Sur la Colère divine et les tribulations

Effroyable le nombre de « croyants » qui s’imaginent, sous le prétexte qu’ils ont une once de foi, qu’ils seront épargnés et s’envoleront sur un petit nuage échappant ainsi à la Colère divine et aux Tribulations.
Penser ainsi c’est propager le dualisme si cher au monde du Démiurge, les « bons » d’un côté et les « méchants » de l’autre.

De même, penser que ce qui se passe ici-bas « échappe » à Dieu est un non-sens total. Rien n’est en-dehors de Lui, ce qu’il advient dans n’importe quel ordre, n’importe quel monde, relève de Sa Volonté ; et s’ils « utilisent une ruse », Dieu aussi a un stratagème...

Ne devrait-on pas se souvenir que nul ne sera épargné et que les châtiments /épreuves d’ici bas sont bénéfiques pour chaque croyant diminuant ainsi le châtiment de l’après ?

• « Si la Colère divine était durable, la réprobation le serait aussi. En réalité, c’est la félicité qui sera éternelle, malgré la différence des lieux de séjour (8 ). Allâh a établi en toute demeure ce qui est une grâce pour ceux qui l’habitent. Les deux Demeures seront nécessairement habitées, mais la Colère finira le jour où toutes les choses seront montrées (9). En effet, l’ordre sera donné alors d’appliquer les peines et, lorsque celles-ci auront été appliquées, la Colère cessera : elle n’aura plus de raison d’être du fait même que les peines auront été appliquées à celui ‘sur qui est la Colère’ (10). La satisfaction subsistera seule, c’est-à-dire la « Miséricorde qui embrasse toute chose (11). » La fin de l’application des peines entraînera l’avènement de la Miséricorde universelle. ».
  
  8 – C’est-à-dire le Paradis et l’Enfer.
  9 – Littéralement : le jour de la « grande exposition », c’est-à-dire le Jour du Jugement.
  10 – Allusion à Cor. 1, 7.
  11 – Allusion à Cor. 7, 156.
  Charles André Gilis, Adam et le Califat corporel.
  

[Mais certains vous diront de M. Gilis que « ses traductions sont erronées et orientées »...  Ceux là qui jugent ainsi ce maître, qui relativisent les enseignements traditionnels, prétendent par contre qu’eux-mêmes détiennent la vérité, au nom de leurs fantasmagories personnelles ! Quel dramatique manque d’adab... Dieu voit tout en effet, et Il jugera les « tièdes ». ]  

Les épreuves sont infligées aux croyants dans le but de les rapprocher de leur Seigneur et pour commencer à expier nos fautes ici bas. Il est d’ailleurs mentionné que lorsque Dieu inflige une épreuve à Son serviteur, Il lui expie ainsi une part de ses péchés.  
Par contre, les « bienfaits » terrestres, dont certaines ignobles personnes semblent comblées, ne sont pas à envier car Dieu dit aussi que la jouissance des biens terrestres servira à accroitre leur égarement et donc leur châtiment.

• « Si Allah veut le bien pour Son esclave, il lui anticipe le châtiment dans ce bas monde. Et s'Il veut le mal pour Son esclave, il le laisse avec son péché jusqu'à ce qu'il en soit châtié le jour du jugement » (Anas)
  

Mieux vaut être éprouvé sur terre temporairement que après durablement, même si ce n'est pas éternel.

Pour revenir aux épreuves que nous subissons pendant notre vie, voilà quelques hadiths qui illustrent ce que Dieu veut pour nous :

• "Les gens les plus éprouvés sont les prophètes puis ceux qui leur succèdent en degré. L'homme est éprouvé selon le degré de sa piété. Si sa foi est solide, son épreuve est encore plus dure, et si sa foi n'est pas solide, il sera éprouvé selon le degré de sa foi. Le croyant ne cesse d'être éprouvé jusqu'à ce qu'il marche sur terre lavé de toute faute » (El-Tirmidhi)
  

