Concernant la Jordanie

Une révolution de palais secoue la Jordanie depuis samedi. Le roi Abdallah II a fait arrêter une quinzaine d’opposants à la tête desquels se trouverait son demi-frère Hamza ben Hussein, l’ancien prince héritier.

« Accusé d'être impliqué dans un complot contre le pouvoir, Hamza ben Hussein, demi-frère du roi de Jordanie, Abdallah II, a été assigné à résidence avec sa femme et leurs cinq enfants, samedi. Une quinzaine d'opposants ont par ailleurs été arrêtés afin de neutraliser une "menace à la stabilité de l’État".

Sources :

https://www.europe1.fr/international/accusations-de-complot-en-jordanie-que-se-passe-t-il-au-sein-de-la-famille-royale-4036467

Et :

https://www.francetvinfo.fr/monde/moyen-orient/jordanie-le-prince-hamza-assigne-a-residence-par-le-roi-abdallah-ii-declare-refuser-de-lui-obeir_4360585.html


Le prince Hamza a également exprimé son refus d'obéir aux injonctions de cesser ses "activités" et de restreindre ses mouvements, dans une conversation enregistrée et diffusée dimanche 4 avril dans la soirée sur Twitter.

https://twitter.com/RebeccaRambar/status/1378978284747247618

Tentative de déstabilisation du régime voire de « coup d’état », je ne sais pas.

Mais le bruit avait couru il y a peu que « le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et de hauts responsables de l'administration Trump auraient proposé à l’Arabie saoudite la gestion des lieux saints musulmans en échange d’une normalisation », rôle dévolu jusqu’à présent à la Jordanie.

Le roi Abdallah II avait répondu fermement que « la Jordanie n'acceptera aucune tentative de changer le statu quo historique et juridique de Jérusalem », ajoutant que « le royaume continuera par tous les moyens à protéger la mosquée Al-Aqsa ».
Le communiqué rappelait aussi que « le royaume hachémite est le responsable des lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem ».

Voir ce sujet : https://lagrandeparodie.forumactif.com/t1164p50-concernant-israel#7945

Jordanie: Pourquoi les ennuis du roi Abdallah ne sont pas terminés


"Le vrai message que le prince Hamzah, qui prétend être accusé à tort d'avoir attisé le mécontentement dans le royaume, voulait que le monde et son pays entendent après avoir été assigné à résidence était celui-ci: "Je suis le fils de Hussein!"

En apparence, en allure et en discours, le prince ressemble à son défunt père, le  roi Hussein , dont la vie a été interrompue par la maladie.

Il  voulait que Hamzah hérite du trône. Hamzah était trop jeune à l'époque et son demi-frère Abdullah, le fils aîné de la princesse Muna, la deuxième épouse de Hussein, accéda au trône. Abdullah a nommé son demi-frère prince héritier conformément aux souhaits de leur père, mais peu de temps après, il l'a dépouillé de ce titre au profit de son propre fils Hussein.

Mais Hamzah n'a jamais oublié le legs de son père. Il se comporte toujours comme s'il était l'héritier légitime du trône.

Le prince Hamzah est populaire dans le royaume. Il parle à des chefs tribaux désaffectés de l'Est jordanien qui sont traditionnellement fidèles aux Hachémites. Lorsque Hamzah a rendu visite à la famille de l'un des patients décédés de Covid-19 à l'hôpital d'al Salt parce qu'il manquait d'oxygène, il a été chaleureusement remercié par ses proches. Lorsque son demi-frère le roi se présente à l'hôpital, certains dans la foule lui rappellent que sous son règne, le pays se noie.

La vidéo qu'il a envoyée à la BBC peu après la visite du général de division Yousef Huneiti porte le même message. Hamzah positionne son visage en ligne avec le portrait de son père sur le mur. Était-ce juste une heureuse coïncidence que le keffieh rouge que son défunt père portait se confond avec la tête de l'homme de 41 ans, de sorte qu'il apparaisse comme le véritable héritier de son père? Je ne pense pas.

Mais il n'y a pas non plus de preuves concrètes - du moins jusqu'à présent - d'un complot spécifique visant à évincer Abdullah ou dans quelle mesure Hamzah y est impliqué. Il y a plutôt un chef d'État de plus en plus marginalisé, coupé de ses principaux donateurs, en mauvaises relations avec Israël, en charge d'un pays enclavé ravagé par la pandémie Covid-19.

