ou même qu’un instrument entre bien d’autres, et « aux suggestions desquels obéissent les Francs-Maçons », inconsciemment pour la plupart. C’est là pour nous une nouvelle occasion de revenir sur certains points de cette question, si complexe et si controversée, du Pouvoir Occulte, sur laquelle le dernier mot n’a pas été dit et ne le sera peut-être pas de longtemps encore, ce qui n’est pas une raison pour désespérer de voir la lumière se faire peu à peu.

Tout d’abord, il est nécessaire de dire qu’il existe des « pouvoirs occultes » de différents ordres, exerçant leur action dans des domaines bien distincts, par des moyens appropriés à leurs buts respectifs, et dont chacun peut avoir ses Supérieurs Inconnus. Ainsi, un « pouvoir occulte » d’ordre politique ou financier ne saurait être confondu avec un « pouvoir occulte » d’ordre purement initiatique, et il est facile de comprendre que les chefs de ce dernier ne s’intéresseront point aux questions politiques et sociales en tant que telles ; ils pourront même n’avoir qu’une fort médiocre considération pour ceux qui se consacrent à ce genre de travaux. Pour citer un exemple, dans le monde musulman, la secte des Senoussis, actuellement tout au moins, ne poursuit guère qu’un but à peu près exclusivement politique ; elle est, en raison même de cela, généralement méprisée par les autres organisations secrètes, pour lesquelles le panislamisme ne saurait être qu’une affirmation purement doctrinale, et qui ne peuvent admettre qu’on accommode le Djefr aux visées ambitieuses de l’Allemagne ou de quelque autre puissance européenne. Si l’on veut un autre exemple, en Chine, il est bien évident que les associations révolutionnaires qui soutinrent le F∴ Sun Yat Sen, de concert avec la Maçonnerie et le Protestantisme anglo-saxons (1), ne pouvaient avoir de relations d’aucune sorte avec les vraies sociétés initiatiques, dont le caractère, dans tout l’Orient, est essentiellement traditionaliste, et cela, chose étrange, d’autant plus qu’il est plus exempt de tout ritualisme extérieur.

(...)

Un autre point qui est à retenir, c’est que les Supérieurs Inconnus, de quelque ordre qu’ils soient, et quel que soit le domaine dans lequel ils veulent agir, ne cherchent jamais à créer des « mouvements », suivant une expression qui est fort à la mode aujourd’hui ; ils créent seulement des « états d’esprit », ce qui est beaucoup plus efficace, mais peut-être un peu moins à la portée de tout le monde. Il est incontestable, encore que certains se déclarent incapables de le comprendre, que la mentalité des individus et des collectivités peut être modifiée par un ensemble systématisé de suggestions appropriées ; au fond, l’éducation elle-même n’est guère autre chose que cela, et il n’y a là-dedans aucun « occultisme ». Du reste, on ne saurait douter que cette faculté de suggestion puisse être exercée, à tous les degrés et dans tous les domaines, par des hommes « en chair et en os », lorsqu’on voit, par exemple, une foule entière illusionnée par un simple fakir, qui n’est cependant qu’un initié de l’ordre le plus inférieur, et dont les pouvoirs sont assez comparables à ceux que pouvait posséder un Gugomos ou un Schroepfer.
Ce pouvoir de suggestion n’est dû, somme toute, qu’au développement de certaines facultés spéciales ; quand il s’applique seulement au domaine social et s’exerce sur l’« opinion », il est surtout affaire de psychologie : un « état d’esprit » déterminé requiert des conditions favorables pour s’établir, et il faut savoir, ou profiter de ces conditions si elles existent déjà, ou en provoquer soi-même la réalisation. Le socialisme répond à certaines conditions actuelles, et c’est là ce qui fait toutes ses chances de succès ; que les conditions viennent à changer pour une raison ou pour une autre, et le socialisme, qui ne pourra jamais être qu’un simple moyen d’action pour des Supérieurs Inconnus, aura vite fait de se transformer en autre chose dont nous ne pouvons même pas prévoir le caractère. C’est peut-être là qu’est le danger le plus grave, surtout si les Supérieurs Inconnus savent, comme il y a tout lieu de l’admettre, modifier cette mentalité collective qu’on appelle l’« opinion » ; c’est un travail de ce genre qui s’effectua au cours du XVIIIe siècle et qui aboutit à la Révolution, et, quand celle-ci éclata, les Supérieurs Inconnus n’avaient plus besoin d’intervenir, l’action de leurs agents subalternes était pleinement suffisante. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, empêcher que des pareils événements se renouvellent, et c’est pourquoi, dirons-nous avec M. Copin-Albancelli, « il est fort important d’éclairer le peuple sur la question maçonnique et ce qui se cache derrière »."


[René Guénon, Réflexions à propos du « pouvoir occulte », article publié dans la France Antimaçonnique sous pseudonyme « Le Sphinx », les 11 et 18 juin 1914.]
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Série : le pouvoir occulte et les Supérieurs Inconnus Empty Les Supérieurs Inconnus

Message par Ligeia Mer 1 Juil - 18:05

Dans le Recueil des textes parus sous le « pseudo » Le Sphinx, on trouve cette note de l'éditeur :



  • « Concernant les différences terminologiques avec l’œuvre de Guénon, la principale que nous ayons relevée est celle portant sur l’expression de Supérieurs Inconnus : elle est assez vague lorsqu’elle est employée par LE SPHINX, pour qui elle semble désigner des représentants d’un pouvoir occulte quelconque, bénéfique ou maléfique.
    RENÉ GUÉNON précise lui que « le vrai sens de ce que la Maçonnerie du XVIIIe siècle désigna sous le nom de “Supérieurs Inconnus” » est une dénomination particulière des "représentants des centres spirituels" qui, sans appartenir eux-mêmes à aucune organisation connue présidèrent dans certains cas à la formation de telles organisations, ou, par la suite, les inspirèrent et les dirigèrent invisiblement » (Aperçus sur l’Initiation, ch. X – Des Centres initiatiques).
    Quant à leur caricature maléfique, il ne les désigne pas par l’expression en question, mais, par exemple, il évoque les « “dirigeants”, connus ou inconnus », qui « savent bien que, pour agir efficacement, il leur faut avant tout créer et entretenir des courants d’idées ou de pseudo-idées », des "courants purement négatifs, de nature mentale" dans le but "d’abolir l’intellectualité" des populations sous leur joug » (Orient et Occident, 1re partie, ch. III – La superstition de la vie) ; et, de manière plus générale, il explicite la notion de contre-initiation.
    Il n’y a pour autant pas contradiction entre les deux signatures, LE SPHINX laisse juste une indétermination. Celle-ci ne nous paraît pas être due à une imperfection de l’expression, mais nous pensons qu’elle est plutôt une adoption du vocabulaire en usage dans le milieu visé par cette entité, où les Supérieurs Inconnus n’étaient envisagés que sous l’aspect négatif. »


Charles-André Gilis précisera en outre dans son ouvrage "René Guénon 1907-1961" :


  • "En tant qu'il est le représentant du Centre Suprême, René Guénon est lui-même un  "Supérieur Inconnu" en ce sens que la source et la nature de son autorité sont ignorées de ceux auxquels il s'adresse (9). Selon Michel Vâlsan, la croyance en leur présence agissante et secrète est une des conditions essentielles de l'orthodoxie maçonnique puisqu'elle implique la reconnaissance d'une subordination de la Franc-Maçonnerie au Centre primordial et universel. La couleur symbolique des Supérieurs Inconnus est le noir qui représente la non-manifestation du principe suprême (10). Dans l'ésotérisme islamique, ils sont appelés rijâl al-ghayb (les "hommes du mystère").
    On les désigne aussi sous le nom de malâmatî, les "hommes du blâme" qui, en toutes circonstances, cachent soigneusement leur fonction et leur état. En cette qualité, René Guénon était détenteur d'une autorité majeure au sein du tasawwuf.
    Le nom divin correspondant aux Supérieurs Inconnus est Huwa. Celui-ci est le secret du Nom de Majesté Allâh (11), le secret de la sourate al-Ikhlâs (qul Huwa Allâh), le secret du Coran tout entier qui est destiné à ceux qui "croient au Mystère" (alladhîna yu'minûna bi-l-ghayb ; Cor., 2, 3).
    Toute manifestation de cette autorité suprême suscite inévitablement, en islâm comme ailleurs, l'incompréhension, voire le rejet et l'hostilité, et cela aussi bien de la part des exotéristes que des maîtres qui envisagent la direction spirituelle de façon unilatérale."


(Chapitre V "Les fondements de l'oeuvre")
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Série : le pouvoir occulte et les Supérieurs Inconnus Empty À propos des supérieurs inconnus et de l’astral

Message par Ligeia Mer 1 Juil - 18:25

René Guénon - À propos des supérieurs inconnus et de l’astral


La France antimaçonnique, décembre 1913, article signé Le Sphinx
Publié dans « Études Traditionnelles », septembre 1952.
Publication posthume dans Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 2



Lorsque nous écrivions notre précédent article sur « La Stricte Observance et les Supérieurs Inconnus », en y signalant la singulière hantise qui, à certains écrivains maçonniques et occultistes, fait voir partout l’action des Jésuites dans la Haute Maçonnerie du XVIIIe siècle et dans l’Illuminisme, nous ne pensions certes pas avoir à constater des cas d’une semblable obsession parmi les anti-maçons eux-mêmes.
Or, voici qu’on nous a signalé un article paru dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes, dans la section Antimaçonnique de l’Index Documentaire (1), sous la signature A. Martigue, article dans lequel nous lisons cette phrase vraiment étonnante :
« Il ne faut pas oublier, quand on étudie les Illuminés, que Weishaupt a été élève, puis professeur, chez les Jésuites, et qu’il s’est beaucoup inspiré, en les déformant, bien entendu, pour les faire servir au mal, des méthodes que les R. Pères d’Ingolstadt appliquaient pour le bien avec tant de succès… sauf quand ils s’en sont servis pour former Weishaupt et ses premiers disciples ! ».

[1] N° du 20 octobre 1913, pp. 3725-3737.