• « Tout ce qui arrive au musulman comme fatigue, maladie, angoisse, tristesse, et tout mal ou peine, ou même une épine qui le pique, sert qu'Allah lui expie une part de ses péchés » (El Boukhari)
  

• « parfois un homme a un certain statut chez Allah qu'il ne parvient pas à atteindre par le travail. Allah ne cesse alors de l'éprouver avec ce qu'il déteste jusqu'à ce qu'Il l'y fasse parvenir » (Ibn Hibban)
  

• « Si Allah veut le bien pour Son esclave, il lui anticipe le châtiment dans ce bas monde. Et s'Il veut le mal pour Son esclave, il le laisse avec son péché jusqu'à ce qu'il en soit châtié le jour du jugement » (Anas)
  

Mais quand on expose ceci, certains nous rétorquent que « notre » Dieu est sadique et pervers, que « notre vision est malsaine » car Dieu est bon et qu’Il pardonne tout...

Comme le précise Ror dans sa dernière vidéo, ils pleurnicheront :

« Si Dieu existe pourquoi n'a-t-Il pas empêché cette boucherie et quand bien même un tel Dieu existerait, je n'en veux pas, je ne veux pas d'un Dieu vengeur et colérique qui extermine Ses créatures, je veux un Dieu d'amour c'est-à-dire un Dieu qui m'aime et qui se sacrifie pour moi. »

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Ils disent : « Dieu est un Père aimant qui ne pourrait châtier Ses enfants »
Oublient-ils que « qui aime bien, châtie bien » ? Ne savent-ils pas que la mort est loin d’être un châtiment pour ceux qui ont compris que l’existence véritable ne se situe pas ici-bas ? Mais que c’est uniquement après l’exécution des peines et châtiments que viendra la Miséricorde.  
C’est bien parce que Dieu ne nous « abandonne » pas qu’Il nous inflige des épreuves destinées, pour ceux qui les acceptent avec constance, patience et humilité, à nous « nettoyer » tout comme dans le processus alchimique de la purification de « l’or » par le feu...

• « [La miséricorde universelle] s’étend aux Noms divins Excellents (al-asmâ’ al-husnâ) afin qu’ils puissent réaliser les possibilités d’applications qu’ils renferment, même lorsqu’il s’agit de Noms de vengeance et de rigueur.
  C’est pourquoi elle comprend aussi « la colère, les souffrances, le châtiment, et tout ce dont on imagine qu’elle est la négation », ainsi que les deux « demeures » de l’autre monde que sont le Paradis et l’Enfer :
  « La miséricorde d’Allâh ne privilégie aucun emplacement (mahall) ni aucune demeure (dâr) ; elle s’étend à toute chose ».
  CA Gilis, L’Esprit Universel de l’Islam, Science et Miséricorde.
  

Ibn Arabî dans ces "Paroles en Or rappelle aussi :

• "Ne prête pas trop attention aux épreuves que Dieu t'impose à travers tes biens ou les êtres qui te sont chers et dis au moment où tu subis de telles épreuves : " Nous sommes à Dieu et à Lui nous revenons" , ou bien dis ce que Omar Ibn al-Khattab disait : " Je n'ai jamais subi une épreuve sans constater qu'en cette occasion Dieu m'accordait trois bienfaits : Le premier, dans la mesure où elle n'était pas une épreuve touchant ma foi, le deuxième, dans la mesure où cela aurait pu être une épreuve plus terrible et le troisième, c'est que Dieu plaçait cette épreuve comme récompense pour expier nos fautes".
  Sache que le croyant s'expose en ce bas-monde à beaucoup d'épreuves parce que Dieu aime le purifier afin qu'il retourne vers Lui pur et purifié de la souillure des infractions que Dieu décrète à son encontre dans le bas-monde.
  Ainsi, le croyant ne cesse d'être éprouvé dans l'ensemble de ses états. En effet, il est établi à ce sujet que l'Envoyé de Dieu a dit : " Le croyant est semblable à une tige de blé, tantôt le vent la fait plier et tantôt il la redresse et ainsi peut-elle se développer et grandir".
  

