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Message par Ligeia Mar 14 Jan - 15:46

Bulletin 24 : L'Ombre de l'Antéchrist
(2 mars 2015)

L'ensemble des bulletins est disponible ici :
https://www.leturbannoir.com/bulletins-turban-noir/


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L’Ombre de l’Antéchrist

Les événements survenus à Paris au début de l’année 2015 ont déclenché, sur les sujets qui intéressent nos lecteurs, une avalanche d’inepties et de contre-vérités. Une étape semble avoir été franchie, car l’ignorance du point de vue traditionnel s’est exprimée avec une rare insolence. On nous a rebattu les oreilles avec des questions mal posées (a-t-on le droit de critiquer les religions ?) et des déclarations oiseuses (le délit de blasphème n’est pas inscrit dans le droit pénal français). Au sujet de l’islâm, quels délires ! Certains sont allés jusqu’à affirmer sérieusement « l’urgence de procéder à une traduction œcuménique du Coran pour le rendre conforme à la laïcité et aux libertés » ! Cette inconscience généralisée suscite une gêne et une inquiétude. Il est difficile de ne pas voir dans certains épisodes l’ombre portée de l’Antéchrist. Ainsi ce slogan ambigu (1), repris en chœur à l’échelle planétaire, donnait l’impression d’une sinistre répétition générale, annonciatrice du pire ; ou encore ce spectacle pour le moins indécent donné le soir du 11 janvier quand les plus hautes autorités de l’État, kippa sur la tête, se retrouvèrent à la Grande Synagogue, où figurait en bonne place... un drapeau de l’État sioniste ! (2)

Et que dire de la provocation délibérée que fut la publication d’un nouveau numéro de l’hebdomadaire incriminé : elle suscita l’indignation générale (y compris celle du pape, demeuré singulièrement silencieux jusque-là) et parfois aussi une colère populaire bien compréhensible. Il ne s’agit pas ici pour nous d’intervenir sur des questions politiques, mais de rappeler quelques principes à la lumière de l’enseignement de René Guénon. Curieusement, son nom a été mentionné au début de la même semaine à l’occasion de la parution de Soumission, le dernier roman de Michel Houellebecq. Cette publication, nouvelle machine de guerre dirigée contre l’islâm, fut le « lever de rideau » du sinistre spectacle qui a suivi. La référence à René Guénon est significative à plusieurs égards. Tout d’abord, Paris est apparu, une nouvelle fois, comme la capitale intellectuelle du monde ; or c’est précisé- ment pour cette raison que dès le début, et tout au long de sa carrière d’écrivain, les écrits de René Guénon ont été publiés dans cette ville.

(1) « Nous sommes tous Charlie » pouvait signifier aussi bien : « nous sommes tous victimes de l’intolérance » que « nous sommes tous des blasphémateurs ».
(2) Quels cris n’aurait-on pas poussé si elles s’étaient retrouvées, coiffées d’un keffieh, à la Grande Mosquée où l’on aurait introduit astucieusement un étendard de l’« État islamique » !


Comment ne pas remarquer aussi l’ignorance généralisée de son œuvre à un moment où elle était seule à même d’offrir les indications et les repères de nature à expliquer la portée des événements qui se déroulaient.
Cette conspiration du silence en dit long sur la mauvaise foi de ce qu’il faut bien appeler la clique intellectuelle française, si arrogante et sûre d’elle. Même d’un point de vue « culturel », René Guénon demeure, qu’on le veuille ou non, un des plus grands intellectuels du XXème siècle, édité notamment par Gallimard. Ce n’est pas un auteur marginal, et pourtant on doit bien constater que tout le monde s’agite et pérore comme s’il n’existait pas. S’il avait continué dans la direction apparente indiquée par ses premiers ouvrages, peut- être n’aurait-il pas connu cette disgrâce ; mais voilà, on sait qu’il est mort musulman et cela n’est pas acceptable pour les Occidentaux. S’ils ne comprennent rien à l’islâm, c’est parce qu’ils ne cherchent pas à le comprendre, par crainte de devoir remettre en cause les dogmes fondateurs du monde moderne et de la politique qu’il mène. Il s’agit bien d’un complot, mais celui-ci ne se réduit pas à quelques intrigues de bas étage. Il s’agit plutôt d’une tromperie insidieuse qui relève de ce que René Guénon appelle la contre-initiation, autrement dit de l’action antéchristique qui manipule les individus à leur insu et qui s’en prend avec une morgue croissante aux principes traditionnels les plus élémentaires.

Ce qui est en cause dans le cas présent n’est pas l’injure faite aux représentants de telle ou telle religion, ni le blasphème au sens théologique du terme, mais plutôt l’atteinte portée, plus au moins volontairement, à l’ordre traditionnel en tant que tel, car c’est lui qui était la cible véritable des attaques menées de divers côtés au début de l’année ; mais comme ceci peut sembler étrange ou imaginaire à beaucoup, nous donnerons ici quelques explications puisées aux enseignements de l’ésotérisme islamique. Le Coran n’est pas seulement le Livre saint de l’islâm ; il s’agit avant tout du Livre universel qui scelle le cycle des révélations faites à l’homme. Il est destiné aux « muttaqîn » (c’est-à-dire à ceux qui ont le souci de préserver la Vérité divine) définis, non comme étant « ceux qui croient en Allâh et en Son envoyé », mais bien comme ceux qui « croient au mystère (al-ghayb) » ainsi qu’à l’ensemble des révélations traditionnelles ; autrement dit qui reconnaissent l’autorité suprême qui gouverne invisiblement notre état d’existence et que René Guénon a décrite dans Le Roi du Monde. C’est là que se situe l’enjeu véritable.