Voilà des insinuations qui, malgré toutes les précautions dont elles sont entourées, revêtent un caractère particulièrement grave sous la plume d’un anti-maçon ; M. Martigue serait-il donc en mesure de les justifier ? Pourrait-il nous expliquer en quoi les R. Pères du XVIIIe siècle peuvent être rendus, même indirectement, responsables des doctrines révolutionnaires du F∴ Weishaupt et de ses adeptes ?
Pour nous, jusqu’à ce que cette démonstration soit faite, cela nous semble être un peu comme si l’on rendait les R. Pères du XIXe siècle responsables des théories anarchistes développées de nos jours par leur ex-élève et novice, le F∴ Sébastien Faure ! On pourrait assurément aller loin dans ce sens, mais cela ne serait ni sérieux ni digne d’un écrivain qui s’affirme possesseur de « méthodes rigoureuses et exactes ».
Voici, en effet, ce qu’écrit M. Martigue, un peu avant la phrase déjà citée, au sujet d’une étude intitulée Les Pièges de la Secte : le Génie des Conspirations, publiée dans les Cahiers Romains de l’Agence Internationale Roma :
«L’auteur ne paraît connaître que les ouvrages du P. Deschamps, de Rarruel, de Claudio Janet et de Crétineau-Joly. C’est beaucoup, mais ce n’est pas assez, et si ces excellents travaux, qui devront, certes, toujours être consultés avec fruit par les étudiants en anti-maçonnerie, ont été écrits par des maîtres respectables, dont tout le monde doit louer et reconnaître les efforts, il est impossible, cependant, de ne pas constater qu’ils datent d’une époque où la science et la critique historiques n’avaient pas été portées au point où nous les trouvons aujourd’hui. Nos méthodes, qui tendent à se perfectionner chaque jour, sont autrement rigoureuses et exactes. C’est pourquoi il est dangereux, au point de vue de l’exactitude scientifique, de négliger les travaux les plus modernes ; il est encore plus fâcheux de les dédaigner de parti pris».

Il faut être bien sûr de soi et de tout ce qu’on avance, pour se permettre de reprocher un manque d’« exactitude scientifique » à quatre auteurs qui sont parmi les maîtres les plus incontestés de l’antimaçonnisme. Assurément, M. Martigue a confiance dans les « progrès de la science et de la critique » ; mais, comme ces mêmes « progrès » servent à justifier des choses telles que l’exégèse moderniste et la prétendue « science des religions », il nous est difficile de les considérer comme un argument convaincant.

Nous ne nous attendions pas à voir M. Martigue faire une déclaration aussi…. évolutionniste, et nous nous demandons si les méthodes qu’il préconise, et qu’il oppose « aux méthodes et aux habitudes défectueuses de certains » (à qui fait-il allusion ?), ne se rapprochent pas singulièrement de la « méthode positiviste » dont nous avons déjà parlé… Enfin, s’il connaît « les papiers de Weishaupt lui-même », comme il le donne à entendre, nous espérons qu’il ne tardera pas à nous communiquer les découvertes qu’il a dû y faire, notamment en ce qui concerne les rapports de Weishaupt avec « les R. Pères d’Ingolstadt » ; rien ne saurait mieux prouver la valeur de ses méthodes.

Mais, pourtant, ne vaudrait-il pas mieux s’arrêter de préférence au rôle que les Juifs ont pu jouer à l’origine de l’Illuminisme bavarois, aussi bien que derrière certains « systèmes » de la Haute Maçonnerie ? Citons, en effet, cette phrase de l’étude des Cahiers Romains : « Les combinaisons de ce génie (Weishaupt) furent sans doute aidées par des Juifs, héritiers des haines implacables de la vieille Synagogue, car le fameux Bernard Lazare n’a pas reculé devant cet aveu : « Il y eut des Juifs autour de Weishaupt » (L’Antisémitisme, son histoire et ses causes, pp. 339-340) ».

Nous relevons ceci parce que nous avons déjà eu l’occasion de parler de cette influence des Juifs, mais il y aurait bien d’autres choses intéressantes à signaler dans ce travail, contre lequel le rédacteur de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes fait preuve d’une prévention qui confine à la partialité. Après lui avoir reproché « l’absence de variété dans la documentation », tout en reconnaissant sa « valeur réelle », il ajoute : « Il est une autre lacune bien regrettable, quand on veut étudier l’Illuminisme, c’est l’ignorance de la mystique et de l’occultisme ».

Nous reviendrons un peu plus loin sur ce point ; pour le moment, nous ferons seulement remarquer que la mystique, qui relève de la théologie, est une chose, et que l’occultisme en est une autre tout à fait différente : les occultistes sont, en général, profondément ignorants de la mystique, et celle-ci n’a rien à faire avec leur pseudo-mysticisme.
Malheureusement, quelque chose nous fait craindre que les reproches de M. Martigue ne soient causés surtout par un mouvement de mauvaise humeur : c’est que l’article des Cahiers Romains contient une critique, très juste à notre avis, du compte rendu donné par M. Gustave Bord, dans la même Revue Internationale des Sociétés Secrètes (1), sur le livre de M. Benjamin Fabre, Un Initié des Sociétés Secrètes supérieures : Franciscus, Eques a Capite Galeato.
«Parlant de quelques aventuriers maçonniques qui tâchaient de s’imposer aux « poires » des Loges, en s’affichant comme mandataires des mystérieux S. I. (Supérieurs Inconnus), centre fermé de toute la Secte, M. Bord constate que ces aventuriers se vantaient ; d’où il déduit que ces S. I. n’existaient pas. La déduction est bien risquée. Si les aventuriers en question se sont présentés faussement comme des missi dominici des S. I., non seulement rien ne dit que ces derniers n’existaient pas, mais plutôt cela montre la conviction générale de l’existence de ces S. I., car il aurait été bien étrange que ces imposteurs eussent inventé de toutes pièces le mandant, outre le mandat. Leur calcul de réussite devait, évidemment, se baser sur cette conviction, et celle-ci ne dépose pas contre l’existence des Superiores Incogniti, évidemment».

En effet, cela est l’évidence même pour quiconque n’est pas aveuglé par la préoccupation de soutenir à tout prix la thèse opposée ; mais « ne serait-ce pas M. Bord lui-même qui, se mettant en contradiction avec les maîtres de l’antimaçonnisme, nie l’évidence, et méconnaît absolument (suivant ses propres expressions) « l’emplacement, la tactique et la force de l’adversaire » ?... il y a des antimaçons bien étranges.»

[1] N° du 5 septembre 1913, pp. 3071 et suivantes.

Et nous ajouterons ici que c’est précisément à ce compte-rendu de M. Gustave Bord, aussi peu impartial que les appréciations de M. Martigue, que nous songions lorsque nous faisions allusion à la « méthode positiviste » de certains historiens.
Voici maintenant que M. Martigue, à son tour, reproche à MM. Benjamin Fabre et Copin-Albancelli « le désir d’apporter un argument à une thèse préconçue sur l’existence des directeurs inconnus de la Secte » ; n’est-ce pas plutôt à M. Bord que l’on pourrait reprocher d’avoir une « thèse préconçue » sur la non-existence des Supérieurs Inconnus ?

Voyons donc ce que répond à ce sujet M. Martigue : «Quant à la thèse opposée à M. Bord à propos des Supérieurs Inconnus, il est nécessaire de distinguer : si le directeur des Cahiers Romains entend par ceux-ci des hommes en chair et en os, nous croyons qu’il est dans l’erreur et que M. Bord a raison.»
Et, après avoir énuméré quelques-uns des chefs de la Haute Maçonnerie du XVIIIe siècle, il continue : « … S’ils s’étaient présentés comme mandataires d’hommes vivants, on pourrait, avec raison, les traiter d’imposteurs, comme on a le droit de le faire de nos jours, par exemple, pour Mme Blavatsky, Annie Besant et autres chefs de la Théosophie, lorsqu’ils nous parlent des Mahâtmâs, vivant dans une loge du Thibet. »

À cela, on peut bien objecter que les soi-disant Mahâtmâs ont justement été inventés sur le modèle, plus ou moins déformé, des véritables Supérieurs Inconnus, car il est peu d’impostures qui ne reposent pas sur une imitation de la réalité, et c’est d’ailleurs l’habile mélange du vrai et du faux qui les rend plus dangereuses et plus difficiles à démasquer. D’autre part, comme nous l’avons dit, rien ne nous empêche de considérer comme des imposteurs, en certaines circonstances, des hommes qui ont cependant pu être réellement des agents subalternes d’un Pouvoir occulte ; nous en avons dit les raisons, et nous ne voyons aucune nécessité à justifier de tels personnages de cette accusation, même par la supposition que les Supérieurs Inconnus n’étaient pas « des hommes en chair et en os ».
En ce cas, qu’étaient-ils donc, selon M. Martigue ?
La suite de notre citation va nous l’apprendre, et ce ne sera pas, dans son article, notre moindre sujet d’étonnement.
« Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit (sic) ; cette interprétation est tout exotérique, pour les profanes et les adeptes non initiés. »
Jusqu’ici, nous avions cru que l’« adeptat » était un stade supérieur de l’« initiation » ; mais passons.
« Le sens ésotérique a toujours été très différent. Les fameux Supérieurs Inconnus, pour les vrais initiés, existent parfaitement, mais ils vivent… dans l’Astral. Et c’est de là que, par la théurgie, l’occultisme, le spiritisme, la voyance, etc., ils dirigent les chefs des Sectes, du moins au dire de ceux-ci. »
Est-ce donc à des conceptions aussi fantastiques que doit conduire la connaissance de l’occultisme, ou du moins d’un certain occultisme, malgré toute la « rigueur » et toute l’« exactitude » des « méthodes scientifiques et critiques » et des « preuves historiques indiscutables qu’on exige aujourd’hui (!) des historiens sérieux et des érudits » ?

De deux choses l’une ou M. Martigue admet l’existence de l’« Astral » et de ses habitants, Supérieurs Inconnus ou autres, et alors nous sommes en droit de trouver qu’« il y a des antimaçons bien étranges » autres que M. Gustave Bord ; ou il ne l’admet pas, comme nous voulons le croire d’après la dernière restriction, et, dans ce cas, il ne peut pas dire que ceux qui l’admettent sont « les vrais initiés ».
Nous pensons, au contraire, qu’ils ne sont que des initiés très imparfaits, et même il n’est que trop évident que les spirites, par exemple, ne peuvent à aucun titre être regardés comme des initiés. Il ne faudrait pas oublier, non plus, que le spiritisme ne date que des manifestations de Hydesville, qui commencèrent en 1847, et qu’il était inconnu en France avant le F∴ Rivail, dit Allan Kardec.
On prétend que celui-ci « fonda sa doctrine à l’aide des communications qu’il avait obtenues, et qui furent colligées, contrôlées, revues et corrigées par des esprits supérieurs » (1). Ce serait là, sans doute, un remarquable exemple de l’intervention de Supérieurs Inconnus selon la définition de M. Martigue, si nous ne savions malheureusement que les « esprits supérieurs » qui prirent part à ce travail n’étaient pas tous « désincarnés », et même ne le sont pas tous encore : si Eugène Nus et Victorien Sardou sont, depuis cette époque, « passés dans un autre plan d’évolution », pour employer le langage spirite, M. Camille Flammarion continue toujours à célébrer la fête du Soleil à chaque solstice d’été.