Et également de façon encore plus « directe » :

• « Quant à l’épreuve de l’enfant, c’est parce qu’il est le secret de son père, la chair de sa chair et la chose la plus collée à lui. Donc son amour c’est l’amour de la chose elle-même. Or rien n’est plus cher pour une chose qu’elle-même. Dieu l’a donc éprouvé par lui-même avec une forme qui lui est extérieure et qu’Il a appelée enfant pour voir si le fait de le regarder va ou non le voiler par rapport aux devoirs que Dieu lui a imposé, conformément à la Parole de l’Envoyé de Dieu  à l’endroit de sa fille Fatima malgré la place qu’elle occupe dans son cœur et que personne n’ignore : « Si Fatima Bint (la fille de) de Muhammad volait, je lui amputerais sa main ».
  De même, Omar Ibn al-Khattab a ordonné la flagellation de son fils jusqu'à la mort pour avoir forniqué et il resta serein. De leur côté, Mâ’iz et la femme qui a forniqué avec lui, ont offert leur âme généreusement en subissant la peine légale au point que l’Envoyé de Dieu  a dit sur leur repentance : « Si on distribuait leur repentance entre les membres de la communauté entière, elle leur suffirait ».
  Du reste, quelle repentance est plus grande que celle d’avoir offert généreusement leurs âmes. Cela dit, la générosité consistant à se contraindre à appliquer le droit désagréable à l’encontre de son propre enfant est plus dure dans l’épreuve, surtout lorsqu’on sait que Dieu dit sur le père qui perd son enfant : « Je n’ai d’autre rétribution pour Mon serviteur à qui Je ravis l’âme de son cher enfant, du milieu des gens du bas-monde, que le Paradis ». C'est dire que celui qui maîtrise ces piliers qui sont parmi les plus grandes tentations et les plus dures épreuves et préfère l’auguste Face de Dieu en ne considérant qu’elle dans cette affaire, voilà l’homme qui n’a pas d’égal dans son espèce. »
  

Tous nous serons éprouvés durement dans notre Foi.
Ceux qui ne sont pas tentés sont des cas exceptionnels et il y a aussi une nécessité de la tentation car elle permet de juger notre capacité à résister, à suivre la voie droite et à revenir à Dieu pour obtenir sa miséricorde si on faillit.
C'est la fonction du Dajjal de cristalliser le mal, ce qui nous tente tous, pour faire le tri entre les hypocrites et les vrais croyants dont on ne juge pas la perfection mais la capacité à se soumettre à Dieu et à scène remettre à lui.
Même les saints ont été tentés, à commencer par St Pierre mais il a pu se repentir.

Ceux qui pensent en être exemptés en raison de leur « hauteur » seront les premiers à courber la tête devant l’Antéchrist tellement celui-ci répondra à leur « vague religiosité » au sens guénonien, satisfaisant leur orgueil, encourageant leur « sentimentalisme » et leur désir de voir « l’homme au centre ».

• "Celui qui entend parler du Dajjâl, qu'il s'éloigne de lui ! Car par Dieu, l'homme se rendra auprès de lui pensant être croyant, puis (finira par) le suivre à cause des doutes qu'il suscitera en lui" (Abû Dâoûd 4319).
  

La Bible nous met elle aussi en garde : même les élus seront tentés et nous recommande de nous en éloigner et de fuir « dans les montagnes » :

• « Et, si ces jours n'étaient abrégés, personne ne serait sauvé; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés. Si quelqu'un vous dit alors: Le Christ est ici, ou: Il est là, ne le croyez pas (...) Si donc on vous dit : Voici, il est dans le désert, n'y allez pas; voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. » (Mat. 24)
  

Il n’y a que deux voies face à l’AC, soit fuir pour échapper à son influence, soit le martyr. C’est à chacun de faire selon sa nature.
Ne me considérant pas comme une élue et me rappelant toujours les trois reniements de Pierre, je choisirai, si Dieu veut et s’Il m’a permis de vivre jusque là, la fuite vers autre chose...