Dans cette perspective, le Prophète Muhammad n’apparaît pas uniquement comme le fondateur de la religion islamique, mais avant tout comme le représentant par excellence de cette autorité, à laquelle il s’identifie par ailleurs. Pour mieux faire comprendre à des Occidentaux ce que nous avons en vue, nous ajouterons que la même fonction est représentée dans le christianisme, non pas par le Christ lui-même, mais par la Vierge Marie « médiatrice de toutes les grâces » et « reine des apôtres et des prophètes », ce qui explique notamment le rôle qui est le sien dans l’œuvre de Dante.

S’attaquer à cette autorité entraîne une sanction qui relève du droit imprescriptible de Dieu (al-haqq), et non d’une loi extérieure quelconque, fut-elle d’ordre religieux. Ce droit est inhérent à la constitution primordiale de l’homme, telle qu’elle est exprimée dans le verset : « J’ai créé les hommes et les jinns uniquement pour qu’ils M’adorent » (Cor., 51, 56). Toute atteinte portée à ce droit, notamment au moyen du déni, de la dérision et du blasphème est d’une gravité extrême, car elle s’attaque au fondement de notre état d’existence et compromet sa légitimité.
Dans le Coran, un verset dit à propos de l’Heure (c’est-à-dire de la fin de notre monde) : « Ceux qui n’y croient pas hâtent sa venue. Ceux qui croient en ont peur et savent qu’elle est (la manifestation) d’al-haqq. Ceux qui doutent de l’Heure ne sont-ils pas dans un égarement extrême ? » (Cor., 42, 18).

Les blasphémateurs sont des inconscients qui jouent avec le feu au risque de provoquer l’incendie. La gravité de la sanction est à la mesure du danger. Ce n’est pas parce que le monde moderne ignore l’ordre traditionnel et ses normes que ceux-ci n’existent pas ; de même, la méconnaissance d’un danger ne fait pas disparaître sa menace.

Telle est la justification d’une sanction dont le sens échappe à la mentalité contemporaine et telle est la raison pour laquelle il convient de parler ici d’action antéchristique. Un autre aspect de cette action se manifeste dans la subversion sioniste, qui est du même ordre et qui ne peut se comprendre qu’à la lumière des mêmes principes. La question sioniste n’a pas été abordée directement dans les écrits de René Guénon, mais c’est lui qui a énoncé les principes qui la condamnent. Le sionisme est antitraditionnel par essence. Sans l’ignorance et l’indifférence de nos contemporains en ce domaine, jamais il n’aurait pu se concevoir et s’implanter. Si aujourd’hui il a pu s’emparer même des meilleurs esprits, y compris ceux qui se présentent comme religieux, c’est parce que l’adhésion à un enseignement dogmatique ne suffit pas pour préserver de l’erreur quand le droit divin (al-haqq) est en cause. Ce droit a été établi et confirmé par les différents prophètes qui se sont succédé tout au long du cycle humain. Chacun d’eux a révélé la loi qui convenait à son temps et à son peuple. Moïse avait communiqué celle qui convenait au peuple juif.
Toutefois, les changements cycliques avaient amené le gouvernement providentiel du monde à envoyer un autre prophète, Jésus. Les raisons de cette adaptation du judaïsme sont bien connues : il s’agissait d’alléger un formalisme excessif et de favoriser une ouverture permettant au monothéisme d’acquérir une dimension universelle. Le Coran précise que Jésus avait pour mission de confirmer la loi moïsiaque tout en rendant licite « une part de ce qui avait été interdit aux juifs » (Cor., 3, 50). Ceux-ci s’opposèrent à la volonté divine et refusèrent de reconnaître la mission du nouvel envoyé. Ce refus fut sanctionné par la destruction du Temple de Jérusalem, la dispersion du peuple juif et l’interdiction qui lui fut faite d’exercer désormais le pouvoir temporel. Les juifs furent autorisés à continuer la pratique de leur religion à la condition expresse de renoncer à toute puissance extérieure, ce qui les conduisit aux ghettos. Un verset coranique déclare : « Si Allâh ne leur avait pas prescrit l’exode, ils auraient été châtiés en ce monde » (Cor., 59, 3). Le sionisme peut être défini comme une volonté unilatérale de mettre fin à cette interdiction, et c’est en cela qu’il est subversif. Le Mur des Lamentations est pourtant toujours là pour en rappeler la permanence et l’actualité. L’islâm, qui définit le régime final de l’humanité dans son ensemble, est directement concerné par cette transgression. Le sionisme méconnaît le droit universel que la tradition islamique représente ; il est anti-islamique par nature.