[1] Dr Gibier, Le Spiritisme, pp. 136-137.

Ainsi, pour les chefs de la Haute Maçonnerie au XIIIe siècle, il ne pouvait pas être question du spiritisme, qui n’existait pas encore, pas plus d’ailleurs que l’occultisme, car, s’il y avait alors des « sciences occultes », il n’y avait aucune doctrine appelée « occultisme » ; il semble que ce soit Éliphas Lévi qui ait été le premier à employer cette dénomination, accaparée, après sa mort (1875), par certaine école dont, au point de vue initiatique, le mieux est de ne rien dire. Ce sont ces mêmes « occultistes » qui parlent couramment du « monde astral », dont ils prétendent se servir pour expliquer toutes choses, surtout celles qu’ils ignorent.
C’est encore Éliphas Lévi qui a répandu l’usage du terme « astral », et, bien que ce mot remonte à Paracelse, il paraît avoir été à peu près inconnu des Hauts Maçons du XVIIIe siècle, qui, en tout cas, ne l’auraient sans doute pas entendu tout à fait de la même façon que les occultistes actuels. Est-ce que M. Martigue, dont nous ne contestons pas les connaissances en occultisme, est bien sûr que ces connaissances mêmes ne l’amènent pas précisément à « une interprétation tout exotérique » de Swedenborg, par exemple, et de tous les autres qu’il cite en les assimilant, ou à peu près, aux « médiums » spirites ?

Citons textuellement : « Les Supérieurs Inconnus, ce sont les Anges qui dictent à Swedenborg ses ouvrages, c’est la Sophia de Gichtel, de Bœhme, la Chose de Martinez Pasqualis (sic), le Philosophe Inconnu de Saint-Martin, les manifestations de l’École du Nord, le Gourou des Théosophes, l’esprit qui s’incarne dans le médium, soulève le pied de la table tournante ou dicte les élucubrations de la planchette, etc., etc. »
Nous ne pensons pas, quant à nous, que tout cela soit la même chose, même avec « des variations et des nuances », et c’est peut-être chercher les Supérieurs Inconnus là où il ne saurait en être question.

Nous venons de dire ce qu’il en est des spirites, et, quant aux « Théosophes », ou plutôt aux « théosophistes », on sait assez ce qu’il faut penser de leurs prétentions. Notons d’ailleurs, à propos de ces derniers, qu’ils annoncent l’incarnation de leur « Grand Instructeur » (Mahâgourou), ce qui prouve que ce n’est pas dans le « plan astral » qu’ils comptent recevoir ses enseignements. D’autre part, nous ne pensons pas que Sophia (qui représente un principe) se soit jamais manifestée d’une façon sensible à Bœhme ou à Gichtel. Quant à Swedenborg, il a décrit symboliquement des « hiérarchies spirituelles » dont tous les échelons pourraient fort bien être occupés par des initiés vivants, d’une façon analogue à ce que nous trouvons, en particulier, dans l’ésotérisme musulman.

Pour ce qui est de Martinès de Pasqually, il est assurément assez difficile de savoir au juste ce qu’il appelait mystérieusement « la Chose » ; mais, partout où nous avons vu ce mot employé par lui, il semble qu’il n’ait ainsi rien voulu désigner d’autre que ses « opérations », ou ce qu’on entend plus ordinairement par l’Art. Ce sont les modernes occultistes qui ont voulu y voir des « apparitions » pures et simples, et cela conformément à leurs propres idées ; mais le F∴ Franz von Baader nous prévient qu’« on aurait tort de penser que sa physique (de Martinès) se réduit aux spectres et aux esprits » (1). Il y avait là, comme d’ailleurs au fond de toute la Haute Maçonnerie de cette époque, quelque chose de bien plus profond et de bien plus vraiment « ésotérique », que la connaissance de l’occultisme actuel ne suffit aucunement à faire pénétrer.
Mais ce qui est peut-être le plus singulier, c’est que M. Martigue nous parle du «Philosophe Inconnu de Saint-Martin», alors que nous savons parfaitement que Saint-Martin lui-même et le Philosophe Inconnu ne faisaient qu’un, le second n’étant que le pseudonyme du premier.
Nous connaissons, il est vrai, les légendes qui circulent à ce sujet dans certains milieux ; mais voici qui met admirablement les choses au point : « Les Superiores Incogniti ou S. I. ont été attribués, par un auteur fantaisiste, au théosophe Saint-Martin, peut-être parce que ce dernier signait ses ouvrages : un Philosophe Inconnu, nom d’un grade des Philalèthes (régime dont il ne fit d’ailleurs jamais partie). Il est vrai que le même fantaisiste a attribué le livre des Erreurs et de la Vérité, du Philosophe Inconnu, à un Agent Inconnu ; et qu’il s’intitule lui-même S. I. Quand on prend de l’inconnu, on n’en saurait trop prendre ! » (2). On voit assez par là combien il peut être dangereux d’accepter sans contrôle les affirmations de certains occultistes ; c’est dans de pareils cas surtout qu’il convient de se montrer prudent et, suivant le conseil de M. Martigue lui-même, « de ne rien exagérer ».

[1] Les enseignements secrets de Martinès de Pasqually, p. 18.
[2] Notice historique sur le Martinésisme et le Martinisme, pp. 35 36, en note.


Ainsi, on aurait grand tort de prendre ces mêmes occultistes au sérieux lorsqu’ils se présentent comme les descendants et les continuateurs de l’ancienne Maçonnerie ; et pourtant nous trouvons comme un écho de ces assertions « fantaisistes » dans la phrase suivante de M. Martigue : « Cette question (des Supérieurs Inconnus) soulève des problèmes que nous étudions dans l’occultisme, problèmes dont les Francs-Maçons du XVIIIe siècle poursuivaient avec ardeur la solution. »
Sans compter que cette même phrase, interprétée trop littéralement, pourrait faire passer le rédacteur de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes pour un « occultiste » aux yeux « des lecteurs superficiels n’ayant pas le temps de creuser ces choses ».
« Mais, continue-t-il, on ne peut voir clair dans cette question que si l’on connaît à fond les sciences occultes et la mystique. »
C’est là ce qu’il voulait prouver contre le collaborateur de l’Agence Internationale Roma ; mais n’a-t-il pas prouvé surtout, contre lui-même, que cette connaissance devrait s’étendre encore plus loin qu’il ne l’avait supposé ?
« C’est pourquoi si peu d’antimaçons parviennent à pénétrer ces arcanes que ne connaîtront jamais ceux qui prétendent demeurer sur le terrain positiviste. » Ceci est, à notre avis, beaucoup plus juste que tout ce qui précède ; mais n’est-ce pas un peu en contradiction avec ce que M. Martigue nous a dit de ses « méthodes » ?
Et alors, s’il n’adhère pas à la conception « positiviste » de l’histoire, pourquoi prend-il envers et contre tous la défense de M. Gustave Bord, même lorsque celui-ci est le moins défendable ?

« Il est impossible de comprendre les écrits d’hommes qui vivent dans le surnaturel et se laissent diriger par lui, comme les théosophes swedenborgiens ou martinistes du XVIIIe siècle, si l’on ne se donne pas la peine d’étudier et la langue qu’ils parlent et la chose dont ils traitent dans leurs lettres et leurs ouvrages. Encore moins si, de parti pris, on prétend nier l’existence de l’atmosphère surnaturelle dans laquelle ils étaient plongés et qu’ils respiraient chaque jour.»
Oui, mais, outre que cela se retourne contre M. Bord et ses conclusions, ce n’est pas une raison pour passer d’un extrême à l’autre et attribuer plus d’importance qu’il ne convient aux « élucubrations » des planchettes spirites ou à celles de quelques pseudo-initiés, au point de ramener tout le « surnaturel » en question, quelle qu’en soit d’ailleurs la qualité, à l’étroite interprétation de l’« Astral ».

Autre remarque : M. Martigue parle des « théosophes swedenborgiens ou martinistes », comme si ces deux dénominations étaient à peu près équivalentes ; serait-il donc tenté de croire à l’authenticité de certaine filiation qui est cependant fort éloignée de toute « donnée scientifique » et de toute « base positive » ?

« À ce sujet, nous croyons devoir dire que, lorsque M. Papus affirme que Martinès de Pasqually a reçu l’initiation de Swedenborg au cours d’un voyage à Londres, et que le système propagé par lui sous le nom de rite des Élus-Coëns n’est qu’un Swedenborgisme adapté, cet auteur s’abuse ou cherche à abuser ses lecteurs dans l’intérêt d’une thèse très personnelle. Pour se livrer à de semblables affirmations, il ne suffit pas, en effet, d’avoir lu dans Ragon, qui lui-même l’avait lu dans Reghelini, que Martinès a emprunté le rite des Élus-Coëns au suédois Swedenborg. M. Papus aurait pu s’abstenir de reproduire, en l’amplifiant, une appréciation qui ne repose sur rien de sérieux. Il aurait pu rechercher les sources de son document et s’assurer qu’il n’y a que fort peu de rapports entre la doctrine et le rite de Swedenborg, et la doctrine et le rite des Élus-Coëns… Quant au prétendu voyage à Londres, il n’a eu lieu que dans l’imagination de M. Papus » (1).

Il est fâcheux, pour un historien, de se laisser entraîner par son imagination… « en Astral » ; et, malheureusement, les mêmes remarques peuvent s’appliquer à bien d’autres écrivains, qui s’efforcent d’établir les rapprochements les moins vraisemblables « dans l’intérêt d’une thèse très personnelle », souvent même trop personnelle !

Mais revenons à M. Martigue, qui nous avertit encore une fois que, « sans le secours de ces sciences, dites occultes, il est de toute impossibilité de comprendre la Maçonnerie du XVIIIe siècle et même, ce qui étonnera les non initiés, celle d’aujourd’hui ».
Ici, un ou deux exemples nous auraient permis de mieux saisir sa pensée ; mais voyons la suite :
«C’est de cette ignorance (de l’occultisme), qui est le partage non seulement de profanes, mais aussi de Maçons, même revêtus des hauts grades, que proviennent des erreurs comme celle dont nous nous occupons. Cette erreur a lancé l’antimaçonnerie à la recherche de Supérieurs Inconnus qui, sous la plume des vrais initiés, sont simplement des manifestations extranaturelles d’êtres vivant dans le Monde Astral.»