Méconnaissant l’enseignement de toutes les traditions régulières, que dire à ceux qui considèrent que l’arrivée du Mahdî, celle de l’Antéchrist, la Seconde Venue du Christ ne sont que symboliques et qu’ils n’existeront pas réellement ?! Que Dieu nous préserve de Satan et de sa troupe....

Mais la « période la plus noire de cet âge sombre » veut que les choses se passent ainsi et que l’erreur et les illusions prennent le pas (temporairement !) sur la Vérité.

• « Ordonnez-vous le bien et interdisez-vous le mal, jusqu'au moment où tu verras que l'on encourage l'avarice, que l'on suit sa passion, que l'on préfère ce monde et que chacun se complait dans son opinion, alors occupe-toi de ta propre âme, laisse le commun des hommes, car viendront des jours où endurer les épreuves sera comme empoigner un tison. » (Partie d'un hadîth où le Prophète répond à une question d'Abû Tha'laba al-Khushanî)
  

• « Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. » 2 Timothée 4.3-4
  

Dans son livre sur les doctrines hindoues, Guénon nous mettait déjà engarde contre cette subversion :

• « L’influence de l’élément sentimental porte évidemment atteinte à la pureté intellectuelle de la doctrine, et elle marque en somme, il faut bien le dire, une déchéance par rapport à la pensée métaphysique, déchéance qui, d’ailleurs, là où elle s’est produite principalement et généralement, c’est-à-dire dans le monde occidental, était en quelque sorte inévitable et même nécessaire en un sens, si la doctrine devait être adaptée à la mentalité des hommes à qui elle s’adressait spécialement, et chez qui la sentimentalité prédominait sur l’intelligence, prédominance qui a d’ailleurs atteint son plus haut point dans les temps modernes. Quoi qu’il en soit, il n’en est pas moins vrai que le sentiment n’est que relativité et contingence, et qu’une doctrine qui s’adresse à lui et sur laquelle il réagit ne peut être elle-même que relative et contingente ; et ceci peut s’observer particulièrement à l’égard du besoin de « consolations » auquel répond, pour une large part, le point de vue religieux.
  La vérité, en elle-même, n’a point à être consolante ; si quelqu’un la trouve telle, c’est tant mieux pour lui, certes, mais la consolation qu’il éprouve ne vient pas de la doctrine, elle ne vient que de lui-même et des dispositions particulières de sa propre sentimentalité. Au contraire, une doctrine qui s’adapte aux exigences de l’être sentimental, et qui doit donc se revêtir elle-même d’une forme sentimentale, ne peut plus être dès lors identifiée à la vérité absolue et totale ; l’altération profonde que produit en elle l’entrée d’un principe consolateur est corrélative d’une défaillance intellectuelle de la collectivité humaine à laquelle elle s’adresse.
  D’un autre côté, c’est de là que naît la diversité foncière des dogmes religieux, entraînant leur incompatibilité, car, au lieu que l’intelligence est une, et que la vérité, dans toute la mesure où elle est comprise, ne peut l’être que d’une façon, la sentimentalité est diverse, et la religion qui tend à la satisfaire devra s’efforcer de s’adapter formellement le mieux possible à ses modes multiples, qui sont différents et variables suivant les races et les époques. »
  

On cherche désormais à remplacer les enseignements traditionnels et leur nature supra-individuelle, par ce que les Protestants appellent le « libre examen » c’est-à-dire une interprétation laissée à l’appréciation de chacun (et donc purement individuelle) et basée exclusivement sur la morale et la raison. Le résultat ne s’est pas fait attendre : « la dispersion en une multitude toujours croissante de sectes, dont chacune ne représente que l’opinion particulière de quelques individus. »
Cette « expérimentation religieuse personnelle » n’est en somme du pragmatisme appliqué au domaine religieux et en « humanisant » ainsi la religion, on aboutit inévitablement à « l’idée d’un Dieu limité plus « avantageuse » que celle du Dieu infini, parce qu’on peut éprouver pour lui des sentiments comparables à ceux qu’on éprouve à l’égard d’un homme supérieur » tout en vidant les doctrines de toute leur essence.