L’islâm « historique » a confirmé la sanction prise à l’égard du judaïsme, mais, dans les circonstances actuelles, il est peut-être utile de rappeler que ce n’est pas lui qui l’a prise. La création de l’État sioniste est une victoire pour le monde moderne et une étape majeure dans le développement de ses desseins subversifs ; mais ce serait une erreur de le considérer comme étant la source de tous les maux. D’une certaine façon, il détourne l’attention de dangers plus insidieux. Quel exploit d’avoir réussi à placer l’ensemble de l’humanité pensante devant des « écrans » de toutes sortes : ordinateurs, télévisions, cinémas et téléphones mobiles ; quel tour de force de l’avoir persuadée que ces moyens sophistiqués étaient de nature à favoriser la connaissance et la transmission du savoir ! L’existence d’un État représente finalement peu de chose face à ces leurres, ces sources d’illusions universellement répandues ; mais il présente l’avantage de constituer un critère de vérité, une pierre de touche qui permet d’évaluer de manière infaillible les doctrines et les politiques contemporaines. À commencer, bien entendu, par les sophismes élaborés par les sionistes eux-mêmes pour justifier leur imposture, ces discours complaisants qui expliquent que les juifs ne font rien d’autre que récupérer une terre « qui leur a été donnée par Dieu », et qu’ils mettent fin à un exil inique qui s’est prolongé pendant près deux millénaires, ignorant, ou feignant d’ignorer, qu’il s’agit en réalité d’un bannissement. D’autres justifient la légitimité de l’État juif par le fait qu’il a été reconnu par les Nations Unies, comme si cette organisation était le Temple du Saint-Esprit !
Mais il faut bien reconnaître, au risque de déplaire à beaucoup, qu’un « État palestinien », s’il venait un jour à l’existence, serait tout aussi illégitime au regard de la tradition islamique. L’islâm n’a pas vocation à créer des États, et encore moins à favoriser un quelconque sentiment national. La notion d’« État islamique », partout où elle est revendiquée, est une contradiction dans les termes. Seule convient celle d’Empire, à condition que le pouvoir temporel y soit exercé au nom d’une autorité spirituelle, ce qui ne sera réalisable qu’au temps du Mahdî. En aucun cas, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire aujourd’hui de divers côtés, un tel pouvoir ne pourrait être le fruit d’une politique partisane quelconque. Il faut y insister, car sur ce point les caricatures (non pas visibles, mais mentales, ce qui est pire) abondent. On déplore que l’islâm ne soit pas représenté par une « structure » extérieure hiérarchisée comme dans l’Église catholique, mais c’est là une posture hypocrite et incohérente, car une telle représentation ne serait possible que par la restauration d’un califat véritable qui, pour être légitime, devrait nécessairement être proclamé à La Mekke ; mais cela, l’Occident moderne n’en veut à aucun prix car il sait fort bien qu’il s’exposerait ainsi, et avec lui la subversion sioniste, au plus redoutable des périls.

Ces considérations ne sont pas étrangères aux circonstances qui ont amené l’Église catholique à reconnaître l’État sioniste. En 1993, les Palestiniens tombèrent dans le piège des Accords d’Oslo. Ils commirent la faute de reconnaître « Israël » dans l’espoir que celui-ci les reconnaîtrait à son tour. C’était ignorer que les sionistes considèrent que l’existence et la légitimité de leur État découlent d’un droit divin : ils ne donnent jamais rien en échange. Toute négociation a pour effet de mettre leurs interlocuteurs à leur merci. Chaque fois que les principes sont perdus de vue et que l’on cède à des questions d’opportunité, les sionistes en tirent avantage. Les Palestiniens en firent l’amère expérience, et la papauté à leur suite. Celle-ci prit prétexte de ces Accords pour commettre l’irréparable en légitimant à son tour la subversion sioniste, mais sa faute fut incomparablement plus grave. Du côté palestinien, les négociateurs ne représentaient rien d’autre qu’un parti politique ; l’islâm n’était ni impliqué ni compromis en aucune manière. Du côté catholique, il s’agissait du Saint-Siège qui est la plus haute autorité spirituelle en Occident et, depuis la fin de l’empire chinois, la plus ancienne institution traditionnelle subsistant en ce monde. On pourrait difficilement imaginer pire prévarication. Les errements du pape actuel ont achevé de compromettre l’autorité pontificale pour ce qui concerne le gouvernement de l’Église : tel jour il dépose une gerbe sur la tombe du fondateur du sionisme, ce à quoi aucune considération d’opportunité diplomatique ne l’obligeait ; tel autre, il a le toupet de morigéner les musulmans en leur demandant de dénoncer le pseudo-État islamique d’Irak, car « ce n’est pas le véritable islâm », tout en se gardant bien de demander aux juifs de s’opposer à l’État sioniste, comme si celui-ci représentait le judaïsme véritable !

Tel autre encore, il découvre qu’il existe un « terrorisme d’État » et le condamne de telle façon qu’à Tel Aviv on se sent visé ! Que signifient cette inconscience et ces improvisations (3), sinon qu’il n’y a plus à Rome aucune autorité proprement pontificale ; et ceci appelle quelques explications. L’Église catholique est romaine et c’est à la tradition romaine que fait référence la qualité de Pontifex Maximus. Depuis des décennies, tout a été fait pour affaiblir celle-ci. Sous prétexte que le pape devrait être avant tout un pasteur, on a voulu réduire sa fonction à celle d’un « évêque de Rome ».
Rappelons donc que, même si des exceptions sont possibles, il revient naturellement à un latin d’exercer l’autorité pontificale. Aujourd’hui, l’exception est devenue la règle. Après deux papes étrangers à la latinité (un polonais, puis un bavarois), on a fait appel à un sud-américain, jésuite de surcroît, pour remplir une fonction à laquelle il n’était pas préparé. « François » est le premier pape auquel aucune devise ne correspond dans la prophétie dite de saint Malachie. Les rares éléments qui rattachaient le Saint-Siège à la Tradition universelle ont été abandonnés : le « pouvoir des clés » n’est plus exercé depuis longtemps et le port de la tiare a été délaissé (4). Seul subsiste le pallium, qui évoque la déesse polaire Pallas-Athéna et la tradition pythagoricienne dont relevait la Rome antique. Ces renonciations successives ont privé la fonction pontificale de sa substance. Dépourvu de toute direction spirituelle, l’Occident est livré à lui-même, exposé à tous les dangers.