[1] Notice historique sur le Martinésisme et le Martinisme, p. 17, en note.

Comme nous l’avons dit, nous ne croyons pas, quant à nous, que ceux qui peuvent soutenir cette thèse soient de «vrais initiés» ; mais, si M. Martigue, qui l’affirme, le croit vraiment, nous ne voyons pas trop pourquoi il s’empresse d’ajouter : «Ce qui ne préjuge rien sur leur existence (de ces Supérieurs Inconnus), pas plus, du reste, que sur celle dudit Monde Astral», sans paraître s’apercevoir qu’il remet ainsi tout en question.
Tout en « ne prétendant indiquer que ce que pensaient les Hauts Maçons du XVIIIe siècle », est-il bien sûr d’interpréter fidèlement leur pensée, et de n’avoir pas introduit tout simplement une complication nouvelle dans un des problèmes dont ces FF∴ «poursuivaient avec ardeur la solution », parce que cette solution devait les aider à devenir les « vrais initiés » qu’ils n’étaient pas encore, évidemment, tant qu’ils ne l’avaient pas trouvée ? C’est que les « vrais initiés » sont encore plus rares qu’on ne pense, mais cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas du tout, ou qu’il n’en existe qu’« en Astral » ; et pourquoi, bien que vivant sur terre, ces « adeptes », au sens vrai et complet du mot, ne seraient-il pas les véritables Supérieurs Inconnus ?

«Par conséquent (?), en écrivant les mots Supérieurs Inconnus, S. I., les Illuminés, les Martinistes, les membres de la Stricte Observance et tous les Maçons du XVIIIe siècle parlent bien d’êtres considérés comme ayant une existence réelle supérieure, sous la direction desquels chaque Loge et chaque adepte initié (sic) sont placés.»
Avoir fait des Supérieurs Inconnus des « êtres astraux », puis leur assigner un tel rôle d’« aides invisibles » (invisible helpers), comme disent les théosophistes, n’est-ce pas vouloir les rapprocher un peu trop des « guides spirituels » qui dirigent de même, d’un « plan supérieur », les médiums et les groupes spirites ?

Ce n’est donc peut-être pas tout à fait «dans ce sens qu’écrivent l’Eques a Capite Galeato et ses correspondants», à moins qu’on ne veuille parler d’une « existence supérieure » pouvant être « réalisée » par certaines catégories d’initiés, qui ne sont « invisibles » et « astraux » que pour les profanes et pour les pseudo-initiés auxquels nous avons déjà fait quelques allusions.
Tout l’occultisme contemporain, même en y joignant le spiritisme, le théosophisme et les autres mouvements « néo-spiritualistes », ne peut encore, quoi qu’en dise M. Martigue, conduire qu’à « une interprétation tout exotérique ». Mais, s’il est si difficile de connaître exactement la pensée des Hauts Maçons du XVIIIe siècle, et, par conséquent, d’«interpréter leurs lettres comme ils les comprenaient eux-mêmes», est-il indispensable que ces conditions soient intégralement remplies pour ne pas « se tromper complètement en poursuivant ces études, déjà si difficiles, même quand on est dans la bonne voie » ? Et y a-t-il quelqu’un, parmi les antimaçons, qui puisse se dire « dans la bonne voie » à l’exclusion de tous les autres ?

Les questions qu’ils ont à étudier sont bien trop complexes pour cela, même sans faire intervenir l’« Astral » là où il n’a que faire. C’est pourquoi il est toujours « fâcheux de dédaigner de parti pris », même au nom de la «  science » et de la « critique », des travaux qui, comme le dit fort bien le rédacteur des Cahiers Romains, « ne sont pas définitifs, ce qui n’empêche pas qu’ils soient très importants, tels qu’ils sont ».
Assurément, M. Gustave Bord a des prétentions à l’impartialité ; mais possède-t-il vraiment cette qualité au degré qui doit être nécessaire, nous le supposons du moins, pour réaliser l’idéal de M. Martigue, « l’historien averti qui sait trouver son bien partout, et à qui la saine critique permet de juger la valeur des documents » ? Encore une fois, il peut y avoir plusieurs façons d’être « dans la bonne voie », et il suffit d’y être, d’une façon ou d’une autre, pour ne pas « se tromper complètement », sans même qu’il soit « indispensable d’éclairer la bonne route aux ténébreuses lumières (?!) de l’occultisme », ce qui est surtout fort peu clair !

M. Martigue conclut en ces termes : «En attendant, nous reconnaissons volontiers que, s’il comprend le pouvoir occulte dans le sens que nous venons d’indiquer, le rédacteur des Cahiers Romains a raison d’écrire, ainsi qu’il le fait : « Nous constatons qu’aucun argument probant n’a été présenté, jusqu’ici, contre le pouvoir central occulte de la Secte». Mais s’il entend, par ces mots, contrairement aux Francs Maçons initiés du XVIIIe siècle, un comité d’hommes en chair et en os, nous sommes obligé de retourner l’argument et de dire : « Nous constatons qu’aucun document probant n’a été présenté, jusqu’ici, en faveur de ce comité directeur inconnu ». Et c’est à ceux qui affirment cette existence d’apporter la preuve décisive. Nous attendons. La question demeure donc ouverte. »

En effet, elle est toujours ouverte, et il est certain qu’« elle est des plus importantes » ; mais qui donc a jamais prétendu que les Supérieurs Inconnus, même « en chair et en os », constituaient un « comité », ou même une « société » au sens ordinaire du mot ?
Cette solution paraît fort peu satisfaisante, au contraire, lorsqu’on sait qu’il existe certaines organisations vraiment secrètes, beaucoup plus rapprochées du « pouvoir central » que ne l’est la Maçonnerie extérieure, et dont les membres n’ont ni réunions, ni insignes, ni diplômes, ni moyens extérieurs de reconnaissance.

Il est bon d’avoir le respect des « documents », mais on comprend qu’il soit plutôt difficile d’en découvrir de «probants» lorsqu’il s’agit précisément de choses qui, comme nous l’écrivions précédemment, « ne sont pas de nature à être prouvées par un document écrit quelconque ».
Là encore, il ne faut donc « rien exagérer », et il faut surtout éviter de se laisser absorber exclusivement par la préoccupation « documentaire », au point de perdre de vue, par exemple, que l’ancienne Maçonnerie reconnaissait plusieurs sortes de Loges travaillant « sur des plans différents », comme dirait un occultiste, et que, dans la pensée des Hauts Maçons d’alors, cela ne signifiait aucunement que les « tenues » de certaines de ces Loges avaient lieu « dans l’Astral », dont les « archives », d’ailleurs, ne sont guère accessibles qu’aux « étudiants » de l’école de M. Leadbeater.

S’il est aujourd’hui des S. I. « fantaisistes » qui prétendent se réunir « en Astral », c’est pour ne pas avouer tout simplement qu’ils ne se réunissent pas du tout, et, si leurs « groupes d’études » ont été, en effet, transportés « sur un autre plan », ce n’est que de la façon qui est commune à tous les êtres « en sommeil » ou « désincarnés », qu’il s’agisse d’individualités ou de collectivités, de « comités » profanes ou de « sociétés » soi-disant « initiatiques ».
Il y a, dans ces dernières, beaucoup de gens qui voudraient se faire passer pour des « mystiques » alors qu’ils ne sont que de vulgaires « mystificateurs », et qui ne se gênent pas pour allier le charlatanisme à l’occultisme, sans même posséder les quelques « pouvoirs » inférieurs et occasionnels qu’a pu exhiber parfois un Gugomos ou un Schœpfer. Aussi, il vaudrait peut-être encore mieux étudier d’un peu plus près les « opérations » et la « doctrine » de ces derniers, si imparfaitement initiés qu’ils aient été, que celles de prétendus « Mages » contemporains, qui ne sont pas initiés du tout, ou du moins qui ne le sont à rien de sérieux, ce qui revient exactement au même.

Tout cela, bien entendu, ne veut pas dire qu’il ne soit pas bon d’étudier et de connaître même l’occultisme courant et « vulgarisateur », mais en n’y attachant que l’importance très relative qu’il mérite, et bien moins pour y rechercher un « ésotérisme » profond qui ne s’y trouve pas, que pour en montrer à l’occasion toute l’inanité, et pour mettre en garde ceux qui seraient tentés de se laisser séduire par les trompeuses apparences d’une « science initiatique » toute superficielle et de seconde ou de troisième main. Il ne faut se faire aucune illusion : si l’action des vrais Supérieurs Inconnus existe quelque peu, malgré tout, jusque dans les mouvements « néo-spiritualistes » dont il s’agit, quels que soient leurs titres et leurs prétentions, ce n’est que d’une façon tout aussi indirecte et lointaine que dans la Maçonnerie la plus extérieure et la plus moderne. Ce que nous venons de dire le prouve déjà, et nous aurons l’occasion, dans de prochaines études, de rapporter à ce sujet d’autres exemples non moins significatifs.


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Série : le pouvoir occulte et les Supérieurs Inconnus Empty Le Sphinx : L'Enigme

Message par Ligeia Ven 3 Juil - 12:09

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« L’Énigme » La France Antimaçonnique, n° du 29 janvier 1914. Signé « Le Sphinx »



Dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (numéro du 5 janvier 1914,Index Occultiste, p. 141), nous lisons ce qui suit, sous la signature N. Fomalhaut, pseudonyme astrologique de M. Charles Nicoullaud :
« La France Antimaçonnique, 18 décembre 1913, publie une longue étude intitulée « À propos des Supérieurs Inconnus et de l’Astral », qui est une discussion de différents articles parus dans la Revue. Cette étude est signée « Le Sphinx ». Le Sphinx est un animal fabuleux qui tient à la fois de l’homme, de l’aigle, du taureau et du lion. Avant de répondre, nous aimerions à savoir auquel de ces quatre termes (sic) nous avons affaire. Il est toujours très difficile et délicat de discuter avec des inconnus. »

Le Sphinx n’est pas tout à fait ce que pense M. Nicoullaud : ce prétendu « animal fabuleux » est en réalité un symbole, et, au lieu de « tenir » simplement des quatre composants énumérés ci-dessus, il en est la synthèse. Ses éléments ne se dissocient pas à volonté, et, si l’un quelconque d’entre eux venait à être isolé des autres, ce ne serait plus au Sphinx, évidemment, que l’on aurait affaire ; il faut donc bien se résigner à accepter la complexité de ce composé, si gênante qu’elle puisse être.