Tensions régionales

Les problèmes sur lesquels Abdullah a refusé de jouer au ballon s'empilent. À son honneur, Abdullah n'a pas accepté «l' accord du siècle » de l' ancien président américain Donald Trump , mais il en a payé le prix. En se rapprochant du président palestinien Mahmoud Abbas, Abdullah s'est éloigné des deux pays, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui acheminaient des fonds vers la Jordanie.

À un moment donné, Abdullah a pleinement adhéré au plan visant à oindre Mohammed Dahlan , l'exilé palestinien vivant à Abu Dhabi, comme successeur d'Abbas. Pas plus.

Aucun de leurs princes héritiers, Mohammed ben Salmane et Mohammed ben Zayed, n'a montré de sympathie ou de camaraderie avec la Jordanie, et Abdullah s'est efforcé de leur montrer que leurs accords de normalisation avec Israël auraient des conséquences désastreuses pour la Jordanie . Mohammed ben Salmane, avec la bénédiction d'Israël, a ouvertement observé une prise de contrôle hostile du rôle historique des Hachémites de tutelle des lieux saints à Jérusalem.

Les relations du roi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sont allées de mal en pis .

Lorsque le fils d'Abdullah, le prince héritier Hussein, était censé visiter et prier à la mosquée Al Aqsa, dont la Jordanie a la garde, une dispute a éclaté entre le mukhabarat jordanien et le Shin Bet sur le nombre de ses gardes du corps pouvant porter des armes.

Humilié, le prince héritier a  annulé la visite . En représailles, l'hélicoptère qui était censé transporter Netanyahu à Amman, où il prendrait un jet privé envoyé par Mohammed ben Zayed pour une séance photo à Abu Dhabi, s'est vu refuser l' autorisation de traverser l'espace aérien jordanien.

En vérité, tout ce crachat était une mascarade, car Netanyahu avait peut-être reçu l'ordre de rester à la maison. Sa femme Sara subissait une opération chirurgicale. Après que Netanyahu ait eu une liaison extraconjugale , Israël a été inondé de rumeurs selon lesquelles le Premier ministre a signé un contrat avec sa femme qui stipule qu'elle l'accompagne lors de visites de nuit.

Dans le monde réel, la Jordanie souffre de l'épaule froide d'Israël. Netanyahu tergiverse sur une demande d'eau de la Jordanie. C'est l'eau qu'Israël pompe du fleuve Jourdain, et le royaume en vertu d'un traité de paix demande souvent qu'Israël transfère cette eau en Jordanie pendant les périodes de sécheresse. En punition pour l'épisode de l'espace aérien, Netanyahu ne fait pas cela,  bien qu'il ait été exhorté par ses chefs de la sécurité à le faire.

La pénurie de vaccins en Jordanie est une autre source de tension avec Israël. La Jordanie est ravagée par le virus. Israël mène une "diplomatie vaccinale" , aidant des pays aussi éloignés que le Guatemala, mais pas son voisin le plus proche, la Jordanie. La négligence d'Israël à l'égard de la Jordanie est tout à fait liée à sa relation naissante avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

C'est une pure folie de la part des propres intérêts de sécurité d'Israël, et si Netanyahu veut savoir ce qui arrivera à sa frontière orientale vulnérable si la Jordanie s'effondre, ses propres chefs de la sécurité ne seront que trop désireux de le lui dire.

Mais c'est la mode et suit la logique de tout ce que Jared Kushner , le gendre de Trump, et David Friedman , l'ancien ambassadeur américain, ont fait en concoctant des accords de normalisation arabes avec Israël. Ignorez les Palestiniens, dénigrez leur état et passez directement au-dessus de leurs têtes, et de celles de la Jordanie, et dirigez-vous directement vers la caverne d'argent d'Aladdin provenant des fonds souverains saoudiens et émiratis.

Liens saoudiens

Bien qu'aucune preuve ne lie le prince Hamzah à la prétendue tentative de coup d'État, il est également significatif que des sources de sécurité jordaniennes aient signalé aux médias étrangers le rôle de deux des quelque 20 personnes arrêtées.

Ils l'ont fait en raison de leurs liens avec l'Arabie saoudite. Ils dirigeaient le doigt du blâme sur le Golfe alors que la plupart des actions se déroulaient à l'intérieur du royaume. Les deux hommes sont Hassan bin Zayed , membre de la famille royale, et Bassem Awadallah.