Ainsi il en est même qui en viennent à juger et relativiser les Ecritures sous prétexte qu’elles sont « intolérantes » et assurent que leurs visions sont plus véridiques !

« Ce dont il s’agit alors, ce n’est plus de religion, même amoindrie et déformée, c’est tout simplement de « religiosité », c’est-à-dire de vagues aspirations sentimentales qui ne se justifient par aucune connaissance réelle ».

On savait que les faux prophètes et les « illuminés » pulluleraient à notre époque mais là, on touche le fond. Et je citerai pour une fois un philosophe (Pascal) : « Qui veut faire l’ange, fait la bête » (dans tous les sens du terme...)  

• «L’homme moderne, au lieu de chercher à s’élever à la vérité, prétend la faire descendre à son niveau. Les « profanes » se permettent de discuter des choses sacrées, d’en contester le caractère et jusqu’à l’existence même ; c’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité, l’humain qui se substitue au divin, la terre qui l’emporte sur le ciel, l’individu qui se fait la mesure de toutes choses et prétend dicter à l’univers des lois tirées tout entières de sa propre raison relative et faillible. « Malheur à vous, guides aveugles », est-il dit dans l’Évangile ; aujourd’hui, on ne voit en effet partout que des aveugles qui conduisent d’autres aveugles, et qui, s’ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l’abîme où ils périront avec eux. »
  

"Effroyable le nombre de « croyants » qui s’imaginent, sous le prétexte qu’ils ont une once de foi, qu’ils seront épargnés et s’envoleront sur un petit nuage échappant ainsi à la Colère divine et aux Tribulations. "


Il faut bien avouer que quelques fois, j'en arrive à envier ceux qui parviennent à se raconter ce type d'histoire et surtout à y croire.

LionBlanc a écrit:Il faut bien avouer que quelques fois, j'en arrive à envier ceux qui parviennent à se raconter ce type d'histoire et surtout à y croire.

Je veux bien croire que cela traverse l'esprit dans les moments où l'on est un peu plus "faible", mais je doute qu'au final, tu regrettes d'avoir ouvert les yeux sur la réalité de notre monde...

Salam Ligeia excellent post merci !

Par rapport à l' « Enlèvement », il est vraiment tragique qu'autant de croyants, souvent sincères, y croit. Le lien que tu as souligné entre ce dernier et les « aliens » rend la chose encore plus effroyable .

Si l'on pourrait aller à l'origine de ce « dogme » et de sa propagation,il ne serait donc pas étonnant d'y voir certaines influences assez suspectes...

Qu'Allah nous fasse entrer dans Sa Miséricorde et qu'Il raffermisse nos cœurs !

Salam Sowl, et merci.... J'ai également beaucoup aimé ton commentaires sur Patreon !

Dans son livre « Autorité spirituelle et pouvoir temporel », René Guénon précisait la différence entre le « luciférianisme » et le « satanisme » ainsi :

• « Cette attitude des Kshatriyas révoltés pourrait être caractérisée assez exactement par la désignation de « luciférianisme », qui ne doit pas être confondu avec le « satanisme », bien qu’il y ait sans doute entre l’un et l’autre une certaine connexion : le « luciférianisme » est le refus de reconnaissance d’une autorité supérieure ; le « satanisme » est le renversement des rapports normaux de l’ordre hiérarchique ; et celui-ci est souvent une conséquence de celui-là, comme Lucifer est devenu Satan après sa chute. »
  

Mais en cette fin de cycle, c’est l’ignorance qui règne et l’on peut voir désormais certaines personnes, en toute bonne foi, prétendre que les actions humaines peuvent modifier les plans divins.
Les desseins du Seigneur sont arrêtés de tout temps ; penser que certaines décisions humaines aient pu "contrecarrer" ce qui est écrit (je parle des Écritures et des textes sacrés) c'est insinuer que quelque chose a pu "échapper" à Dieu ou pire, que l'homme a le pouvoir de mettre en échec le divin !
Ce qui est "faillible" c'est uniquement notre compréhension des prophéties et l’interprétation personnelle qu’on leur donne.