Toute plaisanterie à part, il est fâcheux, lorsqu’on veut pénétrer la nature des mystérieux « Supérieurs Inconnus », de paraître ignorer, tout autant qu’un simple occultiste, la théorie de la multiplicité des états de l’être et de leur simultanéité, non seulement dans le Sphinx, mais même, plus simplement, dans le composé humain.
Ceci dit, le sujet dont il s’agit pourrait nous amener à penser que, si M. Nicoullaud n’aime pas à discuter avec des inconnus, c’est peut-être parce qu’il redoute de les trouver supérieurs… et aussi d’être obligé, pour se mettre en présence de ses adversaires, d’affronter les terreurs de quelques-uns de ces « voyages en astral »… qui s’appellent vulgairement des cauchemars.

Quant à nous, nous ne connaissons nullement M. Martigue, nous ignorons tout de lui, et cela ne nous a pas gêné le moins du monde pour discuter certaines affirmations… audacieuses qui se sont rencontrées sous sa plume. C’est que, dans un ouvrage ou un article quelconque, la personnalité de son auteur nous laisse parfaitement indifférent ; ce qui nous intéresse, ce sont uniquement les idées qu’il expose, et celles que M. Martigue a puisées dans l’occultisme n’avaient rien d’« inconnu » pour nous. Pour celles que nous leur avons opposées, elles ont peut-être paru plus nouvelles et… plus embarrassantes à M. Nicoullaud, qui semble vouloir se substituer à son collaborateur, ce qui, d’ailleurs, est son affaire bien plus que la nôtre.

Donc, M. Martigue ou M. Nicoullaud, comme on voudra, ne paraît pas disposé à nous répondre ; nous l’en tiendrons quitte d’autant plus volontiers que M. Gustave Bord s’est chargé, d’autre part, de rédiger en ses lieu et place une réponse, ou du moins ce veut être une réponse. Cet article, intitulé « L’Énigme » et paru dans le même numéro de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes(pp. 60-63), répond-il vraiment, même en partie, à ce que nous avons dit ? On va en juger.

Nous devons faire remarquer, avant tout, que c’est principalement à M. Martigue que s’adressaient nos observations, et que ce n’est qu’incidemment que nous avions été amené à parler de M. Bord ; il est donc à craindre que ce dernier ne fasse quelque peu dévier le débat par son intervention. Mais, à part cela, peu nous importe d’avoir affaire à l’aigle, au taureau ou au lion…, nous voulons dire à M. Nicoullaud, à M. Martigue ou à M. Bord.

Voici comment débute l’article en question :
« Il n’est pas dans mes habitudes de répondre aux attaques personnelles ; cela ne prouve rien, et souvent on fait le jeu de ses adversaires en empaumant un change. Cependant, il est un cas où je crois devoir rompre le silence : lorsque l’attaque contre ma personne est en même temps une attaque contre l’idée que je défends. »

Jusqu’ici, c’est fort bien, mais nous allons voir si M. Bord saura se maintenir longtemps sur le terrain de l’idée pure. D’ailleurs, si quelqu’un s’est jamais livré à des « attaques personnelles » contre lui, ce n’est certainement pas nous, et cela justement parce que nous pensons, comme lui-même, que « cela ne prouve rien ». Alors, serait-ce donc lui qui voudrait nous « donner le change » ? Dans ce cas, à notre tour, nous ne l’« empaumerons » pas, et nous saurons faire notre profit de son avertissement.

« On ne jette de pierres qu’à l’arbre qui porte des fruits, dit un proverbe arabe qui me consolerait de ces cailloux jetés dans mon jardin, si une maxime chrétienne ne corrigeait pas la vanité (?) de la maxime arabe, en disant qu’on reconnaît l’arbre à ses fruits. Examinons les fruits. »

Cet examen a été fait par d’autres avant nous, et d’une façon bien plus complète et plus approfondie que nous ne prétendions le faire, puisque, encore une fois, ce n’est que très accessoirement que nous avons mis en cause M. Bord. Nous nous souvenons d’avoir lu notamment, à son sujet, certaine étude des Cahiers Romainsdont les conclusions étaient assez peu flatteuses pour lui ; on comprendra que les siennes, s’il veut à son tour porter sur ses propres œuvres un jugement… qui ne saurait être impartial, diffèrent notablement de celles de ses « adversaires ».

« Depuis bientôt un an, sous une influence que je démasquerai dans quelques jours, une campagne abominable est entreprise contre mes ouvrages, et contre moi, afin, de ruiner l’œuvre en discréditant l’auteur. »
Pourquoi ne « démasque »-t-il pas tout de suite cette « influence » ? Nous nous le demandons ; mais, si vive que soit notre curiosité à cet égard, nous aurons toute la patience nécessaire pour attendre, aussi longtemps qu’il plaira à M. Bord, ses révélations qui ne peuvent pas manquer d’être sensationnelles. Ce qui ne pouvait pas manquer non plus, c’est qu’il trouva « abominable » une « campagne » qu’il croit entreprise contre lui ; mais, s’il le prend sur ce ton, fort peu « objectif », pourquoi donc commençait-il par se défendre de soulever des questions « personnelles » ? Voilà bien la diversion que nous craignions, et, vraiment, elle est venue encore plus tôt que nous ne l’aurions imaginé, puisqu’il a suffi pour cela de quelques lignes, malheureusement… pour la cause de notre nouvel adversaire ».

« Pour employer des expressions modérées, on reproche à mon arbre de porter des fruits empoisonnés, et l’on trouve mon attitude « étrange », euphémisme qui veut hypocritement dire que je trahis la cause que je parais défendre. »
C’est le rédacteur des Cahiers Romains qui avait ainsi qualifié d’« étranges » M. Bord et son attitude, et, lorsque nous avons repris cette même expression, d’ailleurs pour l’appliquer à M. Martigue, nous étions loin de penser qu’elle voulût « hypocritement » dire… autre chose que ce qu’elle dit. Pourtant, c’est bien à nous que s’en prend M. Bord, car il continue en ces termes : « Mon Dieu, ou mon Diable, je ne sais trop quelle est l’exclamation qui agréera le mieux à mon adversaire, aux yeux de mon Sphinx, pour parler net, je suis un traître. Traître à quoi et pourquoi ? On ne sait pas. »
On le sait d’autant moins, en effet, que nous avons eu beau relire ce que nous avions écrit, nous n’avons rien pu y découvrir de semblable. M. Bord est bien libre d’avoir « une conception positiviste de l’histoire » et « une thèse préconçue sur la non-existence des Supérieurs Inconnus » ; mais nous sommes libre aussi, de notre côté, de critiquer cette conception et cette thèse, et cette critique n’implique pas que l’auteur qui y a donné lieu soit un « traître » à quoi que ce soit… mais il nous est bien permis d’observer qu’il dédaigne trop aisément les vérités qui peuvent l’embarrasser.

Du reste, nous ne voyons pas pourquoi M. Bord est si fâché d’être considéré comme « un antimaçon bien étrange », alors qu’il écrit lui-même un peu plus loin, dans une note : « J’emploie cette expres​sion(d’antimaçons) à regret, car si je suis, comme historien, un adversaire de la Maçonnerie et de la Révolution, j’éprouve une certaine répugnance à me servir d’un mot qui vise plus les personnes que les idées. »
Nous nous en doutions bien un peu ; mais, outre que la raison alléguée pour justifier cette « répugnance » renferme une inexactitude, en ce sens qu’un antimaçon ne s’attaque pas nécessairement aux personnes, il nous semble que c’est précisément «comme historien», ayant des prétentions à l’impartialité, que M. Bord, pour être logique, devrait n’être l’«adversaire» de rien du tout.

Quant à sa plaisanterie sur « son Dieu ou son Diable », nous avouons que nous ne la comprenons pas trop, et, comme elle nous paraît d’un goût plutôt douteux, nous préférons la passer sous silence pour lire la suite de cette apologie personnelle : « Comme depuis bientôt quarante ans j’ai fait profession, chaque fois que je l’ai pu, de défendre la même cause, d’occuper un certain rang, mettons caporal, dans l’armée qui défend la royauté française et la religion catholique ; comme on ne peut relever contre moi un seul mot, un seul acte en contradiction avec ces idées qui me sont chères, il faut avouer que, si je suis un « Traître Inconnu » (!), je le suis depuis si longtemps que ma trahison ressemble singulièrement à de la fidélité. »

M. Bord, désirant se décerner un grade quelconque, a fait choix de celui de « caporal » ; on ne saurait, assurément, être plus modeste, et nous aurions mauvaise grâce à ne pas le reconnaître, tout en lui faisant remarquer que la « royauté française » n’avait rien à voir en la circonstance. Et, après avoir ainsi proclamé sa « fidélité », que nous n’avions pas mise en doute, et qui n’atténue en rien la portée de nos critiques, il ajoute : « Si l’on n’y mettait bon ordre ; quelque nouveau Benjamin (sic) me traiterait de « Supérieur Inconnu ». C’est vraiment trop d’honneur ou trop d’indignité. »

Oh ! non, certes, M. Bord n’a rien d’un « Supérieur Inconnu », car il ne sait même pas ce que c’est, pas plus que ne le sait M. Martigue, et, tout à l’heure, il va encore nous montrer fort clairement son ignorance sur ce point. D’autre part, pourquoi cette allusion irritée à l’adresse de M. Benjamin Fabre, qui n’est assurément pour rien dans notre article, pas plus que dans ceux des Cahiers Romains ? Ce n’est pas la faute de cet auteur si M. Bord, en rendant compte de son livre, est sorti des bornes qu’auraient dû lui imposer certaines convenances, et a ainsi encouru les justes reproches de tous ceux qui n’avaient aucune raison spéciale pour partager sa manière de voir.

« Je vais, on le voit, délibérément au devant des attaques, et j’appelle sans crainte par leur nom les insinuations perfides d’adversaires personnifiés aujourd’hui par un Sphinx, venu on ne sait de quelle rive, attendu qu’il ne navigue même pas sous son pavillon. »
Si nous voulions répondre à notre contradicteur sur le même ton, nous lui dirions que ce Sphinx, en tout cas, ne vient certainement pas « de son bord » ; mais, pour s’arrêter plus qu’il ne convient à d’aussi misérables calembours, il faut vraiment être bien à court d’arguments sérieux. En outre, si ledit Sphinx « ne navigue pas sous son pavillon », il y a probablement à cela des motifs que M. Bord devra se résoudre à ignorer.