(3) Que l’on retrouve dans les acrobaties diplomatiques en matière de canonisations pontificales, qui mériteraient une étude spéciale.
(4) Elle fut portée pour la dernière fois par Paul VI, qui avait du mal à cacher sa gêne.


Au sujet du sionisme, rappelons une nouvelle fois qu’il est vain et contradictoire de s’opposer nommément à l’« État d’Israël ». Le saint nom d’Israël est l’essence de la spiritualité judaïque ; il signifie : « Que Dieu règne ! Qu’il se montre fort ! ». Combattre l’État d’Israël revient donc à valider la profanation dont le peuple juif s’est rendu coupable en utilisant ce nom, à déclarer que cet État est l’objet d’une bénédiction divine, et finalement à le renforcer. La seule attitude conforme à la vérité et au droit consiste à refuser de le reconnaître, quel que soit le prix à payer pour ce déni. La faction palestinienne qui est demeurée fidèle à l’islâm est un peuple martyrisé à cause de sa foi. Sa résistance courageuse n’est pas vaine, car c’est elle qui aura le dernier mot. Une des pires impostures est celle qui assimile l’antisionisme à l’antisémitisme. Que des dirigeants sionistes opèrent cet amalgame n’a rien de surprenant car ils y trouvent leur intérêt. Mais que dire quand, dans un pays censé être laïque et « neutre » en matière de religion, un ministre de l’Intérieur, chargé des cultes, commet publiquement cet abus, sinon qu’il s’agit de sa part d’une déclaration anti-islamique. Le pire est qu’elle ne suscite ni gêne ni protestation, tant la perte des repères traditionnels les plus élémentaires est devenue générale. Ici encore, la vérité est à l’antipode de ce qui est affirmé avec arrogance.

Le sionisme est le pire antisémitisme qui soit, car il conduira inéluctablement le peuple juif à sa perte. Il faut être bien aveugle pour ne pas voir que sa dispersion comporte en réalité une miséricorde. En cherchant à se rassembler à nouveau sur sa terre d’origine il renonce à la protection inhérente à la sanction dont il a fait l’objet et s’expose aux regards de tous. Contraint d’ériger un mur, il s’enferme dans un nouveau ghetto et commence à réaliser qu’il a créé lui-même un piège dont il ne pourra plus s’échapper. Dans La Profanation d’Israël, nous dénoncions l’ambition profonde du sionisme en ces termes : « L’État juif est un État apparemment laïque utilisé par la contre-initiation pour l’accomplissement de ses desseins : une contrefaçon de la théocratie judaïque et une restauration sacrilège de la souveraineté spirituelle et temporelle du peuple juif. » (5)
Cette interprétation a été contestée et imputée à notre imagination. Elle nous semble pourtant confirmée par ce qui se passe aujourd’hui à Jérusalem où, sous la pression des rabbins dit « ultra-orthodoxes » (alors qu’ils sont les plus éloignés de toute orthodoxie), l’accélération du processus anti traditionnel est constante, notamment pour ce qui concerne la question de la reconstruction du Temple.
À cet égard, le dernier numéro de La Règle d’Abraham, retient l’attention. La revue se limite désormais à une seule livraison par an, à laquelle s’ajoutent occasionnellement des cahiers hors-série. Le numéro 36, annoncé pour décembre 2014, n’a finalement été publié qu’en février 2015. Un numéro hors-série avait paru auparavant en septembre sous le titre Swâmî Karpâtrî Présence de l’hindouisme traditionnel. On constate que le périodique a changé de format, d’imprimeur (6), mais aussi, de façon plus subtile et plus inquiétante, d’orientation.

(5) Cf. p. 58.
(6) Celui-ci déclare le plus sérieusement du monde que « métaphoriquement l’éditeur, dans sa geste typographique (sic), aspire à transformer le plomb en or. Cet ouvrage a été composé – non pas de plomb, mais de lumière... ». En matière de divagation mystique, le « lumineux rectificateur » est en bonne compagnie !


Dans le numéro, on ne trouve aucune trace, ni de Michel Vâlsan (cela va de soi), ni de René Guénon, ni même d’Ibn Arabî. Peut-être cette dernière absence est-elle provisoire, mais il est permis de regretter qu’à l’étude de M. Giraud parue dans les numéros 29, 32 et 35 (7) on ait préféré celle de M. Pisani (8 ) qui est dépourvue de tout intérêt doctrinal. En revanche, il est abondamment question du judaïsme, avec un accent marqué sur la reconstitution du Tabernacle et la restauration du Temple, évoquées tout d’abord dans l’article de M. Yehuda Moraly : Les mystères du Tabernacle, ou Reconstruire le Paradis (9), puis dans l’Étude critique où M. David Taillades rend compte d’une étude de Mme Tessa Morrison sur Isaac Newton. Cette nouvelle orientation est si nette que l’on est en droit de s’interroger sur les intentions réelles de M. Patrick Geay. Dans le numéro 137 de Vers la Tradition, M. Marc Férel, qui s’intéresse de près à La Règle d’Abraham, avait déjà noté une tendance à exagérer l’« influence juive » (10), notamment de la kabbale. Quelle sera sa réaction devant ce nouveau numéro qui va dans le sens de ses inquiétudes ?