Là est la subversion puisque c’est rabaisser le spirituel au temporel et faire dépendre le supérieur de l’inférieur.
Le plan divin ne se limite pas à un vulgaire jeu du « chat et de la souris » dans lequel Dieu serait condamné à n’agir que par « réaction » ! Le Seigneur ne peut être envisagé comme « une partie complémentaire » alors qu’Il est le Tout en dehors duquel rien n’existe. L’immanence perdure mais la transcendance a été oubliée...

C’est la réalisation de ce que Guénon signalait déjà avec les dérives du protestantisme et la notion de « libre-examen » :

• « L'expérience religieuse s'incorpore au « pragmatisme », au nom duquel on préconise l'idée d'un Dieu limité comme plus « avantageuse » que celle du Dieu infini, parce qu'on peut éprouver pour lui des sentiments comparables à ceux qu'on éprouve à l'égard d'un homme supérieur » (La Crise)
  

La porte est largement ouverte à tous les délires personnels, la poussée contre-initiatique atteint son apogée et jamais le « feu intermédiaire » n’aura été aussi séduisant !

Ayant ainsi rabaissé Dieu au rang d’un surhomme auquel tout-un-chacun peut avoir accès en « ligne directe », il n’est pas étonnant que désormais surgissent d’un peu partout des individus qui, « étant naturellement porté à s’estimer "bien et dûment qualifié", et étant ainsi à la fois juge et partie dans [leur] propre cause, découvriraient assurément sans peine d’excellentes raisons (excellentes du moins à leurs propres yeux et suivant les idées particulières qu’ils se sont forgées) pour se considérer comme initiés sans plus de formalités, et nous ne voyons même pas pourquoi ils s’arrêteraient en si bonne voie et hésiteraient à s’attribuer d’un seul coup les degrés les plus transcendants. » (RG,  Aperçus sur l’initiation)

On s'octroie sans vergogne les plus hautes réalisations, arguant que « Dieu c’est l’homme, l’homme c’est Dieu ».

Ibn Arabî a pourtant bien précisé la distinction établie entre l’Homme Universel, l’homme primordial et l’homme « normal » :

• « Lorsque parvient aux oreilles de l’homme qu’il a été créé selon la Forme de Dieu, s’il ne fait pas la différence entre l’Homme Universel et l’homme individuel il s’imagine que l’homme est selon la Forme divine en tant que tel, alors qu’il n’en est pas ainsi : en tant qu’homme, il possède uniquement la capacité virtuelle de réaliser cette Forme, de sorte que, si elle lui est conférée, rien ne s’oppose à ce qu’il en soit le support. En ce cas, mais en ce cas seulement, il sera selon la Forme divine et sera compté au nombre des Califes. » Gilis, les 7 Etendards, chap. XX.
  

Notion que Michel Valsan, le maître de M. Gilis a également reprise dans ce passage :

• « Ne fais pas intervenir ici la parole du soufi, qui, en regardant de son degré de réalisation, dit : « Je ne vois rien d'autre que mon Seigneur » (...), car celui-ci n'est pas arrivé à pouvoir parler ainsi sans avoir eu à supporter ce que je t'ai indiqué, et c'est pour cela qu'il peut dire cette parole ; quant à s'autoriser à la dire, alors qu'on est débutant, cela ne peut être qu'affaire d'imposteur. »
  

Ceux qui singent ainsi une telle réalisation sont « des aveugles qui conduisent d'autres aveugles, et qui, s'ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l'abîme où ils périront avec eux. »


Ayant accepté un tel renversement des rapports traditionnels, il n’est plus étonnant de voir le « profane » se permettre de juger les écrits des Maîtres ; au nom de quelle réalisation, quelle autorité, on se le demande.  
Mais qu'ils se méfient de leur orgueil, de leurs prétentions et leurs accusations car si Dieu est miséricordieux, Il sait aussi punir les impudents, les imprudents et ceux qui dénigrent les vrais détenteurs de la Science.