Maintenant, il est un point sur lequel nous devons le rassurer : nous ne « personnifions » pas le moins du monde « ses adversaires », pour la bonne raison que sa propre importance, à nos yeux, est beaucoup moindre qu’il ne le croit, et nous ne nous serions même plus occupé de lui s’il n’avait jugé bon d’attirer de nouveau notre attention par sa « réponse ». Au lieu d’« aller au devant d’attaques » plus ou moins réelles, il ferait bien mieux de se méfier un peu de lui-même, car, à force de vouloir voir partout « ses adversaires », il est à craindre qu’il ne finisse par être atteint d’un véritable délire de la persécution.
Nous étions même si peu l’« adversaire » de M. Bord, que nous nous sommes volontairement abstenu jusqu’ici de parler de ce que nous considérons véritablement comme une mauvaise action de sa part, c’est-à-dire de la divulgation du nom profane de l’Eques a Capite Galeato.
Notre contradicteur allègue, pour sa défense, que ce nom a été indiqué par Thory ; c’est exact, mais… pourquoi ce même Thory ne cite-t-il aucun nom lorsqu’il parle de la fondation du Rite Primitif, et pourquoi, dans tout ce qui se rapporte au Convent de Paris, remplace•t-il ce même nom par de simples initiales ?

En outre, si Thory est bien connu des antimaçons professionnels, il l’est beaucoup moins du gros public ; or, c’est à celui-ci seulement, bien entendu, qu’il convenait de laisser ignorer le nom de l’Eques (dont personne, d’ailleurs, n’a prétendu faire un « Supérieur Inconnu »), et cela, non point dans l’intérêt d’on ne sait quelle « argumentation fantaisiste » qui n’a sans doute jamais existé que dans l’imagination de M. Bord, mais simplement (et d’autant mieux que ce nom, en somme, importait peu) pour déférer au désir de la famille qui à mis les documents à la disposition de M. Benjamin Fabre.

Encore une remarque à propos de ces documents : M. Bord a cru bien faire en reproduisant le texte des deux colonnes chiffrées contenues dans la patente constitutive du Rite Primitif, et en s’amusant à en compter les lettres et les chiffres pour prouver la fausseté de la traduction fournie par l’Eques lui-même. Peut-être aurait-il mieux fait encore si, au lieu de cela, il avait essayé de donner une nouvelle traduction plus exacte ; mais ne lui en demandons pas trop, et revenons à notre « énigme ».

« Et pourquoi tous ces vilains procédés, ces calomnies contre les personnes et ces défis à la vérité historique ? Car c’est à propos de faits historiques que le conflit est né. »
Voilà bien des gros mots, mais qui malheureusement ne prouvent rien, pas plus que les « attaques personnelles ». Quant aux « faits historiques », il en est de différents ordres, et M. Bord admettra bien qu’il peut en exister qui dépassent sa compétence, même s’il ne comprend pas que la question des « Supérieurs Inconnus » ne peut pas être entièrement résolue par ceux qui prétendent s’en tenir exclusivement au domaine des faits soi-disant « positifs », c’est-à-dire susceptibles d’être prouvés par des documents écrits.

« Les antimaçons sont aujourd’hui divisés en deux camps principaux : ceux qui croient au pouvoir occulte de la F∴ M∴ universelle représentée par quelques chefs dits « Supérieurs Inconnus » ou membres des arrière-loges ; et ceux qui croient que la Franc-Maçonnerie est conduite par une idée générale néfaste, et que « le Supérieur Inconnu » est l’Esprit du mal. J’appartiens à ce dernier camp. »
M. Bord nous range naturellement dans « le premier camp », sans se préoccuper de savoir si l’hypothèse ainsi énoncée correspond réellement à notre conception des « Supérieurs Inconnus », dont l’existence, d’ailleurs, n’exclut aucunement celle d’« une idée générale néfaste ». Les « arrière-loges » ne sont qu’un terme conventionnel, créé par les antimaçons, ou par certains antimaçons, pour désigner les ateliers des hauts grades, superposés aux Loges de la Maçonnerie symbolique.
Or, comme nous l’avons dit dans une précédente étude, « ce n’est que derrière les divers systèmes (de hauts grades), et non point dans tel ou tel d’entre eux, qu’il est possible de découvrir les « Supérieurs Inconnus » eux-mêmes » ; on ne pourra donc trouver, parmi les « membres des arrière-loges », que certains de leurs agents plus ou moins indirects. En outre, la question des « Supérieurs Inconnus » n’est point circonscrite à la Maçonnerie, même « universelle », mais elle s’étend à toutes les organisations initiatiques, quelles qu’elles soient ; voilà encore une complication à laquelle M. Bord n’a sans doute pas réfléchi. Quant à sa conclusion relative à « l’Esprit du mal », nous lui ferons remarquer qu’elle dépasse très sensiblement la conception « positiviste » de l’histoire ; nous ne savons donc pas comment il la justifie, mais, en tout cas, ce n’est pas par les considérations qui suivent.

« Or, dans ce camp, je figure dans le régiment des ouvriers d’histoire et n’ai jamais prétendu faire partie du régiment des ouvriers de la politique et encore moins de celui des romanciers. Je ne nie pas l’utilité ou l’agrément de mes co-combattants ; mais je constate que, pour faire partie de la même armée que moi, ils ne sont pas de la même arme. »
Nous ne voyons pas très bien ce « défenseur de la royauté française » qui se défend de faire de la politique ; et, pour ce qu’il dit des « romanciers », cela pourrait bien viser surtout son collaborateur M. Nicoullaud, qui, en effet, commit autrefois quelques romans à tendances… « occultisantes » et plutôt anticléricales.

« Comme ouvrier d’histoire, je me crois obligé de suivre les règles de mon art et de me laisser guider par des vérités certaines et non par des opinions ; une vérité s’impose même à des adversaires ; une opinion sert à convaincre des amis déjà convaincus, quitte à en faire des ennemis, si l’on cherche à la leur imposer avec trop d’autorité et de dédain, ou si votre opinion diffère d’un iota de la leur. »
C’est entendu, M. Bord est un « ouvrier d’histoire », et nous voulons même croire qu’il est, dans sa partie, un ouvrier fort consciencieux, à cela près que l’impartialité lui fait parfois un peu trop défaut,… ce qui, après tout, n’est peut-être pas de sa faute. Seulement, où a-t-il bien pu trouver un critérium pour reconnaître les « vérités certaines » en matière de faits ? il serait vraiment bien aimable de nous faire part de cette découverte. D’autre part, sa compétence spéciale en ce qui concerne la « documentation » ne lui confère, malheureusement, aucune autorité pour traiter des problèmes comme celui des « Supérieurs Inconnus », dont il ne paraît pas même saisir toute la portée : « Ne, sutor, ultra crepidam ! » [Que le cordonnier ne juge pas au delà de la chaussure.]

« Quelqu’intéressant (sic) que cela puisse être pour la cause que je défends, je ne consentirai jamais à me servir dans mes argumentations d’une documentation suspecte ou d’un fait matériellement faux. Voilà ma trahison? J’y consens. »
Oui, mais M. Bord n’avoue-t-il pas, par là-même, qu’il n’a que faire dans des « argumentations » d’où toute « documentation » est absente… et pour cause ? et alors, que signifie son intervention actuelle ?
Il est à craindre, pour cette fois, qu’il ne se laisse, non pas guider, mais égarer, par des « opinions », celles de MM. Martigue et Nicoullaud à qui il a voulu rendre service en venant si promptement à leur secours. Quant à nous, si nous n’avons que des « opinions », nous ne prétendons du moins les « imposer » à personne, contrairement à ce que notre « adversaire » n’hésiterait certes pas à qualifier d’« insinuations perfides », et nous ne cherchons même pas, parce que ce serait vraiment trop inutile, à « convaincre »… ceux qui sont « déjà convaincus » !

« Je prétends avoir consciencieusement étudié la Franc-Maçonnerie de 1688 à 1815 et même, depuis deux ans, jusqu’en 1830, en France et à l’étranger ; jusqu’ici, aucun adversaire n’a méconnu l’étendue de mon labeur, et souvent, trop souvent même, amis et adversaires sont venus frapper à ma porte. Comme je devais m’y attendre, je me suis fait plus d’ennemis parmi les premiers que parmi les seconds. La reconnaissance est pénible à supporter ; c’est très humain. »
Ces récriminations, si justes qu’elles puissent être en elles-mêmes, se trompent manifestement d’adresse, car, pour notre part, nous ne sommes jamais allé, même au figuré, « frapper à la porte » de M. Bord, de sorte que nous ne lui devons aucune « reconnaissance ». Malgré cela, nous n’avons pas songé un seul instant à contester sa valeur… relative, pas plus que celle d’un autre historien quelconque ; nous ne voulons pas lui accorder plus d’importance qu’il n’en mérite à notre point de vue, qui n’est pas le sien, et voilà tout. Si c’est cela qu’il nous reproche, à notre tour, nous y consentons.

« Or donc, après avoir consciencieusement étudié la Franc-Maçonnerie de 1688 à 1830, non seulement je n’ai trouvé aucune trace susceptible d’être suivie par un historien, de directeurs suprêmes de toute la Franc-Maçonnerie, mais, bien mieux, j’ai constaté l’existence du contraire. »
Cette fois, voilà le « conflit » nettement défini, car nous affirmons, de notre côté, que ces « directeurs suprêmes » ont laissé des « traces » bien caractérisées de leur action en maintes circonstances ; si un historien « positiviste » ne peut suivre ces « traces », cela prouve, tout simplement, l’insuffisance de ses « méthodes » en pareille matière, et ce n’est pas nous qui y contredirons. Quant à la prétention d’avoir « constaté l’existence du contraire » (?), nous allons voir sur quoi elle se fonde.