Awadallah était autrefois très proche du roi Abdallah. Awadallah a été secrétaire économique du Premier ministre jordanien de 1992 à 1996. Il a été nommé chef de la cour royale de Jordanie en 2007, avant d'être limogé de ses fonctions moins d'un an plus tard. Quand il a quitté la Jordanie, Awadallah a déménagé à Dubaï, créant une société appelée Tomouh. Awadallah a fait la navette entre les Émirats et l'Arabie saoudite, où il a toujours agi en tant qu'envoyé spécial de la Jordanie.

Le rôle d'Awadallah a pris fin en 2018, lorsque le roi a été persuadé que son envoyé était plus proche de Riyad qu'il ne l'était de la Jordanie. Awadallah détient à la fois la citoyenneté saoudienne et jordanienne.

Awadallah avait entre-temps mis en place un réseau d'hommes d'affaires de premier plan et travaillait comme consultant pour le prince héritier saoudien. Il est devenu le conseiller économique de Mohammed ben Salmane et participe à la planification de sa ville futuriste Neom . Il a également noué des liens étroits avec ben Zayed et a été nommé au conseil d'administration de l'Université de Dubaï. Selon des sources au sein du tribunal émirati, Awadallah est plus important pour MbZ ​​que le chef de la sécurité palestinienne en exil Mohammed Dahlan.

Certains médias ont qualifié Awadallah de l'un des cerveaux de la privatisation d'Aramco. Mastermind est une curieuse épithète car cela a largement échoué. Mais Awadallah est apparu aux côtés de son nouveau maître ben Salmane à l'Initiative annuelle d'investissement futur à Riyad, la soi-disant Davos dans le désert , en janvier.

Arrêter Awadallah est le plus grand signe du doigt qu'Abdullah aurait pu faire à la fois à ben Salmane et à ben Zayed.

Mais la Jordanie ne peut pas affronter ouvertement l'Arabie saoudite. S'ils le faisaient et accusaient l'Arabie saoudite d'envoyer des messages à Hamzah via Awadallah pour organiser un coup d'État, cela signifierait l'expulsion des travailleurs et des hommes d'affaires jordaniens de l'Arabie saoudite, ce qui entraînerait la ruine économique du royaume.

Quelques heures après la nouvelle de l'arrestation d'Awadallah, une délégation saoudienne dirigée par le ministre des Affaires étrangères a demandé l'autorisation de se rendre à Amman. Selon une source de renseignement d'un pays anonyme du Moyen-Orient surveillant ces événements, qui a été citée par le Washington Post, les Saoudiens ont demandé la libération d'Awadallah. "Les Saoudiens disaient qu'ils ne quitteraient pas le pays sans lui", a déclaré le responsable. "Il semblerait qu'ils s'inquiètent de ce qu'il dirait", a rapporté le Post .

La Jordanie ne peut pas non plus affronter Israël directement. Ce sont les médias israéliens qui ont fouillé dans le passé de Roy Shaposhnik , l'Israélien vivant en Europe qui a offert un jet privé à Hamzah, afin que sa femme et ses enfants puissent quitter le pays.

Shaposhnik a  nié être membre du Mossad,  mais il a travaillé pour Erik Prince, a créé sa propre société RS Logistical Solutions qui a fourni des services à la société de Prince pour la formation des soldats irakiens en Jordanie. Il a rencontré Hamzah grâce à des contacts mutuels et leurs familles sont devenues des amis proches.

Ces connexions expliquent pourquoi Abdullah est méfiant. Hamzah a des ambitions, et les Saoudiens, les Emiratis et Israël ont tous un programme pour affaiblir la Jordanie.

Désespoir

Abdullah doit sentir qu'il est à court d'options. Il ne fait plus confiance à ses proches. Il a été préparé dans le passé à virer de bord avec le vent dominant, tant que Jordan a de l'argent. Il était tout à fait disposé à se joindre à la condamnation de la Turquie et du Qatar lorsque la contre-révolution contre le printemps arabe était en plein essor.

Alors que les conditions dans le royaume se sont détériorées, il y a une impasse politique: il y a d'énormes problèmes non résolus avec les enseignants , avec les tribus et un grand nombre de chômeurs - le prince Hamzah qui n'a jamais abandonné ses ambitions semble de plus en plus attrayant comme alternative possible.