Quant à nous, nous nous bornerons à rappeler que c’est M. Geay, et lui seul, qui considère la question sioniste comme faisant partie ce qu’il a appelé « le fond des choses » (11). Plus étrange encore est ce passage qui figure dans la Postface qu’il a rédigée pour le numéro sur Swâmî Karpâtrî : « Hormis l’exemple proprement exceptionnel de Guénon qui eut justement la mission spirituelle de dévoiler l’origine unique des formes traditionnelles, très peu de maîtres eurent la vision intérieure de cette unité... ». Sur ce point, René Guénon n’a fait que reprendre l’enseignement du Coran et de l’islâm qui proclament ouvertement la doctrine de l’« origine unique » et la rendent accessible à tous. M. Geay aurait-il changé au point de méconnaître ce privilège de la tradition islamique ? Triste fin pour un jeune homme que ses qualifications intellectuelles prédisposaient à un meilleur avenir.  

(7) Comme il fallait s’y attendre sa traduction du Livre des Haltes aux éditions Albouraq semble définitivement compromise. Cette légèreté de la part de l’éditeur et du traducteur est choquante. On ne pouvait improviser pour un projet d’une telle importance.
(8 ) Intitulée : Waraqa Ibn Nawfal, un chrétien aux origines de l’Islam ?
(9) Cet auteur, qui enseigne à l’université hébraïque de Jérusalem, semble avoir quelques difficultés à s’exprimer en français. La dernière phrase de son texte est inintelligible : « Le Tabernacle, puis les deux Temples permettent cette rencontre surnaturelle. Les Temples sont détruits, l’éloignement à nouveau se produit mais à la fin des temps, il se reproduira, avec l’arrivée du messie, alliant lui aussi ces deux dimensions de bonté et de rigueur... ». Comment peut-il assimiler la venue du messie à un nouvel éloignement ?
(10) Cf. p. 79.
(11) Cf. le Bulletin intitulé Critiques et imprudences.


A. R. Y.
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Message par Uskudar Mar 14 Jan - 22:44

En ce qui concerne la Règle d'Abraham, j'ai le N°40 et 41
c'est dans le N°40 que figure un long article: la réponse de A-J Gardes à JL Gabin (qu'on ne peut pas publier je suppose pour les droits d'auteur) où il s'agit de Michel Vâlsan et René Guenon.

pour le reste, sur l'état d’Israël, tout à fait d'accord étant donné que le vrai Israël biblique et coranique n'est pas l'état sioniste qui est une contrefaçon.
il y a sur eux une menace divine claire "Si vous récidivez, nous récidivons" dans le sens : Si vous revenez (à cette transgression), nous revenons

C'est dans la Sourate 17

4 Nous avions décrété pour les enfants d'Israʾil (Israël), (et annoncé) dans le Livre: « Par deux fois vous sèmerez la corruption sur terre et vous allez transgresser d'une façon excessive. »
5 Lorsque vint l'accomplissement de la première de ces deux [prédictions,] Nous envoyâmes contre vous certains de Nos serviteurs doués d'une force terrible, qui pénétrèrent à l'intérieur des demeures. Et la prédiction fut accomplie.
6 Ensuite, Nous vous donnâmes la revanche sur eux; et Nous vous renforçâmes en biens et en enfants. Et Nous vous fîmes [un peuple] plus nombreux:
7 « Si vous faites le bien; vous le faites à vous-mêmes; et si vous faites le mal, vous le faites à vous [aussi]. » Puis, quand vint la dernière [prédiction,] ce fut pour qu'ils affligent vos visages et entrent dans la Mosquée comme ils y étaient entrés la première fois, et pour qu'ils détruisent complètement ce dont ils se sont emparés.
8 Il se peut que votre Seigneur vous fasse miséricorde. Mais si vous récidivez, Nous récidiverons. Et Nous avons assigné l'Enfer comme camp de détention aux infidèles.

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Message par Ligeia Mer 15 Jan - 9:31

Oui, pour les "droits d'auteur" cela est préférable en effet...
Mais de Gabin, j'ai ceci par contre : http://www.contrelitterature.com/archive/2017/02/22/un-livre-de-jean-louis-gabin-5913847.html

Cela montre bien les prétentions de cet individu et surtout les limites de sa compréhension ! Evil or Very Mad  

*****

M. Gilis mentionne également un verset coranique dans "La profanation d'Israël selon le Droit Sacré" : « Si Allâh n’avait prescrit l’exil à leur encontre, Il les aurait châtiés en ce monde et ils auraient encouru dans la vie future le châtiment du Feu » (Sourate 59, 3).  

Dans la bible, je me demande si on ne peut pas rattacher certains passages à cette désobéissance d'Israël :

  • "Soudain Babylone tombe, elle est brisée! Gémissez sur elle, prenez du baume pour sa plaie: Peut-être guérira-t-elle. Nous avons voulu guérir Babylone, mais elle n'a pas guéri." (Jérémie 51; 8-9)
    "Le crime est dans ta souillure; parce que j'ai voulu te purifier et que tu n'es pas devenue pure, tu ne seras plus purifiée de ta souillure jusqu'à ce que j'aie assouvi sur toi ma fureur." (Ezéchiel 24-13)

Le bannissement et l’exil prescrit au peuple juif était une miséricorde. Dieu a donc bien voulu "guérir Babylone" en la purifiant mais elle a annihilé cette possibilité en mettant fin arbitrairement à la tribulation et à l'exil.