« Par exemple, pendant le cours du XVIIIe siècle, tant en France qu’en Angleterre, en Allemagne, en Italie, etc., je trouve des régimes maçonniques qui diffèrent par plus que des nuances, et qui sont en luttes perpétuelles ; et comment ! La Grande Loge et le Grand-Orient, la Stricte Observance et les Philalèthes ; le régime philosophique du Contrat Social, les Illuminés et les Rose-Croix, etc. Que chacun de ces régimes ait eu un ou des fondateurs, c’est certain ; néanmoins, ces fondateurs ne sont pas des « Supérieurs Inconnus », mais des personnages dont on trouve les noms dans tous les ouvrages relatifs à la Maçonnerie, pour ou contre elle. »
Tout cela, nous le savons aussi bien que notre contradicteur, et il nous semble bien que nous n’avons pas dit autre chose nous-mêmes, car nous avons eu le plus grand soin de ne pas confondre les « Supérieurs inconnus » avec les « membres des arrière-loges », c’est-à-dire des multiples « régimes » dont il s’agit ici, ni même avec leurs « fondateurs » apparents et connus. Seulement, nous ne nous croyons pas obligé de tirer de là les mêmes conclusions que M. Bord : celui-ci a-t-il jamais médité tant soit peu sur le sens profond de la devise Ordo ab Chao ? et ne sait-il pas que les principes les plus élémentaires de toute initiation enseignent comment il est possible de résoudre « l’antinomie des contraires » et de retrouver « l’unité dans la diversité » ?

D’ailleurs, nous ne prétendons pas du tout que l’action des « Supérieurs inconnus » ait existé de la même façon et au même degré dans tous les « régimes », dont certains n’avaient que l’ombre de la vraie régularité. « Qui donc, écrivions-nous précédemment, pouvait se vanter, à cette époque surtout (celle du Convent de Wilhelmsbad), de posséder les véritables caractères, c’est-à-dire, en somme, de se rattacher à l’émanation d’une Puissance légitime aux yeux des véritables Supérieurs Inconnus ? » M. Bord aurait bien fait de relire attentivement ce passage et quelques autres avant de nous répondre ; cela lui aurait évité de le faire… à côté.

Autre chose encore : nous avons dit que « nous croyons peu vraisemblable que tous les « régimes » (et même ceux dont le prototype fut la Stricte Observance) aient eu la même origine en fait », et que, notamment, « il ne faudrait pas voir partout l’influence des Juifs d’une façon exclusive », ce qui ne signifie pas qu’il ne faille la voir nulle part. Y aurait-il donc plusieurs sortes de « Supérieurs Inconnus », représentant des initiations différentes, dans la « Maçonnerie universelle » et ailleurs ? À cela non plus, évidemment, M. Bord n’avait pas pensé. « L’argument, dit-il, est bref et irréfutable » ; il est surtout, hélas ! un peu trop « simpliste ».

« Le Sphinx pose et résout une énigme. Il y a des « Supérieurs Inconnus ». Je réponds : je n’en trouve pas et je trouve même des faits qui s’y opposent ; c’est au Sphinx qu’il appartient de jouer le rôle d’Œdipe. Qu’il me dise donc, avec preuves à l’appui : « Les Supérieurs Inconnus furent… », et nous verrons. »
Eh bien ! non, il faut que M. Bord en prenne son parti, même si la chose dépasse son entendement : un « Supérieur Inconnu » ne fut pas et n’est pas… « Monsieur un tel », ni même « le F∴ un tel » ; s’il en était ainsi, ce serait vraiment trop commode… pour les « ouvriers d’histoire ».

C’est une singulière manie, et beaucoup trop commune, que celle qui consiste à vouloir toujours et avant tout savoir « les noms », comme si ces noms signifiaient ou prouvaient quelque chose. Nous nous soucions fort peu de savoir même si les « Supérieurs Inconnus » ont des noms à proprement parler, autres du moins que ceux, purement conventionnels, qu’il leur plaît de prendre parfois pour jouer un rôle déterminé. Les individualités, ici, revêtent un caractère essentiellement symbolique ; elles ne sont rien par elles-mêmes, en dehors de ce qu’elles représentent, et cela à tel point qu’elles n’ont pas même une physionomie qui leur appartienne en propre.

Ainsi, il existe dans l’Inde toute une catégorie d’hommes assez étranges (ne pas traduire par « traîtres »), qui portent à la main, comme signe de reconnaissance, une longue corne d’antilope, et qui, en outre, présentent cette particularité qu’ils ont tous exactement les mêmes traits. Personne ne connaît les noms de ces hommes, et personne ne songe à se les demander, parce que tout le monde sait fort bien qu’ils sont affranchis des limitations extérieures du nom et de la forme, ces deux éléments constitutifs de l’individualité vulgaire. Le type qui leur est commun se retrouve figuré dans les sculptures des plus anciens monuments de l’Inde, et, chose peut-être plus curieuse encore, nous avons reconnu ce même type jusqu’en Europe, chez d’autres hommes qui étaient, sinon précisément des « Supérieurs Inconnus », du moins des agents assez importants d’un « pouvoir occulte » exerçant son action bien au-delà des « arrière-loges » de la « Maçonnerie universelle ».

Maintenant, si M. Bord tient, à défaut d’autre chose, à ce que nous lui citions au moins un nom de convention, nous lui rappellerons le fameux comte de Saint-Germain, dont il n’a sans doute pas été sans entendre parler quelquefois. Peut-être, il est vrai, considère-t-il comme «légende» tout ce qui en est dit dans les Mémoires les plus authentiques de l’époque ; mais… n’a-t-on pas aussi traité de «légende», et même de «mythe solaire» (avec preuves à l’appui !), l’histoire de Napoléon lui-même ? Et, d’ailleurs, toute «légende» ne repose-t-elle pas sur des faits réels ?

Il se peut fort bien, après ce que nous venons de dire, que ce nom du comte de Saint-Germain n’ait pas servi qu’à un seul personnage, bien qu’on lui ait toujours connu la même figure ; cela aiderait peut-être à expliquer quelques particularités de son histoire. Il se peut également que la même… «entité», tout en ayant abandonné ce nom d’emprunt lorsqu’il n’eut plus de raison d’être, continue, même de nos jours, à jouer un rôle plus ou moins caché, et cela, bien entendu, sans avoir eu besoin de « se réincarner » comme le prétendent certains théosophistes. Pour se maintenir ainsi à travers le temps, il lui aura suffi, dans l’intervalle de ses « missions », de « se remettre aux pieds de l’Éternel », suivant l’expression d’un de ces agents du « pouvoir occulte » auquel nous faisions allusion tout à l’heure, ou « sous l’œil du Pôle », comme disent, exactement dans le même sens, les initiés musulmans.

Tout cela, assurément, est encore fort « énigmatique » ; mais, si nous le disons ici, c’est parce que nous avons pour cela d’excellentes raisons, et non point, qu’on veuille bien le croire, dans le but unique d’intriguer M. Bord ou M. Martigue.

D’ailleurs, nos lecteurs comprendront, même si nos contradicteurs ne le comprennent point, que nous n’avons pas à faire intervenir dans cette controverse, en les citant en témoignage, des personnes qui y sont parfaitement étrangères, à tel point qu’elles ignorent très probablement jusqu’à l’existence de M. Bord. Admettons donc que nous avons une conviction fondée sur des raisons purement personnelles, et que, par conséquent, nous ne songeons pas à faire partager à d’autres ; mais ce que nous pouvons en dire sans inconvénient, ou, si l’on préfère, sans inconvenance, est peut-être suffisant, néanmoins, pour aider ceux qui n’ont aucun parti pris à se faire une « opinion », et surtout, ce qui vaut mieux encore, pour les inciter à chercher par eux-mêmes… ailleurs qu’« en astral ».

Ceci étant établi, il ne nous reste pas, pour le moment du moins, grand’chose à dire à M. Bord. Cependant, pour que celui-ci ne puisse pas nous reprocher d’avoir éludé peut-être quelque point embarrassant en passant sous silence quoi que ce soit de sa « réponse », nous tenons à la reproduire intégralement jusqu’au bout.

« Supposons, j’y consens pour un instant, supposons que j’aie mal cherché ou mal interprété les faits et qu’il y ait eu de tout temps des « Supérieurs Inconnus » de la F∴ M∴ universelle. Il y aurait assurément une certaine importance au point de vue de la lutte entreprise contre la Maçonnerie à le savoir. »
C’est déjà bien beau, de la part de notre « adversaire », de vouloir bien reconnaître cette « importance », même en une phrase peu correcte, sans être, mieux qu’il ne l’est, au courant de la question.

« Mais n’est-ce pas surtout contre les idées qui sont prônées par les sectes maçonniques que nous devons lutter, bien plus que contre les Maçons connus ou inconnus ? Je prétends que c’est perdre son temps que d’attaquer contre (sic) telle ou telle personne, et que la seule lutte efficace contre la Franc-Maçonnerie consiste à démasquer ses doctrines et leurs conséquences. »
Tel est aussi notre avis, et, si nous attachons, non pas seulement « une certaine importance », mais une importance très grande, à l’«énigme» des «Supérieurs Inconnus», c’est que les questions très complexes qu’elle soulève ne sont à aucun titre (nous avons dit pourquoi) des questions de « personnes », mais bien d’« idées » et de « doctrines », ou mieux encore de « principes ».

« Je n’ai jamais cessé de combattre sur ce terrain », ajoute M. Bord, que nous aurions pourtant cru, comme « ouvrier d’histoire », devoir être bien plus attaché aux « faits » qu’aux « idées ».
« C’est à coups de vérités qu’il faut terrasser nos adversaires et non en les effleurant d’opinions ressemblant trop à des arguties, si elles ne sont pas les trahisons dont on nous charge, peut-être, pour faire diversion. »
Ce n’est pas nous, cependant, qui avons « fait diversion » dans le cas actuel, et, aux yeux d’un observateur impartial, ce n’est probablement pas de notre coté que se trouveraient les « insinuations perfides » dont il fut question plus haut.

« Il m’est également reproché d’attaquer Barruel, Crétineau-Joly, Deschamps et Claudio Jannet. »
Nous ferons remarquer que, pour notre part, c’est à M. Martigue que nous avons fait ce reproche, et que ce sont les Cahiers Romains qui l’’avaient adressé à M. Bord. Ce dernier se voit tellement environné d’« adversaires » qu’il semble en perdre quelque peu la tête, au point de ne plus distinguer très clairement d’où lui viennent les coups.

« Bien que l’accusation soit inexacte en fait, car je défie qu’on relève un mot de moi dans le sens incriminé, je n’hésite pas à manifester nettement mon opinion sur ces historiens. Je les considère comme des devanciers très respectables, ayant soulevé beaucoup d’idées, les ayant exposées avec sincérité et talent. Leurs œuvres contiennent de nombreux faits à retenir et comportent le maximum d’exactitude que le permettait (sic) l’état d’avancement des études historiques et maçonniques de leur temps. Je souhaite que, plus tard, on porte semblable jugement sur moi. »
Si c’est nous qui avons provoqué cette déclaration, nous nous en félicitons, et M. Bord est vraiment bien aimable de décerner à ses «devanciers» ce témoignage de «respectabilité». Quel dommage, pourtant, qu’il soit si infatué des «progrès de la science»,… presque autant qu’un professeur en Sorbonne !