Il n'y a peut-être pas eu de coup d'État spécifique impliquant Hamzah. Mais sa popularité grandissait et celle du roi s'affaiblissait. Si quoi que ce soit, le profil international de Hamzah et sa popularité nationale ont augmenté depuis samedi. Avant, peu de gens en dehors du royaume savaient quoi que ce soit sur lui. Maintenant, il a été considérablement élevé au rang de chef de l'opposition.

Hier soir, un effort de médiation organisé par l'oncle d'Abdullah, le prince Hassan, était en cours. Ironiquement, l'homme choisi pour réparer les clôtures familiales a été déplacé par Abdullah lui-même et a quitté le royaume. Hassan a été le prince héritier sous son frère, feu le roi Hussein, pendant de nombreuses décennies et considéré comme son successeur.

Une lettre a été signée dans laquelle Hamzah a accepté de se tenir derrière le roi.

<< À la lumière de l'évolution des deux derniers jours, je me remets entre les mains de Sa Majesté le Roi. J'affirme par la présente que je resterai attentif à l'alliance des ancêtres et fidèle à leur héritage, en parcourant leur chemin, sincère envers leur histoire et mission et à Sa Majesté le Roi, adhérant à la constitution du cher Royaume hachémite de Jordanie. Je serai toujours et aider et soutenir Sa Majesté le Roi et son Prince héritier ", lit-on dans la lettre.

Mardi au moins, le roi Abdallah avait obtenu des déclarations de soutien international et régional, même par ceux qu'il savait essayer de l'affaiblir, et il a également obtenu le soutien verbal du prince Hamzah pour son règne et celui de son fils, le prince héritier.

Mais en interne, les choses sont moins claires. La popularité de Hamzah aura, au contraire, augmenté, et aucune des entrées et sorties spectaculaires des 48 dernières heures n'a changé les choses d'un iota dans le royaume. Abdullah est toujours assis sur un tas de mécontentement domestique.

Surtout, ce n'est pas la lettre dont les Jordaniens se souviendront mais l'audio de la rencontre entre le chef de l'armée et Hamzah, qui est devenue virale du jour au lendemain.

«Monsieur, je suis un Jordanien libre, le fils de mon père, j'ai parfaitement le droit de me mêler aux fils de mon peuple et de mon pays et de servir mon pays comme je lui ai promis et lui ai prêté serment alors qu'il était à sa mort Et maintenant vous venez, monsieur, pardonnez-moi, où étiez-vous il y a vingt ans? J'étais le prince héritier de ce pays sur ordre de mon père, qu'Allah lui fasse miséricorde. Je lui ai fait le serment de continuer à servez mon pays et mon peuple tant que je serai en vie Et maintenant, vous, après toutes les embrouilles qui se produisent, et ce n'est pas à cause de moi, et avec lesquelles je n'ai rien à voir, vous venez me dire d'adhérer? " Dit Hamza.

Les ennuis d'Abdullah ne sont pas terminés."


Source : https://www.middleeasteye.net/opinion/jordan-king-abdullah-troubles-not-over

Voir aussi :

« Alors que la crise s'aggrave, Netanyahu retarde l'approbation de la demande d'approvisionnement en eau de la Jordanie :

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu tarde à répondre à une demande jordanienne d'eau d'Israël, une demande formulée en raison de la pénurie d'eau dans le royaume.

Netanyahu n'a pas répondu positivement même si les professionnels des questions d'eau et les responsables de l'establishment de la défense ont recommandé d'accéder à la demande. L'approche de Netanyahu reflète la profondeur de la crise entre Israël et la Jordanie, dont une partie semble être liée à des frictions personnelles entre le Premier ministre et le roi Abdallah.
(...)
Selon l'accord de paix, Israël transfère régulièrement l'eau qu'il pompe du Jourdain vers la Jordanie. La Jordanie demande souvent des montants supplémentaires lorsque le royaume connaît des périodes de sécheresse. Israël accède en grande partie à ces demandes sans aucun problème. La dernière demande a été soumise ce mois-ci et a été discutée par un comité mixte des deux pays. Le comité s'est réuni la semaine dernière, mais malgré les recommandations des professionnels, Netanyahu et le Conseil de sécurité nationale ont retardé leur réponse d'une manière qui attestait de son intention de rejeter la demande.