• « Parmi les plus grandes séductions au moyen desquelles Allâh a soumis l’homme à la tentation, il y a le fait de lui avoir fait savoir qu’Il l’avait créé selon Sa Forme ; et cela, afin de voir s’il garderait à l’esprit sa servitude et sa contingence ou si, au contraire, il tirerait vanité du degré éminent attaché à cette Forme.... prends donc garde à toi-même, car la tentation qui découle de l’ampleur est pire que celle qui provient de la gêne et de l’étroitesse. » (CA Gilis, les 7 Etendards)
  

Même les véritables Connaissants n'ont pas de telles prétentions car cette tendance satanique est proprement une disqualification à tout cheminement initiatique et c’est un fâcheux manque d’adab (« l'essence véritable de la maîtrise spirituelle » selon Ibn Arabî) chez ceux là même qui ont pourtant une si haute opinion de leur propre « élévation » !  

Il n'y a pas de "honte" à ne pas comprendre l'enseignement des Maîtres et "aucune humiliation à être et à se reconnaître celui que l’on est et non un autre."
Mais en ce cas, mieux se retirer spontanément et ne pas risquer d'égarer d'autres personnes, au lieu de "distribuer des certificats de maîtrise" en se basant sur ce qu'on trouve sur internet.

• « Il y en a qui, au fond, ne s’intéressent que très médiocrement aux doctrines, mais qui, ayant constaté le succès qu’ont ces choses dans un milieu assez étendu, trouvent bon de profiter de cette «mode» […] ; ceux-là sont d’ailleurs beaucoup plus «éclectiques» que les premiers, et ils répandent indistinctement tout ce qui leur paraît être de nature à satisfaire les goûts d’une certaine «clientèle», ce qui est évidemment leur principale préoccupation, même quand ils croient devoir afficher quelques prétentions à la «spiritualité». Bien entendu, nous ne voulons citer aucun nom, mais nous pensons que beaucoup de nos lecteurs pourront facilement trouver eux-mêmes quelques exemples de l’un et de l’autre cas. » (RG, Initiation et réalisation spirituelle)
  

Car il ne s'agit pas de chercher dans leurs écrits ce qui pourrait être "récupéré" afin de justifier les rêveries et autres fantaisies personnelles, mais de faire "table rase" de ce que l'on CROIT, pour tenter d'assimiler, si Dieu veut, l'enseignement de ceux qui SAVENT.

M. Gilis dénonçait cette attitude au sujet de René Guénon :

• "la volonté de minimiser et de réduire l’autorité de Guénon, le droit proclamé hautement - ou réclamé tout bas par ceux qui hésitent à pousser l’inconvenance jusqu’à l’insolence - de « guénoniser un temps, voire de temps en temps, sans être guénonien »".
  

 

L'incompréhension qui règne pousse ceux qui en sont atteints à mettre au même niveau, la Connaissance véritable avec les raisonnements tout superficiels des "penseurs" ou autres philosophes modernes.

N'en a-t'on pas vu un bel exemple récemment avec l'un d'entre eux qui prétendait sans scrupules faire de Jeanne d'Arc une "idiote utile ou une sorcière" tout en se prétendant "guénonien" !    
Ceci me semble une illustration parfaite de ce contre quoi les textes sacrés nous mettent en garde :

« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. » 2 Timothée 4.3-4

Sourate 45 ; 23 : « Vois-tu celui qui prend sa passion pour sa propre divinité? »
Sourate 25 ; 43 : « Ne vois-tu pas celui qui a fait de sa passion sa divinité? »

Mais malheureusement, comme le précise Ibn Arabî, "en réalité l’homme n’a jamais adoré que sa passion"...