«Est-ce à dire pour cela que toutes les affirmations de ces auteurs doivent être des articles de foi ; qu’aucun d’eux ne s’est trompé ; que leurs œuvres sont les derniers mots sur la question et que leurs conclusions sont définitives ? Non certes. Mais si, dans les unes et dans les autres, on relève des erreurs, l’on peut les signaler sans attaquer la mémoire de ces auteurs et sans courir le risque d’être accusé de trahison.»
Il nous semble, quant à nous, que ces auteurs peuvent fort bien avoir formulé des « conclusions définitives » sur certains points et, en même temps, en avoir traité d’autres incomplètement, ou même les avoir laissés tout à fait de coté. La question n’est pas si vite épuisée que cela, et cette simple considération aurait permis d’atténuer la « rigueur » (?) de la conclusion suivante : « S’il en était autrement, le rôle de tous les antimaçons devrait se borner à rééditer indéfiniment et exclusivement les œuvres de ces quatre évangélistes de l’antimaçonnerie, et, dans ce cas, MM. les collaborateurs de la Revue, ni moi, n’avons aucune raison d’être ; à cela je me résignerais. Mais comme je ne suis même pas très convaincu de l’utilité du Sphinx…, ce serait vraiment dommage. »
Comme nous n’avons jamais eu la moindre intention d’être « utile » à M. Bord, cette malice porte à faux,… et c’est dommage aussi.

« Je m’en tiendrai pour aujourd’hui à cet avertissement débonnaire (!), me réservant de dévoiler à mon heure, qui sera prochaine, l’ignominie des procédés employés à mon égard en leur donnant les suites judiciaires ou autres qui me conviendront. »
Si notre « adversaire » a voulu nous faire peur, il en sera pour ses frais ; ses menaces ne sauraient nous émouvoir, et nous en attendrons « les suites » le plus tranquillement du monde. Et puisque M. Bord a commencé sa « réponse »… qui ne répond à rien en nous citant un proverbe arabe, nous nous ferons un plaisir, pour terminer la nôtre, de lui en citer un à notre tour : « Les chiens aboient, la caravane passe »… et le Sphinx demeure impassible.


Malgré notre désir de ne pas allonger outre mesure le présent article, nous ne pouvons nous empêcher d’y joindre encore une dernière observation : en une autre partie de la Revue (Franc-Maçonnerie Initiatique, p. 139), un peu avant l’entrefilet nous concernant et que nous avons reproduit au début, M. Nicoullaud-Fomalhaut reprend pour son propre compte, à peu de chose près, quelques-unes des affirmations antérieures de M. Martigue, auquel il semble vraiment rattaché par des liens bien étroits.

« Les démons, écrit-il en effet, se cachent, ésoteriquement, pour les vrais initiés, sous les noms de Supérieurs Inconnus employés par les Martinistes, de Mahâtmâs ou Gourous dont se servent les théosophes, d’esprits des morts qu’invoquent les spirites, de Séphiroths (sic) et de mystérieuse Schekhina (sic) dont fait usage, d’une manière plus secrète encore, la Kabbale juive, etc., etc. »
La seule différence, en somme, c’est qu’il ne s’agit plus ici d’« êtres astraux », mais de « démons » ; cela vaudrait peut-être mieux, mais nous ne voyons pas bien les Kabbalistes évoquer et consulter, à la façon spirite, ces principes métaphysiques que sont les Sephiroth et la Shekina !

Nous nous trompons pourtant en disant que c’est là la seule différence, car il y a, en outre, une contradiction bien caractérisée, en ce qui concerne les Mahâtmâs, avec ce qu’écrivait M. Martigue : « S’ils (les chefs de la Haute Maçonnerie du XVIIIe siècle) s’étaient présentés comme mandataires d’hommes vivants, on pourrait, avec raison, les traiter d’imposteurs, comme on a le droit de le faire de nos jours, par exemple, pour… les chefs de la Théosophie, lorsqu’ils nous parlent des Mahâtmâs, vivant dans une loge du Thibet. »
Comprenne qui pourra ; ce n’est pas à nous qu’il appartient de concilier ces deux « opinions ».

Ajoutons, pour nos contradicteurs qui l’ignorent sans doute, qu’un Gourou est pour les Hindous, sinon pour les théosophistes, ce qu’est un Sheikh pour les Musulmans, c’est-à-dire, tout simplement, un « instructeur spirituel »… qui n’a rien d’« astral ».

Enfin, il aurait été bon de savoir de quels « Martinistes » il s’agit au juste dans la phrase que nous venons de citer : si ce sont ceux d’aujourd’hui, ce sont eux-mêmes qui s’intitulent « Supérieurs Inconnus »,… ce qui est loin d’être une raison pour les prendre au sérieux ; si ce sont ceux du XVIIIe siècle, qui, d’ailleurs, ne portaient point ce nom de Martinistes, venu du monde profane, mais bien celui, nettement judaïque, d’Élus Cohen ; (ou Coëns, comme on l’écrivait alors), il est à remarquer que, précisément, ils n’ont jamais employé la dénomination de « Supérieurs Inconnus ».

Tout cela se complique encore, chez M. Nicoullaud, d’une confusion fort singulière (nous n’osons plus dire « étrange ») entre les « mystiques » et les « initiés » ; nous y reviendrons peut-être en une autre occasion.



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Message par Ligeia Lun 6 Juil - 12:35

Nous pourrions dire en résumé, qu'en ce qui concerne les supérieurs inconnus, l'expression est utilisée pour désigner aussi bien des contre-initiés que des initiés.
Seul ce dernier cas est légitime, les contre-initiés appelés ainsi ne l'étant que par parodie.


Pour finir, voici un extrait dans lequel on constate bien que Guénon l'utilise pour qualifier les initiés "dignes de ce nom" :

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« Ces considérations font aussi comprendre comment, au sein d’une même organisation, il peut exister en quelque sorte une double hiérarchie, et ceci plus spécialement dans le cas ou les chefs apparents ne sont pas conscients eux-mêmes du rattachement à un centre spirituel ; il pourra y avoir alors, en dehors de la hiérarchie visible qu’ils constituent, une autre hiérarchie invisible, dont les membres, sans remplir aucune fonction « officielle », seront cependant ceux qui assureront réellement, par leur seule présence, la liaison effective avec ce centre.

Ces représentants des centres spirituels, dans les organisations relativement extérieures, n’ont évidemment pas à se faire connaître comme tels, et ils peuvent prendre telle apparence qui convient le mieux à l’action « de présence » qu’ils ont à exercer, que ce soit celle de simples membres de l’organisation s’ils doivent y jouer un rôle fixe et permanent, ou bien, s’il s’agit d’une influence momentanée ou devant se transporter en des points différents, celle de ces mystérieux « voyageurs » dont l’histoire a gardé plus d’un exemple, et dont l’attitude extérieure est souvent choisie de la façon la plus propre à dérouter les investigateurs, qu’il s’agisse d’ailleurs de frapper l’attention pour des raisons spéciales, ou au contraire de passer complètement inaperçus (1). On peut comprendre également par là ce que furent véritablement ceux qui, sans appartenir eux-mêmes à aucune organisation connue (et nous entendons par là une organisation revêtue de formes extérieurement saisissables), présidèrent dans certains cas à la formation de telles organisations, ou, par la suite, les inspirèrent et les dirigèrent invisiblement ; tel fut notamment, pendant une certaine période (2), le rôle des Rose-Croix dans le monde occidental, et c’est là aussi le vrai sens de ce que la Maçonnerie du XVIIIe siècle désigna sous le nom de « Supérieurs Inconnus ».

Tout ceci permet d’entrevoir certaines possibilités d’action des centres spirituels, en dehors même des moyens que l’on peut considérer comme normaux, et cela surtout lorsque les circonstances sont elles-mêmes anormales, nous voulons dire dans des conditions telles qu’elles ne permettent plus l’emploi de voies plus directes et d’une régularité plus apparente.

C’est ainsi que, sans même parler d’une intervention immédiate du centre suprême, qui est possible toujours et partout, un centre spirituel, quel qu’il soit, peut agir en dehors de sa zone d’influence normale, soit en faveur d’individus particulièrement « qualifiés », mais se trouvant isolés dans un milieu où l’obscurcissement en est arrivé à un tel point que presque rien de traditionnel n’y subsiste plus et que l’initiation ne peut plus y être obtenue, soit en vue d’un but plus général, et aussi plus exceptionnel, comme celui qui consisterait à renouer une « chaîne » initiatique rompue accidentellement.
Une telle action se produisant plus particulièrement dans une période ou dans une civilisation où la spiritualité est presque complètement perdue, et où, par conséquent, les choses de l’ordre initiatique sont plus cachées que dans aucun autre cas, on ne devra pas s’étonner que ses modalités soient extrêmement difficiles à définir, d’autant plus que les conditions ordinaires de lieu et parfois même de temps y deviennent pour ainsi dire inexistantes.

Nous n’y insisterons donc pas davantage ; mais ce qu’il est essentiel de retenir, c’est que, même s’il arrive qu’un individu apparemment isolé parvienne à une initiation réelle, cette initiation ne pourra jamais être spontanée qu’en apparence, et que, en fait, elle impliquera toujours le rattachement, par un moyen quelconque, à un centre existant effectivement (3) ; en dehors d’un tel rattachement, il ne saurait en aucun cas être question d’initiation.

1 - Pour ce dernier cas, qui échappe forcément aux historiens, mais qui est sans doute le plus fréquent, nous citerons seulement deux exemples typiques, très connus dans la tradition taoïste, et dont on pourrait trouver l’équivalent même en Occident : celui des jongleurs et celui des marchands de chevaux.
2 - Bien qu’il soit difficile d’apporter ici de grandes précisions, on peut regarder cette période comme s’étendant du XIVe au XVIIe siècle ; on peut donc dire qu’elle correspond à la première partie des temps modernes, et il est dès lors facile de comprendre qu’il s’agissait avant tout d’assurer la conservation de ce qui, dans les connaissances traditionnelles du moyen âge, pouvait être sauvé en dépit des nouvelles conditions du monde occidental.
3 - Certains incidents mystérieux de la vie de Jacob Boehme, par exemple, ne peuvent s’expliquer réellement que de cette façon.
»

Aperçus sur l’Initiation, chapitre X – Des centres initiatiques


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