Sur le châtiment, Ezéchiel apporte peut-être une indication :
« Si le vent d'orient [une autre traduction dit : vent d'Est]  la touche, ne séchera-t-elle pas ? Elle séchera sur le parterre où elle a poussé. » (17-10 et 19-12)

Et on sait par Daniel que c'est le Dévastateur qui envahira et ruinera l'état juif...
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Message par Uskudar Ven 17 Jan - 19:49

Merci Ligeia I love you

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Message par Ligeia Ven 5 Juin - 12:12

L'ensemble des bulletins est disponible ici :

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Bulletin N°20 : L'Islâm et le Centre suprême

(11 nov. 2013)



À la fin de son Étude critique sur L’Arbre de Lumière, M. Patrick Geay s’étend longuement sur la manière dont nous présentons la doctrine eschatologique du Cheikh al-Akbar.
Ses remarques méritent d’être prises en compte car, à la différence des autres, elles sont argumentées de manière sérieuse. Il écrit notamment :


  • « Même si dans son essence l’islam s’identifie nécessairement à la Sagesse divine comme toute autre révélation, il ne peut, en tant qu’expression adaptée de cette Sagesse, être considéré comme étant leur matrice principielle. L’Auteur va dans cette optique jusqu'à soutenir que “la Tradition primordiale ne relève pas d’une autorité supérieure à la Loi islamique” (p. 139), ce qui reviendrait à nier “l’existence d’un Centre suprême hors de la forme particulière de l’Islam et au-dessus du centre spirituel islamique”, pour reprendre la formule de Michel Vâlsan dans son article sur Les derniers hauts grades...
    Il y a donc chez l’Auteur une intention exclusiviste qui, par rapport à l’enseignement de Guénon, représente une véritable régression. Dans son premier livre sur le pèlerinage, l’Auteur reconnaissait pourtant cette dépendance de l’islam à l’égard du Centre Suprême (p. 28). Cette radicalisation tendancieuse de sa position suppose donc une volonté d’absorber les autres traditions dans le giron de l’islam, ce qui place l’Auteur dans une position incohérente, presque destructrice (p. 138)... Au lieu de faire l’unité en rassemblant “les forces sacrées” (M. Vâlsan) qui subsistent dans notre monde, l’Auteur fait disparaître la diversité et donc la richesse des formes, afin de privilégier l’une d’entre elles. Là encore, il divise plutôt que d’unir ».



Voilà qui a le mérite d’être clair : selon notre critique, la doctrine traditionnelle que nous exposons serait contraire à l’enseignement de René Guénon et à celui de Michel Vâlsan ; et, pour faire bonne mesure, en contradiction avec celle à laquelle se référaient nos premiers écrits.
À partir de là, les qualifications réprobatrices sont lancées à la pelle : exclusivisme, infatuation, discourtoisie, radicalisation tendancieuse, régression, incohérence, sans compter l’accusation, proprement scandaleuse, de mauvaise foi.

Cela dit, nous reconnaissons volontiers qu’entre l’affirmation d’une dépendance de la forme islamique à l’égard du Centre suprême et celle selon laquelle la Tradition primordiale ne relève pas d’une autorité supérieure à celle de la loi islamique il y a une contradiction apparente, mais ce n’est assurément pas la seule que l’on puisse trouver dans un domaine où l’expression de la vérité revêt souvent une forme paradoxale. Celle dont fait état M. Geay se résout pourtant aisément si l’on prend en compte l’ensemble des données traditionnelles qui s’y rapportent.
Pour étayer ses objections, il s’appuie sur ce que nous avons écrit dans notre ouvrage sur le pèlerinage, dont le contenu apparemment lui convient. Toutefois une analyse plus fine et moins passionnée aurait dû lui remettre en mémoire qu’il existe deux éditions de cette étude : la première qui a paru aux Éditions de l’Œuvre en 1982 et la seconde qui a paru chez Bustane une dizaine d’année plus tard. Cette dernière a corrigé la précédente sur un point qui peut paraître mineur, mais dont la signification est essentielle pour la bonne compréhension de l’aspect doctrinal litigieux.

En effet les pèlerins, lorsque qu’ils atteignent la Station d’Arafa qui est le but et l’essence du pèlerinage islamique, ont pris l’habitude, quand qu’ils se rendent au pied du Mont de la Miséricorde (Jabal ar-Rahma), de se tourner vers lui pour adresser leurs prières de demande.
Comme ce Mont symbolise, en accord avec l’idée de Centre suprême, l’universalité d’une Bénédiction divine répandue sur tous, au-delà de toute forme et de toute limitation particulière, nous avions interprété cette orientation des pèlerins comme la manifestation d’une qibla propre à ce lieu, indépendante et transcendante par rapport à celle qui prévaut au sein de la forme islamique, orientée tout entière vers la Kaaba de La Mekke. Or cette interprétation, fondée sur une pratique aujourd’hui unanimement suivie, s’est avérée inexacte car elle est contraire à une sunna qui, vérification faite, ne peut laisser place au moindre doute. Le Prophète – sur lui la grâce unitive et la paix divine ! – a dit : khûdû minny manâsika-kum (prenez de moi vos rites du pèlerinage). Or, lorsqu’il s’est rendu au pied du Mont de la Miséricorde au cours du Pèlerinage de l’Adieu, il ne s’est pas tourné vers lui, mais bien vers La Mekke pour adresser ses prières de demande.