Les responsables israéliens qui sont en contact étroit avec les Jordaniens ont exprimé leurs inquiétudes face aux mouvements de Netanyahu et à la tension croissante entre les deux pays. Ils ont déclaré que Netanyahu mettait délibérément en danger la stabilité des accords de paix en raison de l'hostilité personnelle entre lui et le roi et son entourage, ignorant la grande valeur stratégique des liens avec Amman pour Israël. Ces responsables ont noté, entre autres, le fait que la Jordanie renforce sa frontière avec Israël avec des forces de sécurité supplémentaires, évitant ainsi aux FDI d’affecter des unités pour déjouer les infiltrations ou la contrebande d’armes. »

Source : https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-netanyahu-delays-approving-jordan-s-request-for-water-supply-1.9656457?lts=1617641097585

Allégations de coup d'État en Jordanie: le facteur Israël et l'Arabie saoudite


"La possibilité d'une ingérence étrangère ne peut être écartée, Riyad et Tel-Aviv étant tous deux potentiellement motivés à faire pression pour un changement de régime

ne tentative de coup d' État aurait été déjouée en Jordanie la semaine dernière. Mais selon un spécialiste du Moyen-Orient fiable et ayant une connaissance approfondie des événements, si un coup d'État a effectivement eu lieu à Amman, il était dirigé par le royaume contre le prince populaire Hamzah .

La Jordanie a longtemps souffert de fragilités internes et est confrontée à une énigme géopolitique, comme l'a brillamment résumé un analyste . La majorité de sa population est d' origine palestinienne , tandis que sa classe dirigeante comprend des tribus et des familles traditionnelles de Cisjordanie qui ont prêté allégeance à la dynastie hachémite depuis son arrivée au pouvoir il y a un siècle.

Au cours des deux dernières décennies, le pays, qui a une économie faible et peu de ressources, a encore été affligé par des vagues de réfugiés et un commerce effondré depuis l' invasion de l'Irak menée par les États-Unis en 2003  et le soulèvement syrien de 2011 .

État tampon

La Jordanie est une sorte d'État tampon, obligé de jongler avec des voisins ambitieux avec des programmes régionaux dangereux, tels qu'Israël et l'Arabie saoudite, ainsi que l'instabilité des exportations et le radicalisme qui se répandent depuis la Syrie et l'Irak. Compte tenu des tensions générées par le printemps arabe au cours de la dernière décennie, sa survie à ce jour frôle le miracle.

La sécurité du royaume a toujours été garantie par Israël et les États-Unis, tandis que sa survie économique a reposé sur la bienveillance de l'Arabie saoudite et d'autres monarchies du Golfe, ainsi que des États-Unis. Sans eux, ce serait la faillite.

Les relations de sécurité avec Israël ont connu une longue période de stabilité, fondée sur l'excellente coopération entre leurs services de renseignement respectifs, qui a contribué à déjouer de nombreux projets hostiles. La stabilité de la Jordanie est essentielle pour la sécurité d'Israël. Plus récemment, cependant, cette coopération a souffert du virage croissant de la droite en Israël.

Bien que les deux pays aient conclu un accord de paix en 1994, les parties israéliennes les plus opposées à une solution à deux États aspirent à faire de la Jordanie le futur État palestinien, permettant à Israël de procéder plus facilement à l'annexion complète de la Cisjordanie. Ce plan a été attribué à l'ancien Premier ministre Ariel Sharon dans les années 1980; maintenant, c'est un héritage acquis des partis sionistes les plus radicaux qui peuplent la Knesset.

Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a eu des relations troublées avec le royaume hachémite, l'appareil de sécurité israélien, plus fiable, a lutté, et a jusqu'à présent prévalu, pour sauvegarder la coopération entre les deux pays, contre la volonté des extrémistes d'extrême droite israéliens. Mais on ne sait pas combien de temps une coopération aussi fructueuse sera maintenue dans le paysage politique actuel d'Israël.

Animosités historiques

La relation de la Jordanie avec l'Arabie saoudite, quant à elle, est encombrée d'animosités historiques. Après l'effondrement de l'Empire ottoman, la famille Al Saud, avec le soutien britannique, a évincé Hussein bin Ali al-Hashimi , qui avait proclamé la révolte arabe contre les Ottomans pendant la Première Guerre mondiale. La création de l'Arabie saoudite actuelle a suivi, et elle revendique maintenant la garde des lieux saints musulmans de La Mecque et de Médine .