La pratique actuelle est une bid‘a (innovation blâmable) caractérisée dont on peut s’étonner qu’elle soit tolérée par les Wahhabites, si prompts à dénoncer par ailleurs des pratiques parfaitement légitimes, et qui sont pris ici en flagrant délit d’ignorance et de laxisme. Il fallait donc conclure que nous avions fondé notre interprétation initiale sur une donnée erronée. Ce constat nous a placé durant plusieurs années dans une position inconfortable, car nous supportions mal l’idée que nos lecteurs aient été induits en erreur et encouragés à poursuivre une pratique condamnable au regard de la loi sacrée. Toutefois ce fâcheux incident, par l’effet d’une compensation miséricordieuse, a attiré notre attention sur le sens profond de la sunna prophétique, de sorte que l’erreur commise s’avéra providentielle.

Le maintien en toutes circonstances de la qibla en direction de la Kaaba de La Mekke, symbolise ésotériquement l’élection d’une forme particulière et du Centre initiatique qui lui correspond, ayant pour raison d’être et pour effet de faire d’eux les supports privilégiés du Centre suprême durant la période finale du cycle humain.
Il va de soi que l’islâm, sous son aspect formel, demeure sous la dépendance de ce Centre, car l’élu dépend nécessairement de Celui qui l’a élu : en tant qu’il est une forme parmi d’autres, l’islâm ne peut prétendre être « la matrice principielle de toutes les révélations ».
En même temps, en vertu du statut d’excellence qui lui a été conféré par la Sagesse divine, il a été révélé comme étant la Religion d’al-haqq (dîn al-haqq) de sorte qu’aucune autorité ne peut plus être considérée comme supérieure à la sienne, car al-haqq ne tolère aucune association ; c’est le verset : Huwa-lladhî arsala rasûla-Hu bi-l-hudâ wa dîn al-haqq li-yuzhira-hu ‘alâ ad-dîni kulli-hi wa law kariha-l-mushrikûn, c'est-à-dire : c’est Lui qui a missionné Son Envoyé avec la Guidance (universelle de l’Arbre de Lumière) et la Religion d’al-haqq pour les faire prévaloir sur la Religion tout entière, n’en déplaise aux associateurs (Cor., 61, 9).

Rappelons qu’al-haqq signifie à la fois : Dieu, la Vérité et le Droit qui, selon l’enseignement du tasawwuf, sont trois notions qui désignent une réalité traditionnelle unique. Rappelons aussi que l’autorité de l’Envoyé d’Allâh s’exerce à tous les degrés et dans tous les états de l’Être : en tant que Verbe universel, il est uni à tous les autres prophètes tandis que, dans les « trois mondes », il apparaît successivement comme al-malik al-quddûs au degré de la manifestation informelle, comme al-hayy al-qayyum au degré de la manifestation individuelle (ce qui l’identifie comme Chef de la Hiérarchie du Centre Suprême) (1) et enfin comme Pôle de la Tradition islamique au sens strict.

L’autorité propre du Centre suprême subsiste intacte, mais elle ne peut plus désormais être envisagée comme extérieure à la Révélation islamique car elle a été providentiellement intégrée en son sein. Telle est la signification du maintien de la qibla formelle à la Station d’Arafa ; et tel est le sens profond de la parole prophétique : khayr ad-du‘à du‘à Arafa (la meilleure prière de demande est celle d’Arafa).

M. Geay a raison de rappeler que « la Tradition originelle est cachée », mais il ne peut se résoudre à admettre qu’elle est occultée aujourd’hui à l’intérieur même de l’islâm. Ceci explique pourquoi, lorsque cette Tradition primordiale et universelle sera manifestée à nouveau grâce à l’action conjointe et complémentaire du Mahdî et du Christ de la seconde Venue, cette extériorisation finale prendra nécessairement appui sur la loi islamique (sharî‘a) dont la lettre ne sera modifiée en rien.
En effet cette loi détermine le statut traditionnel de la période finale du cycle humain, annonciatrice du « siècle à venir » de sorte qu’elle ne fait qu’un avec la Tradition envisagée dans sa totalité.

Pour défendre sa thèse, contraire à l’enseignement unanime du tasawwuf, M. Geay est contraint de jeter en pâture à ses lecteurs les agissements des salafistes bornés et des fondamentalistes qui détruisent les « tombes saintes de Tombouctou » (2), autrement dit une caricature grossière au nom de laquelle il se permet de déclarer, pour conclure, que :
« Depuis la mort de Guénon, le monde a beaucoup changé et c’est ce qui rend nécessaire la révision des hypothèses formulées autrefois (3) sur son sort. La situation présente de retrait généralisé du point de vue spirituel authentique rend impossible un quelconque redressement de l’Occident par lui-même, tout comme l’intervention d’un Orient, désormais fondu (?) dans la modernité ».

(1) Cf. L’étude de Michel Vâlsan intitulée : L’Investiture du Cheikh al-Akbar au Centre Suprême.
(2) Précisons à cette occasion que ces tombes ne sont nullement des tombes de saints au sens que l’ésotérisme donne à ce terme. Le prétendu « mystère de la ville » (entretenu par une propagande habile) ainsi que les trésors « culturels » qu’elle est censée contenir sont sans rapport, ni avec l’antique tradition africaine, ni, en dépit de quelques références superficielles, avec le tasawwuf.
(3) Dans la Conclusion de son Introduction générale aux doctrines hindoues.


Singulière profession de foi, qui s’accorde mal avec le devoir de « réconciliation universelle » que notre contradicteur a le toupet d’évoquer ensuite ! Ce n’est sûrement pas la réconciliation, mais bien la guerre sainte qui s’impose à l’égard de tous ceux qui, comme lui, se cramponnent à cette vision superficielle et caricaturale de l’islâm ; qui, comme lui, s’emploient à « réviser » l’enseignement de Cheikh Abd al-Wâhid pour le rendre conforme à leurs spéculations profanatrices ; qui, comme lui, encouragent les interprétations akbariennes compatibles avec les visées subversives de l’Occident en général et du sionisme en particulier ; qui, comme lui, dénigrent ou ignorent systématiquement celles qui sont de nature à endiguer l’action antéchristique dont ils sont les jouets.

Que M. Patrick Geay prenne garde, car la déchéance et la corruption intellectuelles qu’il laisse transparaître aujourd’hui se rapprochent dangereusement de celles qui, naguère, ont conduit M. Jean Robin à sa perte !

A. R. Y.


*******

ADDENDUM


Dans le dernier numéro de Vers la Tradition, nous avons découvert avec surprise que l’article de M. Geay avait également retenu l’attention de M. Marc Férel ; il écrit : « l’auteur parle assez peu de l’ouvrage lui-même. Il se propose surtout d’expliquer pourquoi M. Gilis ne peut plus se prévaloir d’être une autorité en matière de doctrine traditionnelle, son œuvre comportant de graves erreurs, surtout si l’on se place du point de vue de la tradition primordiale » ; et il ajoute : « Nous n’entrerons pas dans cette polémique ».

Sur ce point, nous devons bien dire qu’il nous est difficile de le prendre au sérieux car cela fait plusieurs années que l’on s’efforce, aussi bien dans Vers la Tradition que dans La Règle d’Abraham, de nous discréditer d’une manière systématique plutôt que d’examiner le contenu de nos ouvrages.

Par ailleurs, on supporte mal que nous puissions légitimement intervenir à propos de doctrines ésotériques autres que celles du tasawwuf en vertu de transmissions dont nous fûmes le bénéficiaire (avant et après notre entrée en islâm) (4).
Ceci est vrai, en particulier, lorsque nous abordons des questions relatives au Catholicisme. À cet égard, les remarques finales de M. Férel sur notre prétendu « manque de prudence » font écho au discours délirant et quasi-blasphématoire tenu naguère par M. Nikos Vardhikas dans sa « Note de lecture La Papauté contre l’Islam » (5).
Apparemment, la direction occulte (pour ne pas dire occultiste) de Vers la Tradition n’a pas changé depuis le décès de son fondateur ; et puisqu’elle n’a toujours pas jugé nécessaire de présenter des excuses (ce qui lui aurait au moins permis de sauver son honneur), nous tenons à lui dire que nous ne cèderons pas devant ces tentatives d’intimidation répétées. Que cela lui plaise ou non, nous continuerons d’intervenir sur la doctrine catholique chaque fois que nous le jugerons utile ; il faudra bien qu’elle s’y fasse !

(4) Sur ce point, nous sommes tout disposé à donner des indications complémentaires, si M. Férel le désire.
(5) Cf. le numéro 110.


Autre surprise. Nous avons pris connaissance d’une étude récemment rendue publique, intitulée : L’Agneau « mystique » ou l’alchimie dans la cathédrale.
Elle est très partielle, puisqu’elle traite uniquement du panneau central. Néanmoins, elle contient quelques lignes de nature à intéresser les lecteurs de Vers la Tradition.
Après avoir relevé le complémentarisme entre le principe « igné » représenté par l’Agneau et la « fontaine mercurielle » qui constitue l’axe du tableau, l’Auteur écrit :


  • « Cette profonde continuité de traditions si diverses en apparence ne peut évidemment s’affirmer que dans un contexte initiatique, c’est-à-dire avec la plus grande discrétion. Et c’est précisément le cas de la tradition hermétique, intégrée dans l’ésotérisme chrétien, et dont la chaîne d’or ne s’est jamais rompue... Il existe dans le tableau un personnage qui s’en porte garant : c’est Virgile, qui y figure à l’avant-plan, mis en évidence par le grand manteau blanc, habit distinctif des Pythagoriciens, puis des Templiers cisterciens. Ce “païen” revêt ainsi dans le christianisme une fonction de Médiateur, littéralement canonique, comme l’est celle des Sibylles, également présentes dans les panneaux latéraux, à égalité avec deux prophètes hébreux. « La vraie raison de la présence du poète tient dans sa fonction de Vates, prophète chargé de transmettre à l’Occident les doctrines primordiales, conservées notamment par le pythagorisme historique ; et, comme le montre le tableau, c’est lui qui incarne le lien assurant la secrète continuité des deux traditions... Le voici donc, seul vêtu du blanc manteau des Pythagoriciens et des Templiers, la tête couronnée de l’olivier d’Athèna. »

Qu’il nous soit permis d’ajouter que tout ceci est étroitement lié au symbolisme de la Toison d’Or, évoqué par René Guénon notamment au chapitre III de L’ésotérisme de Dante.

A. R. Y.

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