Les héritiers de Hussein, Faisal et Abdullah, obtinrent leurs prix de consolation: en 1921, ils devinrent respectivement rois d'Irak et de Transjordanie. Au fil du temps, seul le Royaume hachémite de Jordanie a survécu, acquérant le prix de consolation supplémentaire de la garde des lieux saints musulmans de Jérusalem.

Ce péché originel hante toujours les relations bilatérales Jordanie-Arabie saoudite. Les Hachémites ne pardonneront jamais l'usurpation saoudienne, et les Saoudiens ne seront jamais à la hauteur des références islamiques des Hachémites en tant que descendants directs du prophète Mahomet; ainsi, ils les soupçonneront et les mépriseront toujours.

Les rumeurs d'un possible coup d'État orchestré par le prince Hamzah ressemblent à première vue à des querelles internes typiques de la famille royale , avec du sang-froid sur les questions de succession au trône - bien que l'ingérence extérieure ne puisse être complètement exclue .

Il est pour le moins exagéré que la décision du chef de l'armée jordanienne, le général de division Yousef Huneiti, d'avertir le prince Hamzah de s'abstenir de contacter des chefs tribaux mécontents et d'utiliser les réseaux sociaux aurait été prise sans l'aval de la cour royale. Le roi Abdallah II et le prince Hamzah ont eu une relation difficile depuis 2004, lorsque le roi a dépouillé Hamzah du titre de prince héritier.

Avertissement maladroit

D'après l' enregistrement divulgué de la conversation entre le prince Hamzah et Huneiti, il est évident que l'avertissement a été transmis assez maladroitement, bien qu'il soit également vrai que le prince Hamzah a par la suite prêté allégeance au roi Abdallah.

Puisqu'aucune accusation spécifique contre le prince - qui est néanmoins confiné à son palais - n'a été avancée au cours de la conversation, il serait peut-être plus plausible que l'étape ait été motivée par la crainte que le large mécontentement au sein du royaume puisse être utilisé par le prince Hamzah pour augmenter son popularité déjà répandue; une sorte de démarche préventive.

En outre, la possibilité d'une ingérence étrangère ne peut être écartée, l'Arabie saoudite et Israël potentiellement désireux de se débarrasser d'un roi qui ne veut pas s'aligner sur les accords d'Abraham et qui est déterminé à soutenir la cause palestinienne.

Les accords d'Abraham entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, puis le Soudan et le Maroc, ont en effet placé une bombe à retardement sous le trône du roi jordanien. Lors de leur déploiement, l'administration Trump a dû rassurer le royaume sur le fait que les rumeurs d'une éventuelle fédération jordano-palestinienne étaient fausses.

On craint également que la garde des lieux saints musulmans de Jérusalem ne soit la récompense de l' Arabie saoudite pour avoir accepté la normalisation avec Israël, rejoignant les quatre États arabes qui l'ont déjà fait depuis l'année dernière.

Trop de secrets ?

Il est cependant difficile de dire si le prince Hamzah, fier de l'héritage politique de son père, serait l'outil approprié pour un plan aussi ambitieux. Si une main étrangère émerge clairement, Washington pourrait faire face à des pressions pour revoir sa négligence de la déstabilisation israélo-saoudienne dans la région. Que l'administration Biden le fasse réellement et obtienne des résultats est une autre histoire .

Néanmoins, l'Arabie saoudite a rapidement revendiqué son soutien au roi Abdallah II - mais son ministre des Affaires étrangères s'est également précipité à Amman pour exiger la libération de l'un des prétendus cerveaux du «coup», Bassem Awadallah. Awadallah, qui a curieusement été à la fois conseiller du roi jordanien et du prince héritier saoudien, pourrait connaître trop de secrets sur ce dernier et, pour cette raison, il ne serait pas souhaitable qu'il reste trop longtemps dans les services de sécurité jordaniens '' garde.

Le roi Abdallah II a déclaré mercredi que la sédition avait été annulée et la querelle de famille résolue.Il a également reçu un appel exprimant le soutien du président américain Joe Biden, qui a envoyé un avertissement clair contre toute tentative d'hostilité possible contre la monarchie hachémite.

Pourtant, il est douteux que les problèmes d'Abdullah soient terminés."


Source : https://www.middleeasteye.net/opinion/jordan-coup-israel-saudi-arabia-factor-in-how